Ouragan Katrina : le gouvernement américain organise l'aide médicale et redoute un risque infectieux

Après le passage de l'ouragan, les régions sinistrées se préparent à affronter un risque sanitaire en raison des eaux qui ont envahies les rues, salies par les déchets et les cadavres. Les inondations ont détruit les systèmes d'évacuation des eaux usées et pourraient avoir entraîné le déversement de produits chimiques toxiques et de produits agricoles dans les égouts.

A La Nouvelle Orléans, frappée lundi par Katrina, le niveau de l'eau commence à baisser, laissant la place à des départs d'incendie. Des milliers de rescapés, épuisés et affamés, attendaient jeudi leur évacuation alors que l'anarchie commence à régner en ville.

UN RISQUE ENCORE À DÉFINIR

Le risque sanitaire n'est pas encore clairement défini et il n'est pas utile d'envoyer du personnel soignant dans la précipitation car les ressources doivent être gérées sur le long terme comme "pour un marathon", a expliqué le directeur des Centers for Disease Control and Prevention (CDC), le Dr Julie Gerberding, jeudi lors d'une conférence de presse.

Vingt-quatre équipes de santé publique de vingt personnes chacune seront déployées afin de détecter l'émergence de maladies infectieuses et les surveiller, a-t-elle ajouté. Une cargaison de 8.000 doses de vaccin antitétanique a déjà été envoyée pour vacciner les personnes blessées, le plus souvent en essayant de réparer leur maison ou de récupérer leurs biens.

Les CDC et la Food and Drug Administration (FDA) se préparent également à un risque de maladies infectieuses véhiculées par les moustiques qui vont proliférer dans les eaux stagnantes. Les autorités craignent le choléra, la typhoïde, la fièvre West Nile ainsi que la déshydratation.

Les sites Internet de ces agences diffusent des fiches pratiques sur le risque de maladies liées à la consommation d'eau ou de nourriture souillées, sur l'utilisation des médicaments, produits biologiques ou dispositifs médicaux exposés aux inondations et aux températures élevées.

ÉTAT D'URGENCE SANITAIRE

Mercredi, le secrétaire à la santé, Mike Leavitt, a déclaré l'état d'urgence sanitaire pour les quatre Etats touchés par le cyclone Katrina (Louisiane, Alabama, Mississippi et Floride), ce qui permet de faciliter la mobilisation des différents services de santé et de sécurité sociale.

Le département de la Santé a envoyé 38 agents des services de santé publique et a commencé à constituer dans les Etats sinistrés 40 postes de secours avec 10.000 lits et 4.000 personnels médicaux, en plus du poste de 250 lits monté dans l'université de Louisiane à Bâton-Rouge pour les personnes qui ont fui La Nouvelle Orléans.

Un lot de 27 palettes de matériel médical de premier secours (pansements, stéthoscopes, kits de suture...) a été envoyé à ce poste médical et d'autres envois parviendront aux autres Etats dans les jours qui viennent. De nombreux laboratoires pharmaceutiques, américains ou non, annoncent par ailleurs actuellement des dons financiers ou en nature à destination des victimes de la catastrophe.

Le secrétariat à la Santé a également identifié 40.000 lits disponibles dans les hôpitaux sur l'ensemble du territoire américain.

Les dégâts causés sur le réseau d'électricité et les établissements sanitaires eux-mêmes menacent la vie de patients gravement malades par manque d'oxygène, d'insuline ou d'autres traitements.

En outre, à La Nouvelle Orléans des médecins du Charity Hospital se sont fait tirer dessus alors qu'ils essayaient d'évacuer un patient. Deux hôpitaux ont été attaqués à coups de barres de fer et avec des armes par des pillards en quête de médicaments et d'analgésiques (détournés de leur usage par les toxicomanes), a rapporté jeudi un pilote engagé dans les secours.

Les autorités américaines ne peuvent toujours pas chiffrer précisément le nombre des victimes mais estiment que l'ouragan a fait plusieurs milliers de morts./rtrs/ld