Perçu comme un risque majeur de santé publique, en France et dans le monde, l’antibiorésistance est la cause de 35 000 décès par an en Europe, selon les chiffres du ministère de la Santé. Présentée en février 2022, la Stratégie nationale 2022-2025 de prévention des infections et de l’antibiorésistance, déclinée en 42 actions, s’appuie sur deux piliers : la prévention et le contrôle des infections, et la promotion du bon usage des antibiotiques. Outre les actions dirigées vers une meilleure organisation de la gouvernance et des instances de pilotage sur les territoires, avec notamment la structuration du réseau des centres d'appui pour la prévention des infections associées aux soins et des centres régionaux en antibiothérapie (Cpias et Cratb), la stratégie embarque ainsi des actions destinées à sensibiliser et former les professionnels de santé au bon usage des antibiotiques. Le ministère de la Santé vient de publier un rapport présentant le bilan des actions menées en 2023.
Des outils de sensibilisation pour les professionnels et la population
Projet européen initié en 2006, le site « e-bug », qui constitue « une ressource pédagogique gratuite et ludique dédiée aux micro-organismes, leur transmission mais également la prévention et le traitement des infections » et destiné non seulement aux plus jeunes et à leurs parents mais aussi aux soignants, a ainsi été enrichi de nouvelles ressources (dont fiches d’information) en lien avec la campagne de vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) dans les collèges. « En 2023, le site e-Bug a particulièrement ciblé les enseignants, les infirmiers diplômés d’Etat (IDE) scolaires et médecins conseillers techniques, ainsi que les « étudiants en santé » lors du service sanitaire », précise le document. Autre action d’information : rappel par l’Assurance maladie et Santé publique France de l’existence d’outils pratiques à destination des professionnels de santé pour sensibiliser leurs patients sur le bon usage des antibiotiques, telle que les fiches de l’European antibiotic awareness day (ECDC), infographie sur la plateforme Geodes reprenant les données relatives à la prescription et la consommation d’antibiotiques, ou encore réflexions engagées pour créer et diffuser des contenus informatifs auprès de la population sur les gestes de prévention contre les infections, notamment chez les plus petits. Celles-ci devront se poursuivre en 2024.
Un socle commun de compétences pour toutes les professions
Côté formation, « la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H) et le Conseil national professionnel d'infectiologie maladies infectieuses et tropicales (CNP-MIT) ont élaboré un socle commun de compétences et connaissances minimales en prévention des infections et de l’antibiorésistance pour les filières médecine, odontologie, pharmacie, maïeutique et soins infirmiers », est-il indiqué. Ce document, fruit d’une réflexion pluridisciplinaire, a notamment vocation à construire les différents modules de formation de chaque profession. L’élargissement des compétences vaccinales des infirmiers, pharmaciens et sages-femmes contribue également à la lutte contre l’antibiorésistance, dans une démarche de prévention. « Cet élargissement vise à simplifier le parcours vaccinal et à favoriser l’adhésion à la vaccination », estime de plus les auteurs du bilan.
A noter également la finalisation du cahier des charges du futur outil national de surveillance de la consommation d'antibiotiques dans les établissements de santé, qui doit permettre de disposer d'un tableau de bord de plusieurs indicateurs et adapter ainsi les politiques nationale et régionale de lutte contre l'antibiorésistance.
SIDIIEF
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