Cette fiction familiale autour de la maladie mentale, nourrie de l’histoire personnelle de sa réalisatrice Véro Cratzborn, n’a qu’une vocation : réhabiliter la notion de famille et de parentalité. Montrer un champ des possibles où tout n’est pas si sombre. Que dans l’esprit d’un enfant, d’un adolescent, un père "malade" reste avant tout un père, tout comme il reste un mari, un homme. Ou comment sublimer l’humanité de la folie, tout simplement. "La forêt de mon père", en salle le 8 juillet 2020.
Ils savent se tenir chaud, nichés dans les arbres ou pelotonnés tous ensemble parce qu’ils ne font qu’un. Ils s’aiment d’un amour indéfectible, père, mère, enfants et se soutiennent dans l’adversité. L’adversité de la maladie mentale qui frappe le père, Jimmy. Mais avant de sombrer dans la "folie furieuse, celle qui balaie tout, qui emporte avec elle toute rationalité, normalité, faisabilité, il y a cette douce folie du père, aimant, créatif, pédagogue, fantasque. Il grimpe dans les arbres avec son aînée, Gina, adolescente de 15 ans, qui lui voue une admiration sans bornes et un amour tout aussi infini, minimisant tout ce qu‘elle considère comme des excentricités. Là-haut, "perchés", ils sont invincibles parce que "hors sol", pendant que les deux plus petits, Tony et Nora, se cachent pour mieux exister. Voler du bois n’est pas si grave. Il y a aussi ces moments privilégiés, quasi magiques où, à l’heure des étoiles, il conduit ses enfants dans la forêt, parce que c’est beau, même s’il les oublie ensuite, en pleine nuit, inconscient du danger.
Montrer la folie à "hauteur de la famille"
Il y a aussi une mère, une épouse, une femme, Carole qui, tant bien que mal, souvent dépassée, gère la nichée, elle aussi grisée par cet homme si beau et si puissant, mais que l’on sent éreintée parce que garante d’un secret qu’elle ne peut partager, celui de la psychose dont souffre son mari. Jusqu’au jour où… Il lui faut maintenant du courage pour agir, bien que dévastée, culpabilisée, et demander l’internement
. Il lui faut composer et dire des mots à des enfants qui ne les comprennent pas, refusent de les entendre, luttent et se rebellent car il faut sauver le père. L’hôpital psychiatrique, ultime ressource pour contenir la crise. L’hôpital psychiatrique muet devant le questionnement sans fin d’une famille destructurée, aux abois, douloureuse, parce que sectionnée dans son unité, dans son bonheur d’exister et empêchée dans la construction de son futur.
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Pour Gina, la forêt de son père est le lieu de tous les refuges et de toutes les fuites...
Réhabiliter la notion de famille et de parentalité
"La forêt de mon père", film intimiste et lumineux, privilégie l’esthétisme à la laideur de la maladie mentale si souvent montrée pour la stigmatiser plus encore. Un sujet complexe et douloureux, souvent tabou, avec lequel la réalisatrice Véro Cratzborn a appris à composer depuis son enfance, fillette qui a dû se construire dans une histoire complexe où la prise de conscience entre normalité et folie a accompagné ses rêves d’enfant et ceux de la fratrie toute entière.
Filmée de jour, elle est belle la forêt de son père, puissante et protectrice, bercée par le vent, qui la fait onduler dans une douce mélopée naturelle. Quand la nuit se fait noire, elle devient inquiétante, se peuple d’ombres, et fait vaciller les esprits. La forêt de son père, toute aussi douce et tendre, que touffue et labyrinthique.
Cette fiction familiale autour de la maladie mentale, nourrie d’une histoire personnelle, n’a qu’une vocation : réhabiliter la notion de famille et de parentalité. Montrer un champ des possibles où tout n’est pas si sombre ni condamné à jamais. Que dans l’esprit d’un enfant, d’un adolescent, un père « malade » reste avant tout un père, tout comme il reste un mari, un homme. Ou comment sublimer l’humanité de la folie, tout simplement.
« Dans la forêt de mon père » un film des Vero Cratzborn, avec Léonie Souchaud, Ludivine Sagnier et Alban Lenoir, 1h31, drame, en salle le 8 juillet 2020.
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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