Près de 400 professionnels de santé ont été formés cet été dans le cadre de l'expérience pilote de sensibilisation des soignants au repérage, à l'évaluation, à la prise en charge et au suivi de la douleur des personnes âgées organisée en Auvergne, a indiqué à APM Santé le chef du bureau maladies chroniques, enfants et vieillissement de la Direction générale de la santé (DGS), le Dr Carole Cretin.
D'après les données disponibles, qui restent relativement peu précises, 25% à 50% des personnes âgées vivant à domicile et 50% à 93% des seniors vivant en institution seraient confrontés à des douleurs chroniques. Pourtant, ces douleurs restent trop souvent sous-évaluées et insuffisamment traitées, notamment parce qu'elles se manifestent généralement de façon atypique dans la population gériatrique (anorexie, mutisme, confusion...).
Avec le vieillissement de la population, cette problématique relève désormais de la santé publique et, de fait, cette initiative destinée à améliorer la prise en charge de la douleur des personnes âgées s'inscrit notamment dans le cadre de la loi de santé publique du 9 août 2004, de la loi sur les droits des malades et la fin de vie du 22 avril 2005 ainsi que du troisième plan national de lutte contre la douleur 2006-2010. En effet, ont notamment été élevées au rang de priorités dans le cadre de ce programme quinquennal la prise en charge de la douleur au sein des populations les plus vulnérables (enfants, personnes handicapées, âgées ou en fin de vie) et la formation pratique initiale et continue des professionnels de santé.
Développée par la DGS, en lien avec la Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos), la Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG) et la Société française d'étude et de traitement de la douleur (SFETD), cette action, financée dans le cadre du plan douleur, a été relayée par l'ensemble des Comités de lutte contre la douleur (Clud) des établissements de santé auvergnats.
Entre mai et juillet, les Clud de la région ont organisé douze réunions d'une demi-journée "décentralisées" dans les différentes villes des quatre départements de la région (Allier, Cantal, Haute-Loire, Puy-de-Dôme) de façon à proposer une réponse "au plus près des besoins de formation", a expliqué Carole Cretin à APM Santé.
Au total, 380 personnes ont suivi ces séances de formation, organisées selon la stratégie d'échange des savoirs et des pratiques. Parmi les participants figuraient à la fois des personnels des établissements de santé et des établissements sociaux et médico-sociaux -comme les Etablissements hébergeant des personnes âgées dépendantes (Ehpad) et les établissements assurant l’hébergement et la prise en charge des personnes handicapées- ainsi que des étudiants des Instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi), s'est-elle félicité.
Tous les professionnels ayant participé à ces formations ont reçu un "kit d'évaluation et de diagnostic de la douleur" réunissant différents outils d'aide à l'évaluation et la prise en charge de la douleur adaptés aux personnes âgées : une échelle visuelle analogique (EVA) rédigée en caractères de grande taille pour rester lisible pour les personnes présentant une acuité visuelle réduite, deux échelles comportementales de la douleur chez la personne âgée (ECPA et Doloplus) permettant une hétéro-évaluation pour les seniors non communicants, mais aussi des carnets de suivi de la douleur ou des fiches d'aide à la prise de décision thérapeutique. Soit autant d'outils conçus pour sensibiliser les professionnels de santé à l'importance de la lutte contre la douleur dans la population gériatrique et lutter contre l'idée reçue selon laquelle "ça prend trop de temps".
Le premier bilan, "plutôt qualitatif" réalisé fin septembre, a montré que "ces outils ont été bien accueillis par les professionnels de la douleur et de la gériatrie", qui se sont également montrés "satisfaits de la formation", a indiqué Carole Cretin. Plus concrètement, l'intérêt des participants s'est par exemple manifesté par de nombreux "appels téléphoniques aux Clud pour demande de l'aide pour mettre en place" une véritable démarche de prise en charge de la douleur dans les établissements.
Une nouvelle enquête devrait être organisée à la fin de l'année pour déterminer le nombre total de personnes formées dans la région ainsi que pour préciser l'impact de cette initiative (en observant par exemple si les items "douleur" sont bien renseignés dans les dossiers des patients, permettant ainsi de développer une "traçabilité" de la douleur). En effet, après cette formation, "charge aux équipes d'inscrire cette problématique dans le projet d'établissement et/ou le projet de soins", a souligné Carole Cretin. Si les résultats de cette évaluation apparaissent positifs, l'expérience sera généralisée à l'ensemble du territoire français en 2007.
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