C'est un nouveau coup de semonce au gouvernement qu'a lancé la Conférence nationale de psychiatrie de la fédération des personnels des services publics et des services de santé Force Ouvrière (FO) face à la situation du secteur de la psychiatrie. Dans un communiqué, elle dénonce les réponses inadaptées à la situation particulièrement tendue à laquelle elle est confrontée.
Un secteur en "déshérence"
En cause, les propos tenus par François Braun sur BFM TV le 22 juin dernier. Evoquant le décès de Carène Mezino, infirmière au CHU de Reims, suite à une attaque au couteau, le ministre de la Santé a proposé de mettre à disposition des téléphones d’appel d’urgence dans les établissements. Une proposition pour lutter contre les violences contre les soignants qui hérisse le syndicat, car elle tend à balayer les problématiques de manque de moyens et de ressources humaines au sein du secteur de la psychiatrie, particulièrement touché. « Le gouvernement est et reste déconnecté de la réalité du terrain et continue à vouloir proposer des solutions techniques minimalistes et esquiver les vrais problèmes », s’agace-t-il ainsi, jugeant les effectifs présents dans ce champ du soin « bien en-deçà » de ceux nécessaires à une bonne prise en charge des patients atteints de troubles psychiques ou psychiatriques.
La conférence note ainsi une « déshérence de la pédopsychiatrie dont les effectifs médicaux et paramédicaux ne permettent plus une prise en charge acceptable des enfants », soulignant que les délais d’attente dans certains départements pour une primo-consultation avec un pédopsychiatre oscille entre 9 et 24 mois. Quant à la psychiatrie adulte, « le manque de personnel et la fermeture de très nombreux lits ont des conséquences dramatiques sur la prise en charge des malades mentaux, livrés à eux-mêmes » et qui peuvent représenter un danger pour les soignants.
Un "plan Marshall" pour l'hôpital
Face à cette situation, la conférence réclame un « plan Marshall » pour l’hôpital, et donc pour la psychiatrie, incluant « des ratios soignants-soignés contraignants ». Autre priorité : mieux former certains personnels paramédicaux, dont les infirmiers, à la prise en charge de ces patients : « la réforme du diplôme d’infirmier en secteur psychiatrique est une nécessité absolue, mais également l’enseignement de la psychiatrie pour les aides-soignants qui est absent de leur cursus », défend-elle ainsi. Et de pointer du doigt la sélection par Parcoursup, jugée inadaptée, et d’exiger un retour à « une sélection qui se fasse sur la base de la rencontre et de l’évaluation des candidats par leurs pairs ».
Il s’agit également de poursuivre le recrutement de ces professionnels sur plusieurs années afin de permettre la réouverture de lits « qui manquent cruellement actuellement ». Enfin, au regard des agressions multiples contre les soignants, la conférence « revendique le versement de la prime de risque à tous les agents des établissements et des structures extra-hospitalières. » Le gouvernement, de son côté, planche sur un plan de lutte contre les violences faites aux soignants, nourri des retours et des 44 propositions soumises par la mission lancée en février dernier sur le sujet.
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