Crainte d'être vue, de déclencher plus de coups encore : pousser la porte d'un commissariat pour une victime de violences conjugales s'avère souvent compliqué. Les hôpitaux sont donc un lieu ressource pour les victimes et leur permettre de déposer plainte en ses murs facilite et encourage la démarche.
Le CHU de Nantes mettra ainsi à la disposition des patients concernés un «formulaire de recueil des faits et/ou de dépôt de plainte simplifié» qui sera transmis par le CHU, avec l'accord de la victime, au service d'enquête compétent, depuis la signature de la convention, mardi 9 janvier. Le nouveau protocole «vise à l'amélioration de l'accueil tant médical ou médico-légal que social et juridique» des victimes, à «favoriser la détection des situations de violences et leur signalement», ainsi qu'à «faciliter la démarche de dépôt de plainte». «Ce protocole permet de profiter d'un moment de soin pour favoriser la parole et la possibilité d'un dépôt de plainte», explique David Lebossé, chef adjoint du service de médecine légale au CHU de Nantes, à l'occasion d'une conférence de presse.
Un signalement en cas de "danger immédiat"
Conformément à la loi, le protocole prévoit qu'un soignant puisse par ailleurs signaler des faits à la justice sans l'accord de la victime, lorsqu'il estime que les violences peuvent mettre la vie de cette dernière en «danger immédiat». La convention prévoit également un accompagnement des victimes au CHU par des associations spécialisées, comme France Victimes 44, signataire du protocole, qui pourront les orienter vers des juristes ou des établissements d'accueil.
Recueil de preuves
Dans le cas où la victime ne souhaite pas porter plainte dans l'immédiat, le protocole prévoit qu'un examen médical puisse toutefois être réalisé, dont les preuves seront conservées par le CHU. Elles pourront être transmises ultérieurement aux enquêteurs si la victime changeait d'avis. «Cette convention est un outil sur lequel compter pour améliorer la prise en charge des victimes et les aider à s'extraire de situations violentes», a souligné Marie Argouarc'h, directrice de cabinet du préfet de Loire-Atlantique.
En France, 244 000 victimes de violences conjugales (en grande majorité des femmes) ont été enregistrées par les forces de sécurité en 2022, un chiffre en hausse de 15% par rapport à 2021. Selon une «enquête de victimation» publiée par le ministère de l'Intérieur, un quart seulement des personnes se déclarant victimes de violences de la part d'un conjoint ou ex-conjoint disent avoir rapporté les faits à la police ou à la gendarmerie.
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