Les services d'accueil des urgences (SAU) ont un rôle central à jouer dans l'amélioration de la santé mentale en France, avec la prise en charge des suicidants et psychotraumatisés, selon le Dr Nicolas Dantchev, intervenant jeudi lors des 2èmes rencontres parlementaires sur la santé mentale.
A l'occasion d'une table ronde entre parlementaires et psychiatres présidée par Michèle Delaunay, membre de la commission des affaires sociales à l'Assemblée nationale, le Dr Nicolas Dantchev, responsable de l'unité psychiatrie de l'Hôtel-Dieu (AP-HP) a rappelé "le rôle central des SAU dans la prise en charge de la santé mentale", en soulignant qu'ils étaient le "lieu de premier contact avec la psychiatrie pour 50% des cas en France".
"L'amélioration des soins en santé mentale en France dépendra de la qualité de cette première réponse psychiatrique. Il convient donc de renforcer la pluridisciplinarité des SAU, de développer le travail en réseau des professionnels de la psychiatrie avec les urgentistes et d'organiser des filières efficientes de prise en charge en aval des SAU", a-t-il recommandé.
Rappelant par ailleurs que "la moitié des suicidants présentaient une maladie mentale", le praticien hospitalier a souligné que la qualité de la prise en charge de ces patients aux urgences pouvait permettre de prévenir la récidive en orientant vers des structures adaptées.
"Plus de 160.000 personnes sur les 200.000 tentant de se suicider chaque année sont accueillies aux urgences, un tiers d'entre elles sont ensuite hospitalisées en psychiatrie", a-t-il indiqué, soulignant toutefois "que les SAU rencontraient d'énormes difficultés d'orientation pour les deux tiers de suicidants non-hospitalisés dans ces services".
"Il existe de fortes inégalités entre les centres médico-psychologiques et certains secteurs de psychiatrie sont complètement sinistrés. Avant d'obtenir un rendez-vous dans une structure adaptée, il peut s'écouler plusieurs mois, notamment en Ile-de-France. Le cas m'a été rapporté de patients devant écrire une lettre de motivation pour obtenir un rendez-vous", a-t-il poursuivi.
INFLATION DES DEMANDES DE SOINS POUR PSYCHOTRAUMATISME
Le psychiatre a ensuite abordé la prise en charge des victimes de psychotraumatismes traités en premier lieu dans les services d'urgences, comme les centres d'urgence médico-psychologiques (CUMP), en cas d'agression sexuelle par exemple.
"Si certains psychotraumatismes sont 'reconnus' et pris en charge dans les CUMP, d'autres restent isolés ou ignorés, notamment ceux résultant d'accidents ou de conditions de vie précaires", a-t-il souligné.
Il a par ailleurs évoqué une "réelle inflation des demandes de soins" pour psychotraumatisme avec des prises en charge pour des complications liées, comme la dépression ou les addictions.
"Les états de stress post-traumatique, initialement liés à un évènement (agression, viol, attentat...), se retrouvent aujourd'hui de plus en plus diagnostiqués dans des cas chroniques, comme le stress prolongé dans le cadre du travail par exemple", a-t-il ajouté.
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