Laurent Druais, le fils de la patiente décédée suite à un acte d'euthanasie pratiqué par une infirmière et une généraliste, a affirmé mercredi matin, lors de la troisième journée de procès, que sa mère lui avait demandé de l'aider à mourir.
Laurence Tramois et Chantal Chanel sont les deux accusées de ce procès qui se déroule depuis lundi devant la cour d'assises de Périgueux, rappelle-t-on.
Laurent Druais et sa compagne, Sophie Tramois, qui est également la soeur de Laurence Tramois, ont tous les deux décrit avec douleur et émotion les derniers jours de Paulette Druais, la patiente, atteinte d'un cancer du pancréas en phase terminale et décédée le 25 août 2003 à l'hôpital de Saint-Astier (Dordogne).
Comme son père, qui a témoigné mardi , Laurent Druais, le fils de Paulette Druais, n'a pas souhaité porter plainte, ni se porter partie civile. Il a commencé par dire aux juges qu'il trouvait "odieux" ce qu'on faisait subir à sa famille, à Chantal Chanel et à Laurence Tramois. "Ce ne sont pas deux accusées mais deux victimes. Elles n'ont rien à faire" ici, a-t-il lancé dans une déclaration très courte.
Interrogé par le président de la cour d'assises sur la volonté de sa mère d'être aidée à mourir, il a confirmé qu'elle lui avait dit vers le 20 août qu'elle voulait en finir "avec ce calvaire" et qu'elle avait demandé qu'on l'aide. L'homme, qui paraissait accablé, a ajouté que sa mère avait également formulé cette demande à sa compagne Sophie Tramois et à une infirmière de l'hôpital de Saint-Astier.
Il a cependant reconnu qu'il n'avait jamais "abordé" le thème de l'euthanasie avec sa mère. Il a également exprimé la "très grande détresse" qu'il éprouvait lorsque l'état de sa mère s'est dégradé et a souligné l'horreur de voir "les excréments sortir de sa bouche".
"Quand ma mère est morte, c'était un énorme soulagement", a-t-il ajouté, précisant que sa compagne avait passé les onze dernières nuits au chevet de sa mère alors que lui-même souffrait d'un problème à la tyroïde et devait se faire opérer en septembre [2003">.
Il a également estimé qu'à partir du moment où sa mère avait offert, en avance, à sa petite-fille son cadeau d'anniversaire, le 18 août, elle avait cessé "de se battre". "Elle ne souhaitait plus que je vienne avec ma fille dans le souci de la préserver", a-t-il ajouté. "Elle avait aussi choisi ses habits" et donné plusieurs indications pour le jour de sa mort, notamment sur sa coiffure, a-t-il relaté.
Sa compagne, Sophie Tramois, également aide-soignante à l'hôpital Saint-Astier et soeur de l'accusée Laurence Tramois, a confirmé les propos de son compagnon. Très émue, elle a expliqué que Paulette Druais avait également exprimé son désir d'en finir à une infirmière du service. Elle a précisé qu'elle en avait discuté avec cette infirmière qui lui avait dit qu'elle en parlerait au médecin. "Quelque part, ce jour-là, c'est comme s'il y avait eu un accord. On était tous sur la même longueur d'ondes", a-t-elle lancé.
La jeune femme âgée de 33 ans a poursuivi en pleurs évoquant également les détails sur l'état de santé dégradé dans lequel se trouvait Paulette Druais, qu'elle considérait comme "[s">a maman". Après un long silence, elle s'est reprise pour dire: "Je pense que Paulette attendait notre accord. Le 25 août, nous lui avons dit 'on est prêts maintenant'".
Interrogée par le président de la cour d'assises sur le fait que sa soeur n'ait pas parlé de l'acte d'euthanasie avec elle ou la famille, Sophie Tramois a répondu: "Je connais ma soeur. Elle a voulu nous protéger, c'est pour cela qu'elle ne nous l'a pas dit".
Sur la soirée du 25 août, l'aide-soignante a reconnu qu'elle avait compris ce qui se passait au moment où elle a su qu'il y avait une nouvelle prescription. Elle a pourtant affirmé qu'elle ne savait pas qu'il y avait du chlorure de potassium dans la perfusion. "Pour moi, c'était la morphine qui allait l'aider à mourir", a-t-elle assuré.
Elle a ajouté, en essuyant ses larmes: "quand j'ai compris, je me suis dit que Laurence ne faisait pas partie de ces médecins qui ferment la porte (.), laissant les patients dans l'enfer".
Interrogée sur le fait qu'elle ait pris l'initiative de retirer la perfusion avant que la famille de la patiente n'arrive, elle a expliqué qu'elle ne "supportait pas de la voir avec tous ses tuyaux" et qu'elle voulait "qu'elle soit belle".
Elle a terminé en déclarant qu'elle ne pardonnerait jamais aux personnes "qui ont envoyé le rapport", ajoutant effondrée et en sanglots qu'elle faisait souvent des cauchemars du "corps rapiécé" de sa belle-mère sur la table d'autopsie.
IL NE LUI RESTAIT QUE QUELQUES HEURES A VIVRE, SELON UN EXPERT
Interrogé par un des juges, Bernard Camiade, médecin légiste chargé d'éplucher le dossier médical de la patiente décédée, a estimé qu'il ne restait à Paulette Druais "plus que quelques heures" à vivre.
Il a également indiqué que Paulette Druais avait conscience qu'elle allait mourir et qu'elle montrait des signes de dépression et de douleur. Il a constaté à partir du 15 août 2003 une nette dégradation de son état avec "un syndrome dépressif très important".
Le 21 août, la patiente était atteinte de nausées, de vomissements et se trouvait dans un état fébrile, a-t-il expliqué, ajoutant que les soignants avaient noté dans son dossier médical qu'elle avait "dit vouloir aller dans l'au-delà".
Le procès, dont le verdict pourrait être rendu dès jeudi soir, devait reprendre mercredi après-midi avec l'audition de plusieurs autres membres du personnel de l'hôpital local de Saint-Astier.
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