AP-HP, Institut Curie, réseau Unicancer…, ils étaient tous présents à l’ASCO 2023 (American Society of Clinical Oncology), grand rendez-vous qui se tient tous les ans à Chicago et qui réunit chercheurs et médecins oncologues du monde entier. Le but : présenter les avancées prometteuses en termes de traitements anti-cancer. Cette année, c’est, entre autres, un médicament contre un type de cancer du poumon, l'osimertinib (commercialisé sous le nom de Tagrisso®), développé par le laboratoire AstraZeneca, qui a attiré une attention certaine.
Un comprimé pour réduire de 51% le risque de décès dans des cancers du poumon
Se présentant sous la forme d’un comprimé, à prendre quotidiennement parfois en complément avec une chimiothérapie, ce traitement innovant cible un cancer dit « non à petites cellules » localisé de stade précoce et portant une mutation particulière : celle de la protéine EGFR qui, mutée, provoque une multiplication rapide des cellules tumorales. Il concernerait entre 10 à 20% des patients atteints de cancer du poumon en Europe et aux États-Unis, contre 30 à 40% en Asie. Selon un essai clinique réalisé sur 682 participants répartis dans deux groupes dont un recevant un placebo, le médicament pris après une opération pour enlever la tumeur a permis de réduire de 51% le risque de décès. Et au bout de cinq années, 88% des patients ayant pris le traitement étaient toujours vivants, contre 78% des patients ayant pris le placebo, a déclaré le laboratoire AstraZeneca dans un commniqué. Quant aux effets secondaires recensés, ils incluent une grande fatigue, des rougeurs cutanées ou des diarrhées.
Ces données sont « impressionnantes », a déclaré dans un communiqué Roy Herbst, de l'université Yale, qui les a présentées à Chicago. Le médicament permet « d'empêcher la maladie de se propager au cerveau, au foie et aux os », a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse. L'osimertinib fait déjà l’objet d’une autorisation dans des dizaines de pays mais n’a pas encore été adopté par les médecins, qui attendaient les résultats de l’essai clinique. Demeure la nécessité de dépister les patients afin de déterminer s’ils présentent la mutation ciblée ; dans le cas contraire, ce nouveau traitement ne peut pas être utilisé, a précisé Roy Herbst. Le cancer du poumon est actuellement celui qui cause le plus de décès dans le monde, avec environ 1,8 million de morts chaque année.
Un traitement oral pour bloquer la progression de tumeurs cérébrales
Autre avancée présentée lors de l’ASCO, développée cette fois par Servier : un médicament, reposant là encore sur une administration quotidienne et orale, qui enraye la progression d’un certain type de tumeur cérébrale en bloquant l’activité d’une enzyme. Le vorasidénib a, selon les données d’un essai clinique de phase 3, amélioré la survie sans progression chez les patients atteints d’un gliome. « Il y avait eu peu d'avancées thérapeutiques en 20 ans dans les tumeurs cérébrales », a pointé à l'AFP Patrick Therasse, vice-président pour les produits de développement en oncologie au stade les plus avancés chez Servier. « Grâce à notre thérapie ciblée, les patients ont évité une progression du cancer, pendant 27,7 mois, contre 11,1 mois pour le placebo », a-t-il défendu.
Hormonothérapie et conjugaison d'anticorps contre les cancers féminins
Les traitements des cancers plus spécifiques aux femmes font également l’objet d’avancée. Un traitement testé contre le cancer du sein de stade précoce, le ribociclib de Novartis, déjà utilisé en hormonothérapie contre le cancer du sein le plus courant à un stade avancé, a notamment démontré une réduction du risque de récidive de 25% selon les résultats préliminaires d’un essai clinique. Et côté cancers des ovaires, dont la survie à 5 ans, pour certains, est moins de 20% et la récidive fréquente, c’est un traitement avec des anticorps conjugués qui semble faire ses preuves : suite à un essai clinique de phase 3, il a démontré une amélioration significative de la survie.
Cette édition de l’ASCO, outre les avancées thérapeutiques présentées, illustre surtout une tendance dans la recherche dans la lutte contre le cancer à explorer deux stratégies remettant en cause l’idée de traitements standardisés pour tous les patients : l’administration de traitements innovants à des patients atteints de cancers précoces et localisés, et la personnalisation des thérapies en fonction des profils des tumeurs (mutations). Soit une médecine de précision qui pourrait permettre de débloquer des situations jugés jusque-là catastrophiques.
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