Une finalité : libérer du temps médical aux urgences et réduire l’attente des patients. Le moyen : un protocole de coopération validé par arrêté du 6 mars 2020 et publié au Journal Officiel le 10 mars qui autorise les infirmiers à effectuer des sutures de plaies simples en lieu et place d’un médecin. Ce protocole est déjà opérationnel en région Auvergne-Rhône Alpes. Explications.
Les objectifs de ce protocole de coopération entre infirmiers et médecins en service d’urgence est clair. Pour le patient, il s’agit de diminuer l’attente liée à la disponibilité du médecin urgentiste et par voie de conséquence diminuer également l’attente pour les autres patients. Pour le délégant (le médecin urgentiste), il s’agit de diminuer le nombre de sollicitation pour ce type d’acte et donc de libérer du temps médical.
Quels sont les patients concernés et avec quels critères d’inclusion ?
L’inclusion dans le protocole dépend de l’examen clinique du délégant qui décide de la prescription de la suture. Tous les patients adultes et enfants, quel que soit leur âge, présentant une plaie simple (cf. encadré ci-dessous) sont concernés. Une attention particulière est cependant portée sur la délégation de la réalisation de la suture chez les petits enfants. Pour les patients, un consentement est nécessaire après avoir été informés du protocole. Autre caractéristique importante, ils ne doivent pas souffrir de maladie chronique, être agité ou manifester la moindre agressivité.
A quoi correspond une plaie simple ?
- Une plaie peu profonde (sans atteinte des tissus sous-jacents, tendons, aponévrose, vaisseaux)
- une plaie linéaire ou en S, sans perte de substance, saignant peu ou pas
- de taille inférieure à celle de la paume de la main
- à distance d’un orifice naturel
- peu ou pas souillée
- non délabrante
La présence d’un ou plusieurs critères exclus de la définition de la plaie simple conduit le patient à sortir du protocole de coopération. Les plaies causées par arme blanche ou arme à feu, en étoile avec de multiples lambeaux, avec présence de corps étrangers, siégeant au visage... sont écartées de ce protocole.
Quid de l’infirmier
Avant toute délégation de tâche, l’infirmier diplômé d’État (le délégué) doit justifier d’une année d’expérience aux urgences et suivre une formation théorique de 5 heures (par le médecin) doublée d’un stage pratique de 3 heures (formation par le médecin sur matériel pédagogique adapté mobilisant les trois techniques : colle, fils, agrafes) avec un contrôle des compétences et des connaissances lors des 10 premiers gestes. L’infirmier doit acquérir plusieurs compétences en matière de sutures : par points simples, avec colle ou agrafes. Il doit également savoir réaliser une anesthésie locale et réaliser le geste dans les conditions d’asepsies conformes et adaptées à la situation clinique.
En préalable à toute situation pouvant relever du protocole, l’infirmier évalue la douleur induite par le traumatisme et par la plaie, remonte les antécédents allergique du patient, son risque hémorragique. Le médecin évalue à son tour la plaie, s’assure que le patient répond bien aux critères d’inclusion, prescrit une analgésie si nécessaire et pose l’indication de la suture et de la technique à utiliser par l’infirmier.
L’IDE vérifie le statut vaccinal antitétanique, administre l’anesthésie locale, réalise la suture comme déterminée, en rend compte dans le dossier de soins informatisé, rédige l’ordonnance de sortie. Soulignons que la réalisation des sutures s’effectue dans une salle adaptée des urgences qui dispose du matériel nécessaire à cet effet et à la traçabilité du soin sur le dossier médical. Le délégant doit être joignable à tout moment.
Ce protocole de coopération fera l’objet d’une évaluation au fil du temps (bilan mensuel) par le biais d’indicateurs qui mesureront l’activité réalisée, la qualité et la sécurité de la prise en charge : processus, résultats et satisfaction des acteurs, impact organisationnel et socio-économique.
• Arrêté du 6 mars 2020 relatif à l'autorisation du protocole de coopération Réalisation de sutures de plaies simples par un infirmier en lieu et place d'un médecin
- JORF n°0059 du 10 mars 2020 - texte n° 14
• Avis n° 2020.0009/AC/SA3P du 29 janvier 2020 du collège de la Haute Autorité de santé relatif au protocole de coopération Réalisation de sutures de plaies simples par un infirmier en lieu et place du médecin
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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