« En 2019, la prévalence de la souffrance psychique en lien avec le travail* était plus de deux fois supérieure à celle de 2007, avec une augmentation notable à partir de 2016, quel que soit le sexe », note Santé publique France dans son dernier bulletin épidémiologique. Troubles anxieux et dépressifs mixtes ont ainsi représenté les affections psychiques les plus fréquemment signalées par les médecins du travail, suivis par les symptômes dépressifs, et ce pour les deux sexes.
Pour autant, les prévalences de souffrance psychique liée au travail (SPLT) sont « deux fois plus élevées » chez les femmes, poursuit l’agence. De 2,4% en 2007, elles sont ainsi passées à 5,9% en 2019, avec toutefois une baisse par rapport à 2018 où elles atteignaient 6,2%. Chez les hommes, « la prévalence augmentait jusqu’en 2015, diminuait légèrement en 2016 pour repartir à la hausse et se stabiliser à 2,6% sur les deux dernières années. » Toutes choses égales par ailleurs, le risque de signalement d’une SPLT était plus élevé chez les femmes de plus de 35 ans et chez les hommes de plus de 25 ans par rapport aux moins de 25 ans, précise-t-elle. Ces risques de souffrance psychique apparaissent plus importants dans les secteurs du transport et de l’entreposage, de la construction et de l’industrie chez les femmes alors que, chez les hommes, ce sont ceux de l’agriculture, de l’hébergement et de la restauration ainsi que certaines activités de services qui sont les plus concernés.
- 281 379 salariés ont été vus dans le cadre du programme MCP (qui repose sur des médecins du travail volontaires et leurs équipes), dont 51,3% étaient des hommes.
- Les tranches d’âge 25-34 ans, 35-44 ans et 45-54 ans représentaient chacune entre 22,9% et 26,9 % des salariés, chez les femmes et les hommes.
- Chez les femmes, la catégorie socioprofessionnelle la plus fréquemment observée était celle des employées (49,8%), tandis que chez les hommes, les ouvriers constituaient 46,1% de la population.
- Le secteur d’activité le plus représenté était la santé humaine et action sociale chez les femmes (26,6%) et le secteur de l’industrie chez les hommes (22,9%).
- Quatre salariés sur cinq étaient en contrat à durée indéterminée (80,4% chez les femmes, 79,1% chez les hommes).
La souffrance au travail, un enjeu de santé publique
Pour expliquer cette augmentation des souffrances psychiques, Santé publique France avance plusieurs explications possibles : la détérioration des conditions de travail, d’une part, mais aussi « une meilleure information des problèmes de santé mentale, provoquant une meilleure sensibilisation des médecins au diagnostic et une plus ample verbalisation des salariés ». La souffrance psychique liée au travail constitue « un enjeu de santé publique important », poursuit-elle, notamment car elle implique de graves conséquences sur la qualité de vie des travailleurs. Et fait donc peser un coût important sur la société, et ce dans un contexte où la prise en charge des troubles de la santé mentale se heurte à des manques de plus en plus importants de moyens financiers et humains. Aussi les chercheurs appellent-ils à imaginer des politiques visant « à réduire les inégalités entre les sexes » dans les secteurs les plus à risques, pour tenter de parvenir à une répartition plus équitable des expositions professionnelles. Ils soulignent enfin l’intérêt de mettre en place un tableau dédié aux maladies professionnelles qui permettrait de mieux caractériser ces SPLT.
*Soit les troubles mentaux causés ou aggravés par le travail et ses conditions d’exécution.
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