Comment mieux encadrer et réguler ces "médecines douces" (sophrologie, naturopathie…) qui se sont considérablement développées en France, et d’autant plus à la faveur du Covid, au risque d’entraîner d’importantes dérives ? C’est la question qui va présider la réunion d’installation du « Comité d’appui pour l’encadrement des pratiques de soins non conventionnelles (PSNC) », organisée ce mercredi 28 juin après-midi par la ministre chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, Agnès Firmin-Le Bodo. Une réunion qui suscite d’ores et déjà la méfiance des adversaires de ces pratiques dites « alternatives ».
Des pratiques répandues mais qui posent question
Selon un sondage Odoxa, la moitié des Français auraient en effet recours à ces thérapies, définies par leur absence de fondement scientifique, et 57% d’entre eux pensent qu’elles sont aussi efficaces que la médecine conventionnelle. Or, sans même aller jusqu’à parler de dérives sectaires – un risque particulièrement identifié autour de ce type de pratiques, mais qui reste minoritaire – la répression des fraudes constate que près de 80% des professionnels contrôlés qui opèrent dans ce secteur présentaient une « anomalie » : pratiques commerciales trompeuses, exercice illégal de la médecine…
La réunion, qui mettra autour de la table défenseurs, dont l'Agence des médecines complémentaires adaptées (A-mca), détracteurs de ces pratiques, mais aussi la Haute autorité de santé (HAS) et l’Agence du médicament (ANSM), doit permettre en premier lieu d’établir une cartographie de ce qui existe ainsi que des différentes méthodes d’évaluation utilisées pour les classifier. Le cabinet de la ministre défend une approche globale, avec notamment une analyse des formations à ces pratiques, pour lesquelles il n’existe actuellement pas de référentiel commun. « La position de la ministre, c'est qu'on ne peut pas nier que certains de nos concitoyens font appel à ces pratiques, et en même temps (...) il faut qu'on soit capable de les protéger de toute dérive », a-t-il ainsi assuré, promettant d’être à l’écoute de toutes les voix.
Inquiétudes chez les professionnels de santé
Un discours qui ne rassure pour autant pas les professionnels du secteur de la santé, à commencer par l’Ordre des médecins, qui a vivement critiqué dans un rapport publié cette semaine la création de l’A-mca (datée de 2020) par « un groupe de personnes autoproclamées spécialistes des PSNC ». « On est assez méfiants », a également réagi le docteur Pierre de Brémond d’Ars, président du collectif No FakeMed, qui lutte contre les médecines alternatives et leurs dérives, auprès de l’AFP. Celui-ci craint « une volonté de légitimer des pratiques pour vendre des compléments alimentaires, des formations, des stages… ». Et les inquiétudes sont d’autant plus grandes qu’Agnès Firmin-Le Bodo militait, quand elle était députée, pour faire de l’A-mca une « agence gouvernementale ». L’association et l’Ordre des médecins, qui seront présents à cette réunion, redoutent donc de ne pas faire le poids « en termes de pouvoir et de lobbying ». Interrogée par l'AFP, la directrice générale de l'A-mca, Véronique Suissa, s'est dite dans une simple « démarche intellectuelle », soulignant ne pas être contre l'interdiction des pratiques « dangereuses ».
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