1. Contexte de l’étude
L’équipe médicale du poste de secours d’Abéché, intervenant dans le cadre du dispositif Épervier est constituée d’un médecin, d’un infirmier, d’un aide soignant et de 2 auxiliaires sanitaires.
Parallèlement à sa mission de soutien des forces, elle assure de très nombreuses consultations au profit de la population civile.
Parmi la trentaine de consultants quotidiens, on dénombre de nombreux brûlés.
2. Caractéristiques de ces brulures
- Ce sont essentiellement des accidents domestiques par le foyer de la cuisine, un liquide brûlant ou un produit inflammable (alcool à brûler, essence) ;
- Les enfants payent un lourd tribut et représentent la majorité de nos brûlés ;
- Les lésions sont vues avec retard et sont soit surinfectées soit cartonnées par application intempestive de bleu de méthylène (utilisé comme désinfectant) ;
- Elles sont souvent étendues.
3. Risques évolutifs
- Ils sont liés à l'étendue même de la brûlure et à sa profondeur avec risque de déshydratation, hyperthermie et création d’un 3ème secteur ;
- La surinfection peut en quelques jours entrainer une issue fatale sur des patients de petit poids ;
Brulure après nettoyage
- L’atteinte des muqueuses et des sphincters va rapidement avoir une évolution catastrophique et nécessite une prise en charge chirurgicale rapide ;
- L’atteinte des articulations peut entrainer des attitudes vicieuses en flexion avec limitation des amplitudes et raideurs ;
- Les brûlures profondes vont entrainer nécroses et brides nécessitant des incisions de décharges.
4. Conduite à tenir pratique
- Surveillance de la température et mise sous antibiothérapie à large spectre dés qu’elle dépasse 38,5° (association péni-flagyl) ;
- Nettoyage à l’Hibiscrub®, rinçage puis séchage ;
- Application de Flammazine® et couverture par Jelonet®, puis, après détersion des zones brûlées, alternance avec Biafine® pour nourrir l’épiderme ;
- Pose d’attelle pour corriger les attitudes vicieuses en flexion.
Pose d’attelle
5. Conclusion
Ces patients vont nécessiter de longues semaines de traitement à raison de soins tous les 2 jours, et en cas de brûlures du 3ème degré il sera obligatoire de passer par le chirurgien pour les interventions de débridement dans un premier temps puis de greffe de peau dans un second temps.
S’agissant de patients jeunes le plus souvent donc de faible poids et fragiles, le risque infectieux est omniprésent dans un environnement où ils sont laissés à eux-mêmes.
La responsabilisation du milieu familial est indispensable mais s’avère illusoire (plusieurs membres d’une fratrie victimes de brûlures domestiques à quelques jours d’intervalle).
Webographie
Docteur Christian Pelletier