La campagne de vaccination contre la grippe A(H1N1) des professionnels de santé a débuté faiblement à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et à l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), a-t-on appris mercredi auprès de ces établissements de santé.
Cette campagne a été lancée le mardi 20 octobre par la ministre de la santé, Roselyne Bachelot. Des établissements de santé, tels que les CHU de Bordeaux et de Clermont-Ferrand, ont décidé de ne la commencer que le lundi 26 octobre afin de pouvoir respecter le délai de trois semaines par rapport à la vaccination contre la grippe saisonnière, rappelle-t-on.
Interrogé mercredi par l'APM, le président du Comité de lutte contre les infections nosocomiales (Clin) de l'AP-HP, le Pr Christian Brun-Buisson, a déploré une faible participation des professionnels de santé à la vaccination contre la grippe A(H1N1) qui a commencé le 20 octobre à l'AP-HP, prioritairement pour les services les plus exposés comme les urgences et la réanimation, mais également pour tous les soignants qui le souhaitent.
Le spécialiste fait état jusqu'à vendredi de 3,5% de professionnels de santé vaccinés, soit 2.800 sur un total de 80.000, sachant qu'il ne dispose pas encore de données actualisées jusqu'à mercredi.
Ce taux de couverture vaccinale n'est "pas absolument catastrophique" mais il est "faible". On ne peut pas s'attendre en quelques jours à obtenir des taux de 50%, mais on aurait pu atteindre les 10% comme c'est déjà le cas à l'hôpital Tenon à Paris ou l'hôpital Henri Mondor à Créteil (Val-de-Marne), commente-t-il.
Ces données de quelques jours seulement doivent être interprétées avec prudence mais elles "semblent indiquer que le degré d'acceptation du personnel non médical, mais aussi des médecins, dans cette première semaine de vaccination H1N1 est totalement affligeant", commente le Pr Brun-Buisson, dans une note interne qui a été envoyée vendredi au personnel de l'AP-HP et qui est également signée par le directeur général de l'AP-HP, Benoît Leclercq.
"Il ne reste probablement pas beaucoup plus de deux semaines avant la vraie montée en charge de l'épidémie (...). Il est de notre devoir à tous de rappeler à l'ensemble du personnel et de s'assurer qu'il le comprenne bien que personne ne sera plus exposé à la grippe A(H1N1) qu'eux-mêmes et que lorsqu'il y aura eu ne serait-ce qu'un décès parmi notre personnel après x jours de ventilation mécanique ou d'Ecmo [oxygénation membranaire extracorporelle], il sera trop tard!", indique Christian Brun-Buisson, qui est par ailleurs chef du service de réanimation médical à l'hôpital Henri Mondor.
Interrogé sur la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière à l'AP-HP, le Pr Brun-Buisson estime que c'est "plutôt mieux que ce que l'on pouvait craindre" compte tenu des deux campagnes de vaccination successives contre la grippe. Le taux de couverture de 35% à la fois parmi le personnel soignant et administratif a même augmenté un peu par rapport aux autres années (30%), précise le spécialiste.
A l'AP-HM, la direction a indiqué à l'APM que la vaccination contre la grippe A(H1N1) avait débuté mardi 20 octobre auprès de tous les personnels.
Elle a recensé mardi 27 octobre au soir 264 personnes vaccinées et a relevé une accélération en début de semaine avec 100 injections réalisées pour la seule journée de mardi.
Le taux de personnels vaccinés reste toutefois faible, inférieur à 2%. L'AP-HM emploie 12.045 personnels non-médicaux (8.000 soignants) et 1.897 praticiens, note-t-on.
Aux HCL et au CHU de Lille
Aux Hospices civils de Lyon (HCL), il a été décidé également de proposer la vaccination à l'ensemble du personnel dès mercredi 21 octobre. La direction ne disposait pas d'un bilan chiffré mais a laissé comprendre qu'il n'y avait pas de mouvement massif pour se faire vacciner, ce qui justifiait l'absence de priorité entre les services.
Au CHU de Lille, la vaccination a débuté mercredi 21 octobre auprès des personnels travaillant dans les secteurs à risque (réanimation, soins intensifs,...) et elle a été élargie lundi à l'ensemble du personnel. La direction ne disposait pas de chiffres mercredi.
Dysfonctionnements dans le remplissage des bons de vaccination
Contactée mercredi par l'APM, la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) a indiqué qu'il était encore trop tôt pour dresser un bilan des bons de vaccination qu'elle avait reçus de la part des établissements de santé.
D'après les premiers bons de vaccination enregistrés par le centre de traitement de la CNAMTS, il apparaît "un certain nombre de dysfonctionnements dans leur remplissage", souligne la directrice de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos), Annie Podeur, dans une note datée de mardi, adressée aux préfets, directions départementales et régionales des affaires sanitaires et sociales (Ddass et Drass), directeurs des agences régionales de l'hospitalisation (ARH) et directeurs des établissements de santé.
Le remplissage correct de ces bons est "essentiel (...) afin d'assurer un suivi de qualité concernant aussi bien la couverture vaccinale que la pharmacovigilance tout en respectant une lecture automatisée pour en réduire les coûts de gestion", ajoute-t-elle.
La note présente des consignes afin de bien remplir ces bons pour la campagne de vaccination de la population générale dans les centres de vaccination, pour bien les conditionner à la fin de chaque demi-journée et bien les envoyer en fin de journée à la CNAMTS.
Un avis du Haut conseil pour la santé publique (HCSP) de deux pages daté du 20 octobre détaille les différentes étapes (notamment les mesures d'hygiène) pour la reconstitution du mélange vaccinal à partir de l'antigène et de l'adjuvant qui sont en présentations séparées et pour réaliser l'injection.
Enfin, dans une note d'une page datée du 22 octobre, Annie Podeur et le directeur général de la santé (DGS), Didier Houssin, rappellent l'obligation du signalement à l'Institut de veille sanitaire (InVS) des cas graves de grippe A(H1N1) qui sont hospitalisés en réanimation ou en soins intensifs.
A consulter : www.sante-sport.gouv et www.hcsp.fr
Par Caroline BESNIER et Valérie VAN DEN BOS
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