Selon les projections, les effectifs augmenteraient de 37%, pour atteindre 821 000 d’ici 25 ans, à condition que se poursuivent les « politiques de formation en vigueur » et les comportements actuels.
Une forte hausse des effectifs...
Entre 2013 et 2021, le nombre d’infirmiers en emploi a augmenté de 8%, soit 600 000 professionnels, et ce « dans chacun des modes d’exercice, particulièrement en libéral » : +29%, contre +7% en salariat, estime la Drees dans son document, publié ce jeudi 5 décembre. « L’hôpital public reste le mode d’exercice le plus fréquent, avec près de la moitié des infirmiers y travaillant en 2021 (47 %, après 49 % en 2013) ». Suivent l’activité libérale (16% en 2021, contre 14% en 2013), puis l’exercice en structure privée (16% en 2021 et 2013). Et entre ces deux dates, la population infirmière a cru plus rapidement que la population française (+8% contre +3%), pour une densité de 889 professionnels pour 100 000 habitants.
Si les tendances se maintiennent, l’exercice libéral pourrait augmenter de 75%, pour un nombre d’infirmiers libéraux (IDEL) estimé à 173 000 en 2050 (contre 99 000 en 2021). A contrario, le mode d’exercice à l’hôpital public ne progresserait que de 15%, entraînant une diminution de 7% de leur part dans les effectifs totaux. « La part des infirmiers hospitaliers occupant encore cette profession à l’hôpital dix ans après le début de leur carrière décline depuis de nombreuses années », remarque-t-elle. 60 % des infirmiers hospitaliers qui ont commencé leur carrière entre 1990 et 1994 travaillaient toujours à l’hôpital dix ans après le début de leur carrière, mais seulement 50 % de celles ayant commencé vingt ans plus tard.
... mais toujours insuffisante face aux besoins
Pour autant, et même si la croissance des effectifs infirmiers demeurait plus dynamique que celle de la population générale – « Leur densité serait ainsi en hausse de 34 %, pour s’établir à 1 186 infirmiers pour 100 000 habitants » – , cette forte hausse des effectifs ne s’avèrerait pas suffisante. « Ces chiffres ne traduisent cependant pas forcément une meilleure « couverture des besoins en soins infirmiers » », prévient en effet la Drees. En cause : le vieillissement de la population, qui implique une plus forte demande en soins. Les 60 ans et plus concentrent ainsi 84% de la consommation en soins infirmiers, alors qu’ils ne représentent encore que 27% de la population. Or, d’ici 2050, l’âge moyen augmentera de 3 ans (pour atteindre 45 ans), avec une part des 60 ans et plus en hausse de 6 points. « Les besoins en soins infirmiers s’accroîtraient de 50 % entre 2021 et 2050 ». Soit bien plus que les 37% d’augmentation des effectifs infirmiers. « Ainsi, la densité standardisée continuerait de baisser, de 9 % au cours de la période ; en 2021, on comptait 885 infirmiers pour 100 000 habitants, elles seraient 807 en 2050 », souligne le document. Pour assurer le maintien d’une même couverture en soins, il faudrait que le nombre d’infirmiers croisse plutôt de 50%. En janvier 2024, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) notait déjà que la profession infirmière faisait partie des métiers les plus en tension.
Formation et attractivité comme leviers à mobiliser
Pour relever les effectifs au cours des 25 prochaines années, la Drees identifie plusieurs leviers, à commencer par une augmentation supérieure à 10% aux prévisions du nombre de diplômés. « S’il y avait 31 900 diplômés par an (au lieu de 29 000 dans le scénario tendanciel), cela conduirait à une hausse de 47 % des effectifs en trente ans », contre les 37% attendus, estime-t-elle. Et pour atteindre les 50%, ce sont 3 900 diplômés supplémentaires chaque année qui seraient nécessaires. Un tel scénario permettrait ainsi de parvenir à 901 000 infirmiers en 2050. Autre levier à activer : une amélioration de l’attractivité de la formation, ne serait-ce que pour maintenir les quotas actuels en formation, puis pour assurer la rétention des professionnels. Enfin, la Drees souligne les impacts de l’évolution plus que probable des compétences infirmières : un élargissement des fonctions « permettrait d’accroître la prise en charge des patients, mais pourrait faire fléchir l’offre de soins infirmiers », telle qu’elle existe actuellement.
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