Le coût de la prévention des escarres est très inférieur aux coûts réels de leur traitement montre une analyse efficacité/coût en matière de prise en charge des escarres réalisée par l'hôpital de Domme (Dordogne) présentée le 23 novembre 2011 lors d'un colloque sur la sécurité du patient.
L'hôpital de Domme de 193 lits a mené conjointement avec le comité de coordination de l'évaluation clinique et de la qualité en Aquitaine (CCECQA) une analyse efficacité/coût en matière de prise en charge des escarres dans un double objectif : améliorer la qualité des soins pour des patients âgés en réduisant la fréquence des escarres et évaluer le coût de la prise en charge des escarres.
L'audit pluridisciplinaire "a été mené par une analyse de 30 dossiers de patients tirés au sort parmi les patients représentatifs", a expliqué Sylvie Merlhiot, praticien hospitalier de l'hôpital de Domme.
- Sur le premier objectif, l'audit a montré que "les patients à risque d'escarre étaient identifiés ainsi que leurs facteurs de risques" par les professionnels de santé formés à la problématique des escarres. Ainsi, "une nouvelle réévaluation du risque est réalisée à chaque changement d'état du patient" et "l'équilibre nutritionnel du patient est adapté", a indiqué Sylvie Merlhiot.
Les résultats de ce premier objectif sont évalués à travers un indicateur, le taux de prévalence des escarres. L'audit a souligné que "le taux de prévalence en 2008 était de 5,17% pour 1,65% en 2011 soit deux escarres pour tout l'établissement".
- Sur le deuxième objectif, l'audit a comparé les coûts réels de la prévention aux coûts réels du traitement des escarres. Les "coûts réels du traitement d'une escarre non infectée [sont] de 23,03 euros par jour, d'une escarre infectée par une bactérie multirésistante de 75,62 euros par jour et le coût des mesures de prévention du risque d'escarres [est] de 3,42 euros par jour".
Pour le calcul des coûts, Sylvie Merlhiot a précisé qu'ils étaient des "coûts réels" englobant "le coût en temps du personnel, le coût des médicaments, le coût des pansements, le coût de la location du matériel spécifique pour les patients ayant des escarres".
La lutte contre les escarres est donc intéressante financièrement car moins d'escarres se traduisent par moins de surinfections. Cependant, Sylvie Merlhiot a souligné que "la prévention n'était pas un acte cotant" et que paradoxalement "l'acquisition d'escarre lors d'un séjour entraîne une augmentation de la durée d'hospitalisation et de la comorbidité et donc une valorisation PMSI [programme de médicalisation des systèmes d'information] plus importante".
Syvie Merlhiot a conclu son intervention par une interrogation: "Mais jusqu'à quand pourrons-nous poursuivre?". Si les résultats positifs sont stimulants pour les équipes soignantes, cette action "a été menée sans aide financière supplémentaire avec pour seule motivation le bien-être des patients", a-t-elle pointé.