Infections nosocomiales : la surveillance du risque de contamination des bronchoscopes doit être améliorée

Le Dr Philippe Corne et ses collègues du CHU de Montpellier rapportent une augmentation soudaine entre janvier et avril 2003 de prélèvements des voies respiratoires positifs à Pseudomonas aeruginosa dans une unité de soins intensifs de leur établissement hospitalier.

La plupart des souches étaient cultivées à partir d'échantillons de fluides de lavage broncho-alvéolaire, "suggérant une possible implication des procédures bronchoscopiques", indiquent les chercheurs.

Une enquête a permis d'identifier deux épidémies nosocomiales consécutives d'infections respiratoires associées à deux bronchoscopes différents, les auteurs ne donnant pas le nom du fabricant. Ces deux épidémies ont concerné respectivement 9 et 7 patients, 4 de ces 16 patients ayant présenté de réelles infections et ayant été guéris par antibiothérapie.

L'inspection des bronchoscopes par le fabricant a mis en évidence des trous importants dans les canaux internes des deux appareils, qui ont été créés par des défauts au niveau des pinces à biopsie et qui n'ont pas été détectés par les tests de fuite. Les pinces à biopsie présentaient un défaut de fermeture non décelable visuellement, probablement dû à une utilisation et à une décontamination répétées.

Les canaux internes endommagés ont ainsi probablement hébergé des micro-organismes qui n'ont pas pu être atteints par les procédures -pourtant effectuées correctement- de nettoyage et de désinfection.

Les deux épidémies ont été contrôlées après le remplacement des canaux internes des bronchoscopes et après le passage du réutilisable au jetable pour les pinces à biopsie.

"Ces épidémies soulignent le besoin d'établir des procédures de surveillance pour la détection de la contamination des bronchoscopes et l'importance d'enregistrer chaque procédure endoscopique pour faciliter des enquêtes futures si nécessaires", concluent les chercheurs.

Le Dr Jean-Charles Cêtre et ses collègues des HCL ont quant à eux détecté, au sein de leur établissement hospitalier, entre le 5 mars et le 19 octobre 2001, des épidémies de contamination de lavage broncho-alvéolaire avec des entérobactéries.

La contamination a concerné 117 prélèvements de lavage broncho-alvéolaire durant trois épidémies et a été associée à deux bronchoscopes sur les sept utilisés. Les deux dispositifs contaminés étant des vidéo-endoscopes, ils étaient plus souvent utilisés que les autres.

Prévenu de ces cas, le fabricant a découvert dans ses appareils un défaut de tenue de la pièce de maintien de la partie fixe du canal à biopsie et a diffusé en mars 2002 un message d'alerte, à la demande de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), appelant les établissements de santé d'arrêter l'utilisation de trois modèles de bronchoscopes.

Cette pièce en plastique, hébergeant probablement des bactéries dans une zone inaccessible au processus normal de désinfection, a été remplacée par une autre en acier inoxydable plus sûre.

Aucun autre cas n'est survenu après le retrait des bronchoscopes impliqués.

"Nos résultats soulignent le besoin urgent de tester régulièrement des prélèvements bronchoscopiques et d'améliorer le design et la structure des bronchoscopes" en partenariat avec les fabricants, concluent les auteurs./vdb/mr

(Journal of Hospital Infection, septembre 2005, vol. 61, n° 1, p. 20-26 et p. 39-45)