L'accès direct, un "mirage" ? Les Conseils professionnels s'élèvent contre Aurélien Rousseau

Les propos d’Aurélien Rousseau sur le « mirage » que représenterait l’ouverture de l’accès direct aux infirmiers n’en finissent pas de hérisser la profession. Dans une lettre ouverte où pointe l’agacement, les 5 Conseils nationaux professionnels (infirmiers, infirmiers de pratique avancée, infirmiers de bloc opératoire, infirmiers puériculteurs et infirmiers de bloc opératoire) demandent instamment au ministre de la Santé de clarifier sa vision du métier. Et surtout de son futur. Car les mots prononcés par Aurélien Rousseau devant un parterre de médecins libéraux ne s’inscrivent pas dans un contexte neutre : à savoir celui des travaux sur la refonte du métier, qui sollicitent notamment l’ensemble de ses instances.

Des propositions qui pourraient "ne jamais devenir réalité"

« Une implication forte est demandée aux membres de nos CNP et à nos experts dans ces travaux afin d’apporter une contribution effective à ces projets porteurs d’enjeux majeurs pour la santé de notre population, la pérennité de notre système de santé et l’évolution de notre profession dans toute la diversité des métiers qui la composent », rappellent-ils en introduction, avec en ligne de mire un certain nombre d’orientations permettant aux infirmiers de contribuer de manière optimale au système de soin : approche centrée sur le patient, interprofessionnalité respectueuse des compétences chacun, autonomie des infirmiers… et positionnement en première ligne de chaque spécialité en fonction des besoins des patients, listent-ils pêle-mêle. Autant de lignes directrices bien accueillies par la profession, qui entraient en cohérence avec les évolutions portées par la loi sur l’amélioration de l’accès aux soins par la confiance aux professionnels, dite loi Rist, votée en mai dernier et qui a notamment ouvert l’accès direct aux infirmiers en pratique avancée (IPA).

Et autant de pistes de travail qui pourraient être rendues caduques, selon les CNP, à la suite des propos d’Aurélien Rousseau : « il semble que les orientations qui nous ont été présentées il y a quelques mois ne semblent plus en adéquation avec la vision que vous souhaitez imprimer à cette réforme », accusent-ils ainsi, au comble de l’exaspération. Les personnalités impliquées dans les réflexions autour de la refonte sont « par ailleurs des professionnels en exercice surchargés » et il s’agirait, en substance, d’éviter de leur perdre du temps à rédiger « des proposition qui ne seraient plus en adéquation avec la nouvelle vision que vous portez » et qui pourraient donc ne jamais devenir réalité, taclent-ils. « Sans clarification, il nous est impossible de continuer à travailler et à être force de proposition dans ces projets », concluent-ils, réclamant au plus vite une rencontre avec le ministre de la Santé en ce sens.