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PRÉVENTION

Les soignants de l'Océan Indien en campagne contre les violences

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Publié le 05/07/2024

L’URPS Infirmiers Océan Indien a conçu et diffuse une série de podcasts destinée aux professionnels de santé comme au grand public pour agir en prévention et renforcer la prise en charge des victimes de tous types de violence. 

Campagne contre les violences

« Avec 9 plaintes par jour pour 800 000 habitants, la Réunion est le troisième département français en termes de violences conjugales, derrière la Guyane et les Hauts-de-France. Sachant que sur l'ensemble du territoire, métropole et outremer, une femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint ». C'est ce constat alarmant qui a incité Anne-Laure Albisetti, présidente de l'URPS Infirmiers Océan Indien et son équipe à agir. Victime elle-même de ce type de violences durant 7 ans, elle a pris en compte sa douloureuse expérience pour mettre en œuvre des outils de prévention et de soutien à la prise en charge des victimes.

En première ligne pour repérer les victimes, les professionnels de santé se sentent souvent démunis face aux situations de violence

Avec une équipe de soignants et l'appui de médecins et d'experts, elle a lancé la réalisation de la série de podcasts « Les soignants face à la violence ». Une production « à l'attention de tous les professionnels de santé et de tous les citoyens, afin de trouver des solutions aux problématiques liées à la violence, qu’elles soient médicales, économiques, juridiques, familiales, sociales, psychologiques… ». Un moyen pour l'URPS Infirmiers Océan Indien, en prenant et libérant la parole, de fournir des clés de compréhension et d'action aux soignants comme aux personnes concernées. «En première ligne pour repérer les victimes, les professionnels de santé se sentent souvent démunis face à ces situations. Nos podcasts visent à leur fournir les outils nécessaires pour mieux appréhender et repérer les violences, accompagner et orienter les victimes ». A savoir, par exemple, repérer les situations «anormales» et le processus mis en place par un agresseur, comprendre le mécanisme d'emprise, mettre en lumière les difficultés pour les victimes de dénoncer leur bourreau, savoir comment déclencher l’alerte adéquate, bien évaluer la complexité du parcours de reconstruction... 

Affiche shibushi« Tu vas mourir avant tes trente piges »

Le premier podcast de la série porte sur la violence conjugale : « Tu vas mourir avant tes trente piges ». Cet épisode de 50 minutes relate l’histoire d’Anne-Laure Albisetti elle-même. Elle y livre son histoire, interrogée par le Dr Christelle Richauvet, médecin spécialisée dans la prise en charge des victimes de violence. «J’ai voulu témoigner en tant qu’ancienne victime parce que j’aimerais que tous les soignants comprennent qu’ils peuvent être cette main tendue, tant attendue par les victimes. Parce que ce sont eux la pierre angulaire de la prise en charge de cette violence», explique la présidente de l’URPS.Affiche shimaore Une prise en charge pluridisciplinaire et qui peut faire intervenir quelque 150 acteurs différents : professionnels de santé, justice, affaires familiales, aides sociales, associations, protection de l'enfance, structures d'hébergement d'urgence, etc. Dans ce contexte, le soignant doit savoir informer et accompagner la victime mais «sans faire à sa place ». Et « pour pouvoir recevoir un témoignage ou effectuer un signalement, il doit être former à ça », souligne Anne-Laure Albisetti. 

Il faut compter en moyenne 7 allers-retours de la victime avant qu'elle parvienne à se séparer définitivement de l'auteur des violences.

L'enjeu est alors d'apprendre à poser les bonnes questions afin d'obtenir les informations nécessaires pour évaluer la situation, et parfois déterminantes pour pouvoir détecter un danger imminent ou saisir la justice. Il s'agit pour cela de se positionner dans une attitude neutre, d'établir une relation de confiance, afin de libérer la parole tout en respectant à chaque étape la volonté de la victime. « Car le temps du soignant, n'est pas le temps du patient, précise-t-elle. Dans le cas de violences conjugales, il faut compter en moyenne 7 allers-retours de la victime avant qu'elle parvienne à se séparer définitivement de l'auteur des violences ». 

11 podcasts mis à disposition et une nouvelle saison à venir

C'est le 25 novembre 2021, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, que l’URPS Infirmiers Océan Indien a lancé le premier podcast de la série « Les soignants face à la violence ». 10 autres ont suivi depuis. Et une nouvelle saison est en préparation.
Dans le cadre de cette vaste campagne de sensibilisation, d'autres outils sont diffusés auprès des soignants pour renforcer le repérage, l'accompagnement et la prise en charge des victimes potentielles : des fiches d'information pratique, des grilles d'évaluation du danger et de l'emprise, des listes d'adresses et des numéros d'urgence, des affiches destinées aux cabinets des professionnels de santé en français, créole, shibushi et shimaoré...

Affiche KreolAutant d'actions saluées par l’Observatoire réunionnais des violences faites aux femmes qui rappelle que les associations spécialisées locales ont accueilli 1 749 victimes de violences en 2023. Aujourd'hui, sur l'île ultramarine, 11,7 personnes se rendent chaque jour au poste de police ou à la gendarmerie pour dénoncer des faits de
violences conjugales contre 5 en 2015.

Consultez et écoutez les épisodes du podcast : https://soundcloud.com/urpsinfirmiersoi
La série est également disponible sur les plateformes suivantes : Spotify, Deezer, Podcast Addict, Podcast en santé
Betty Mamane, directrice de la rédaction

Source : infirmiers.com