Je suis un infirmier Français de 27 ans, diplômé depuis 4 ans. Apres avoir fait mes études à l'IFSI de Cherbourg, j'ai aussitôt intégré l'AP-HP (Assistance Publique Hôpitaux de Paris). J'ai tout d’abord travaillé dans un service de soins de suite gériatrique puis après aux urgences. Il y a un an, je commençais les démarches pour venir travailler à Québec, au Canada. Après avoir été recruté au salon de l'infirmier de Paris, passé les entrevues, les démarches d'immigration, je suis arrivé ici en avril 2008 avec un permis temporaire de travail.
Je suis donc à Québec depuis avril dernier. En tant qu'infirmier français je suis considéré comme CEPI (candidat d'exercice à la profession d'infirmière) car il me manque l'examen de l'ordre des infirmiers. Ceci dit, mi-octobre, à l'occasion de la visite du président Sarkozy au Québec, une entente a été signée entre la France et le Québec pour la reconnaissance des diplômes et notamment le notre. La présidente de l'ordre des infirmiers du Québec, parle d'un an pour mettre au point les modalités de reconnaissance sans avoir d'examen à repasser.
Voila, j'exerce dont les fonctions de CEPI en attendant cette reconnaissance. En gros, le travail ne diffère pas beaucoup sauf que les noms des médicaments changent, l’infirmier applique des ordonnances collectives (protocoles) adaptées au service. Beaucoup de papiers et de notes à faire aussi.
L'attribution des postes ici, est plutôt simple, c'est l'ancienneté uniquement qui fait fois. En gros, les postes de jour (8h - 16h) sont réservés aux anciennes, les soirs (16h - 0h) aux courageux et les nuits (0h - 8h) aux nouveaux. Sachant que quand une infirmière change d'hôpital son ancienneté redémarre à zéro. De plus, les nouveaux arrivants sont placés dans l'équipe volante, ce qui est mon cas. Etant étranger je suis placé sur un poste de remplacement de congé maternité, de nuit, et je suis considéré comme chanceux de ne pas « volé » dans les différents services. Je suis dans un service de post infarctus, équivalent de nos USIC (unité de soins intensifs de cardiologie française). Mes horaires sont simples, étant temps plein (les travailleurs temporaires étranger sont obligés de faire un temps plein) je travaille de minuit à 8h, 9 nuits en lignes (c'est-à-dire 9 nuits consécutives sans jours de repos) après ca 5 jours de repos et je reprends pour 9 nuits en ligne...
En France, j'étais de nuit, temps plein aussi, mais je faisais jamais plus de 3 nuits de suite alors... ca change !
J'ai en moyenne 4 à 5 patients en charge, la première partie de la nuit on révise nos dossiers. Et ca prend vraiment du temps. On révise les ordonnances, remet à jour la planification des médicaments, révise les résultats des examens, les notes des médecins... Accueil des patients de l'urgence, transfert des autres centres, puis au matin à 6h la grande tournée : signes vitaux, prélèvements, enseignement aux patients... On dispose de 1h30 de pause la nuit (ce qui doit faire rêver en France!!)
Beaucoup de mes collègues Québécois ne travaille pas à temps plein, et suivent parallèlement des études pour compléter leur formation universitaire. Ils font donc un temps partiel. Moi, j'ai un peu l'impression d'être toujours sur le plancher comme on dit ici.
J'ai quitté Paris, pour vivre une aventure, vivre et travailler dans un autre pays. Mais 8 mois après, j'ai décidé de rentrer.
La profession d'infirmière est valorisée, responsabilisant ici. Mais les conditions de travail trop difficile pour moi. Mon remplacement de congé maternité finis dans un mois, et après ca je vais vraiment voler d'un service à l'autre, de nuits, 9 nuits de suite... Non pas envie. J'ai appris des choses, et je pense que toute expérience est bonne à vivre. Je suis un cours d'arythmie cardiaque à l'hôpital, sur l'interprétation des bandes de rythmes, ECG et moniteur. Très intéressant. J'ai un salaire qui m'offre une bonne qualité de vie. Mais les horaires, les plannings sont vraiment difficiles et voler dans les services ne m'intéresse pas. D'autant que mes proches, ma famille, mes amis me manquent aussi. J'ai eu la visite de mes parents en octobre et j'ai du poser des sans soldes pour pouvoir être avec eux, sans même pouvoir choisir les jours, c'est à dire que je travaillais quand même les week-ends.
Alors je suis retourné voir du coté de l'AP-HP, où je suis en disponibilité, et j'ai une entente avec un hôpital pour une mutation en décembre dans un service qui m'intéresse et où la formation d'arythmie me servira.
Je ne découragerais personne à venir ici, car chacun doit pouvoir se faire une opinion puis ce qui plait pas à certains, plait à d'autres.
Ce qui est sûr, c'est que dans quelques mois des infirmières Québécoises traverseront l'atlantique pour venir travailler en France. Surtout dans les nouvelles, le rêve de travailler de jour, et dans un service qu'elles affectionnent. Mais comme à Paris, par exemple, le coût pour se loger va être un électrochoc. Mais les hôpitaux en besoin seront surement attractifs, comme les hôpitaux Québécois le sont pour nous (billet d'avion, frais d'immigration et divers frais payés par l'hôpital avant l'arrivée) et bonne qualité de vie ici.
Les quelques mois passés ici sont vraiment positif. J'ai appris des choses, rencontré de bons professionnels, mais mon avenir professionnel est ailleurs, en France, à l'AP-HP. J'ai vécu et travaillé à l'étranger, mon objectif est atteint. Je reviens avec d'autres cordes à mon arc, notre profession évolue, nos compétences aussi.
J'ai un blog sur mon aventure québécoise : http://gregoquebec.skyrock.com/, n'hésitez pas à venir poser vos questions.
Grégory LEDOUBLEE
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