Il y a eu les «Monologues du vagin», manifeste féministe culte, il y a désormais «Ménopause, la comédie qui bouscule les règles». La pièce, à l'affiche du Grand Point Virgule à Paris jusqu'au 29 septembre, réunit quatre quinquagénaires aux styles de vie opposés qui partage cette expérience. Créée aux Etats-Unis, elle a été traduite et adaptée par l'humoriste et animateur Alex Goude et la dramaturge et comédienne Alexandra Cismondi. A l'affiche une première fois du Théâtre de la Madeleine en 2019, «Ménopause» revient dans une version actualisée par le mouvement #MeToo et la question du consentement.
Actrice en mal de rôles, mère de famille nombreuse, cheffe d'entreprise surmenée et baba-cool adepte du tantrisme, les quatre personnages, incarnés par Dominique Magloire, Marion Posta, Marianne Viguès et Patricia Samuel, dissertent de façon débridée et pleine d'autodérision sur leurs états d'âme et les effets secondaires qui bouleversent leur quotidien. «Pourquoi personne ne nous a prévenues quand nous étions encore fraiches et fringantes ? On aurait beaucoup plus profité de la vie», ironise l'une d'elles.
«Plus on en parlera et moins ce sera tabou!»
«Plus on en parlera et moins ce sera tabou!», estime Alexandra Cismondi, la co-autrice. «La ménopause, c'est un peu l'adolescence inversée, confrontée en plus aux diktats sociétaux qui peuvent mener certaines femmes à la dépression. La condition physique est modifiée, le corps change».
«Pour cette adaptation française, j'ai apporté ma vision féminine en injectant tout ce que je savais de la ménopause. J'ai questionné ma mère qui avait beaucoup souffert de cette étape et d'autres femmes de son entourage», ajoute Alexandra Cismondi, à la tête de la compagnie de théâtre contemporain Vertiges, qui a signé plusieurs pièces sur la condition féminine, notamment pour le Théâtre Paris-Villette.
Pour l'autre auteur, Alex Goude, conscient «qu'on ne l'attend pas sur un tel sujet», «le défi était intéressant à relever en faisant sauter par le rire le tabou de la ménopause». «J'ai interviewé une cinquantaine de femmes et des médecins spécialisés pour bien m'approprier le sujet», ajoute-t-il, confiant que la pièce a été compliquée à monter : «trouver un producteur sur un tel sujet n'a pas été simple et beaucoup de comédiennes ont refusé, me raccrochant parfois au nez». «Le plus touchant est que des spectatrices venues une première fois avec leurs copines reviennent avec leurs maris. Tous en ressortent différents», estime Alex Goude, qui envisage la suite logique de cet exercice de dédramatisation : l'andropause, pendant masculin de la ménopause.