Plusieurs experts ont réagi mercredi en marge d'un colloque sur la pandémie grippale vis-à-vis de médecins réputés qui ont affiché publiquement leur volonté de ne pas se faire vacciner contre la grippe A(H1N1).
Le Parisien de mercredi présente six témoignages de médecins révélant pour moitié leur volonté de se faire vacciner (Pr Marcel Rufo, CHU de Marseille; Pr Pierre Carli, hôpital Necker à Paris; Dr Jean-Marie Le Guen, président du conseil d'administration de l'AP-HP) et pour l'autre non (Dr Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf); Pr Laurent Lantieri, hôpital Henri Mondor à Créteil; Pr David Khayat, hôpital Pitié Salpêtrière à Paris).
Chacun a le droit d'exprimer son avis, ont estimé le Pr Bruno Lina, responsable du Centre national de référence (CNR) sur la grippe pour le Sud de la France à Lyon, et le Pr François Bricaire, chef du service de maladies infectieuses à l'hôpital Pitié Salpêtrière à Paris, en marge d'un colloque sur la pandémie grippale.
Mais cela doit rester un "avis personnel" qui ne doit "pas avoir de valeur d'exemplarité dans un sens comme dans l'autre", nuance le Pr Lina. Le Pr Bricaire appelle pour sa part à une "réserve" et une "responsabilité" de médecins qui ont une certaine réputation lorsqu'ils s'expriment dans les médias.
Claude Hannoun, professeur honoraire à l'Institut Pasteur de Paris, se déclare "un peu consterné" par les médecins qui ne veulent pas se faire vacciner et François Bricaire, "attristé".
"Les médecins qui disent que cela ne sert à rien" ont un raisonnement "erroné", surtout ceux qui sont en contact avec des patients fragiles immunodéprimés, souligne Bruno Lina, visant implicitement le Pr David Khayat, chef du service de cancérologie à l'hôpital Pitié Salpêtrière, et le Pr Laurent Lantieri, chef du service de chirurgie plastique de l'hôpital Henri Mondor qui a réalisé en avril la première greffe de visage et des deux avant-bras.
Concernant l'argument particulier du Pr Khayat annonçant qu'il restera chez lui s'il est malade afin de ne pas contaminer ses patients, le Pr Lina explique qu'il ne tient pas car on est contagieux avant même de savoir qu'on est malade et lorsqu'on l'est, les symptômes ne sont pas spécifiques. Par ailleurs, il sera nécessaire que les soignants soient présents durant l'épidémie de grippe pour s'occuper de leurs patients, ajoute-t-il.
Le Pr Hannoun estime que ces médecins, qui sont minoritaires, ne répondent pas aux critères de "pratique médicale éthique".
Concernant l'argument de David Khayat faisant valoir que ses patients ne se feront pas vacciner non plus car cela ne sert à rien -la chimiothérapie annulant les effets de la vaccination-, François Bricaire estime qu'il s'agit d'un "abus de pouvoir".
Les trois experts se sont enfin déclarés étonnés de la position du Pr Lantieri. Celui-ci s'est fait vacciner contre la grippe saisonnière, affirme que le vaccin contre la grippe A(H1N1) ne sert à rien et ne protège que partiellement, et conseille en revanche la vaccination contre le pneumocoque pour éviter les complications d'une éventuelle grippe A.
Dans la majorité des cas, la grippe A(H1N1) donne des formes bénignes. Mais le "petit contingent" de complications et de cas graves justifie la vaccination, ajoute le Pr Bricaire.
Paris, 22 octobre 2009 (APM)
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