Les enfants prématurés sont souvent exposés à des excipients de médicaments sous forme orale liquide qui sont potentiellement toxiques, selon une petite étude britannique.
De nombreux médicaments pédiatriques sont développés sous forme orale liquide pour faciliter leur administration chez les nourrissons. Bien qu'il existe des données sur la sécurité, l'efficacité, la pharmacocinétique et les interactions médicamenteuses potentielles de ces médicaments, on sait peu de choses sur les excipients utilisés dans ces formulations, indiquent Amy Whittaker de l'University Hospitals Leicester NHS Trust et ses collègues dans Archives of Disease in Childhood (Fetal & Neonatal Edition).
Les fabricants de médicaments utilisent des excipients, comme l'éthanol pour solubiliser les principes actifs, des colorants ou d'autres additifs pour augmenter l'appétence et favoriser ainsi l'observance thérapeutique. Ces médicaments contiennent souvent des conservateurs car ils ne sont pas stérilisés, expliquent-ils, faisant observer que certains de ces excipients seraient toxiques s'ils étaient administrés par voie intraveineuse et non par voie orale, c'est-à-dire sans passer par la "barrière" du système digestif.
Cependant, on ignore à quel point les nouveau-nés prématurés en particulier sont exposés à ces excipients.
Les chercheurs ont donc conduit une étude dans leur établissement pour évaluer cette exposition.
Ils ont examiné de manière rétrospective les dossiers médicaux de 38 nourrissons prématurés (moins de 30 semaines de gestation et moins de 1,5 kg à la naissance) pris en charge dans le service de néonatalogie de Leiceister entre juin 2005 et juillet 2007, prenant en compte les médicaments les plus fréquemment prescrits, tels que le fer, les vitamines, la dompéridone, la caféine, ainsi que quatre médicaments prescrits en cas de maladie pulmonaire chronique, c'est-à-dire la dexaméthasone, la spironolactone, le bendrofluméthiazide et le furosémide.
De nombreux excipients étaient présents dans ces huit médicaments sous forme orale liquide. Pour le fer par exemple, étaient utilisés de l'éthanol, de l'hydroxybenzoate, de l'acide citrique, du colorant, des arômes, du glycérol, de la saccharine et du sorbitol.
L'éthanol en particulier a été retrouvé dans plusieurs autres médicaments. Dans la population étudiée, l'exposition à cet excipient était de 0,2 mL à 1,8 mL par semaine. Les effets toxiques de l'éthanol sur le foetus sont connus et les médecins supposent que les complications neurologiques des nourrissons prématurés, qu'ils aient une maladie pulmonaire chronique ou non, pourraient être liées à une exposition à l'éthanol et que certains principes actifs pourraient aussi interagir avec l'éthanol et produire des effets toxiques.
Le sorbitol est aussi un autre excipient utilisé fréquemment dans les médicaments pédiatriques, avec des expositions de 0,1 à 3,5 g/kg par semaine. Les effets secondaires chez les jeunes enfants (non prématurés) sont des diarrhées, des coliques et une mauvaise absorption des nutriments. En se basant sur la dose maximale autorisée chez l'adulte, les chercheurs ont calculé que la limite pour des nourrissons et relevé que dans la cohorte étudiée, ce seuil avait été dépassé pendant au moins une semaine pour 18 nourrissons.
Le colorant rouge E124 ou Ponceau 4R a été interdit dans certains pays car il est considéré comme pouvant affecter le neurodéveloppement et le comportement. Parmi les enfants de cette cohorte, aucun n'a été exposé à une dose supérieure à la limite préconisée pour un adulte mais les auteurs proposent par précaution d'interdire cet additif de tous les médicaments.
Ces éléments préliminaires, qui n'établissent pas de lien entre ces excipients et des signes cliniques, devraient alerter les pédiatres, les pharmaciens, les infirmières et les parents, estiment les auteurs. D'autres études sont nécessaires, en particulier sur un plus large panel de médicaments.
Il est important que l'Agence européenne du médicament (EMEA) s'assure que tous les fabricants fournissent une liste détaillée des excipients présents dans leurs médicaments, mais aussi qu'elle conduise des actions pour déterminer si les pratiques actuelles constituent un risque pour les enfants, concluent les chercheurs.
(Arch Dis Child Fetal Neonatal Ed., édition en ligne du 21 janvier, 5 pages)
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