Le Plan cancer 2 prévoit 730 millions d'euros supplémentaires à la lutte contre cette maladie entre 2009 et 2013, a annoncé lundi le président de la République, Nicolas Sarkozy, lors d'un déplacement à Marseille, au cours duquel ce plan a été dévoilé.
Dans son discours, prononcé après une visite à l'Institut Paoli-Calmettes, le président a révélé les mesures phares du deuxième Plan cancer, élaboré selon les recommandations du rapport Grünfeld, rendu public fin mars. Le chef de l'Etat était accompagné des ministres de la santé et de la recherche, Roselyne Bachelot et Valérie Pécresse.
Evoquant un "enjeu majeur pour notre pays", Nicolas Sarkozy s'est dit "déterminé à mettre les moyens" dans le Plan cancer 2009-13, annonçant une somme de 730 millions d'euros de dépenses nouvelles sur ces cinq années.
"C'est, dans le contexte actuel, un effort important consenti par l'Etat et l'assurance maladie, mais je n'ai pas le droit de faire des économies sur le dos des patients et de leur famille", a-t-il déclaré devant son auditoire du palais des congrès de Marseille.
Détaillant quelques mesures phares du nouveau plan, en matière de recherche, de soins, de prévention et d'accompagnement des patients, le président a en premier lieu évoqué la labellisation par l'Institut national du cancer (Inca) de cinq centres de recherche pluridisciplinaires, qui devront présenter "la masse critique de médecins, de patients, de chercheurs et d'équipements".
Ces sites devront "contribuer de manière décisive à accélérer le transfert des avancées de la recherche au bénéfice des patients", a considéré Nicolas Sarkozy, qui a assuré "ne pas opposer la recherche publique et la recherche fondamentale".
Ces sites, représentant "un facteur d'émulation pour la recherche", "seront encouragés à concourir, au plan mondial, à la réalisation d'essais cliniques précoces de nouveaux médicaments", a-t-il poursuivi. La participation des patients aux essais cliniques devra augmenter de 50% durant le plan.
Le président a insisté sur les facteurs environnementaux et comportementaux, "des risques émergents [qui sont] peut-être les risques de demain", thème qui bénéficiera de 15% du budget de la recherche.
En termes de médecins, Nicolas Sarkozy a déploré le "nombre insuffisant" d'oncologues, de radiothérapeutes et d'hématologues, dont il souhaite augmenter l'effectif de 20%, évoquant "un rattrapage ciblé" dans les régions en pénurie.
Réduire les inégalités sociales et régionales
Le président s'est ensuite penché sur la question des inégalités face au cancer -sociales et régionales-, une "situation inacceptable" et qui "met en jeu la cohésion de la nation". Cette question était particulièrement centrale dans le rapport Grünfeld, note-t-on.
Le président a ainsi souhaité une hausse de 15% du dépistage des cancers du sein et du côlon, voire de 50% dans les régions où la participation était la plus basse. "Je compte sur les agences régionales de santé [ARS] pour relever ce défi", a-t-il déclaré.
Le plan prévoit également une montée en puissance du dispositif d'annonce et du programme personnalisé de soins, dont doivent bénéficier "80% des patients" en 2013, alors que seule "une minorité" est actuellement concernée.
En termes de diagnostic et de traitement, Nicolas Sarkozy a annoncé l'installation de 74 IRM, dont 39 dans les 10 régions ayant la mortalité la plus élevée.
L'étude des inégalités doit selon lui s'accompagner d'un réseau de surveillance plus réactif. "Les Etats-Unis publient des données d'incidence et de décès estimées pour 2009. La France s'en tient encore aujourd'hui à des données de 2005 (...) comment voulez-vous que notre action contre le cancer soit efficace si nous passons notre temps à regarder la réalité dans le rétroviseur!", s'est-il exclamé.
"Je souhaite qu'en 2010 l'Institut de veille sanitaire [InVS] produise des données relatives à l'année 2007 et que nous puissions ensuite communiquer chaque année des informations de plus en plus récentes (...). Si les Américains le font, nous pouvons le faire", a ajouté le président.
Il est par ailleurs revenu sur la hausse de 6% du prix du tabac à compter du lundi 9 novembre, s'attachant à justifier ce chiffre face aux 10% évoqués dans un premier temps, auxquels Roselyne Bachelot était favorable.
"J'ai beaucoup réfléchi à cette question, j'ai beaucoup hésité", a-t-il assuré. Interpellant sa ministre de la santé, assise au premier rang, il l'a assurée qu'"une hausse de 6% en période d'inflation nulle, [était] une forte augmentation". Rappelant la question du pouvoir d'achat, il a qualifié cette mesure de "cohérente et équilibrée".
Nicolas Sarkozy a par ailleurs martelé son opposition à la vente de tabac sur internet et a défendu la mise en place d'avertissements visuels sur les paquets de cigarettes. Il a évoqué le remboursement des substituts nicotiniques, porté à 150 euros en 2010 pour les femmes enceintes et les bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU), contre 50 euros actuellement.
Outre la question de l'alcool, Nicolas Sarkozy a abordé la question de l'obésité et du sport, "un élément capital de la santé", proposant à Roselyne Bachelot, également ministre des sports, la mise en place d'une "journée nationale de l'activité physique".
La "vie après le cancer"
Le président a abordé la question de "la vie après le cancer" -soulevée aussi par le rapport Grünfeld-, appelant à "une vision décomplexée [de la maladie], une vision pleine d'espoir".
Le Plan cancer 2 prévoit en la matière la mise en place d'un "programme personnalisé de l'après-cancer", qui devra être proposé à "au moins 50% des patients" au cours du plan, a annoncé Nicolas Sarkozy. Ce programme devra impliquer l'infirmière coordinatrice des soins et le médecin traitant.
"Il offrira le suivi nécessaire et l'évaluation du risque de rechutes et de séquelles. Il prendra en compte les besoins de chacun en matière de surveillance médicale et de soutien psychologique et social", a indiqué le président, qui a également évoqué la nécessité de "renouveler" la convention Aeras (s'assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé).
Quant à la question du retour à l'emploi, sur laquelle la médecine du travail "doit être mobilisée", elle "doit être posée très tôt, dès la conception du programme personnalisé de l'après-cancer".
Son prédécesseur à l'Elysée, Jacques Chirac, "avait bien raison de lancer le premier Plan cancer", a considéré Nicolas Sarkozy. Ce deuxième Plan cancer, on en fera une réussite, et j'espère qu'il y en aura un troisième", a-t-il lancé, considérant que la question n'était "ni de droite ni de gauche".
Romain Loury
Paris, 3 novembre 2009 (APM)
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