Si l'utilisation des systèmes de déclaration des erreurs se répand, peu d'études se sont attachées à évaluer la précision des déclarations ainsi collectées ou l'impact de cette mesure et les établissements de santé restent peu expérimentés sur la manière d'utiliser ces outils, soulignent le Dr Marlene Miller et ses collègues du John Hopkins Children's Center, à Baltimore.
Cette équipe de chercheurs américains s'est donc attachée à conduire une étude destinée à évaluer "la validité d'un système de déclaration des erreurs reposant sur le volontariat et de préciser si les personnes qui l'alimentent permettent de 'capturer l'essence' des erreurs médicamenteuses effectivement commises", explique le Dr Marlene Miller, dans un communiqué diffusé par l'établissement pédiatrique dans lequel elle exerce.
Ils ont donc passé en revue les données collectées pendant 19 mois grâce au système de déclaration des erreurs mis en place en 2004 dans leur hôpital, soit un total de 581 déclarations, faisant état de 1.010 erreurs médicamenteuses.
Dans leur évaluation de la fiabilité de système de déclaration des erreurs médicamenteuses, les spécialistes ont estimé que 208 cas (21%) ont dû être éliminés parce qu'ils avaient indûment été considérés comme des erreurs alors qu'au contraire 97 erreurs (10%) ont dû être ajoutées dans la liste parce qu'elles n'avaient pas été codées alors qu'elles étaient effectivement survenues. En outre, 352 erreurs médicamenteuses ont nécessité d'être requalifiées suite à une méprise dans leur classification.
Les résultats ont par ailleurs permis aux auteurs de confirmer que les erreurs médicamenteuses peuvent survenir aux différentes étapes du circuit du médicament et qu'aucune des professions impliquées (infirmier, médecin, pharmacien) n'est à l'abri de commettre une erreur. En effet, près d'un tiers (298, soit 30%) des erreurs médicamenteuses décrites grâce à ce système de déclaration étaient des erreurs de prescription, un quart (245, soit 24%) des erreurs de dispensation et moins de la moitié (410, soit 41%) des erreurs d'administration (que l'erreur porte sur le produit administré, le dosage ou l'horaire d'administration).
Les chercheurs américains estiment donc que des recherches supplémentaires restent nécessaires sur la qualité et la sécurité dans les services de pédiatrie, non seulement en ce qui concerne les systèmes de prescription informatisés, mais aussi sur les moyens à mettre en oeuvre pour sécuriser la dispensation et l'administration.
Autre enseignement tiré de cette étude : les anti-infectieux constituent la classe thérapeutique la plus fréquemment en cause dans les erreurs médicamenteuses recensées dans cet établissement pédiatrique américain (17%), devant les antalgiques et les sédatifs (15%), les compléments alimentaires et les vitamines (11%), les médicaments de l'appareil gastro-intestinal (8%) et ceux du système cardio-vasculaire (7%).
Cette analyse a également permis de constater que la majorité des erreurs médicamenteuses commises n'ont aucune incidence sur l'état de santé du patient. En effet, sur les 1.010 erreurs médicamenteuses passées en revue, 173 (soit 17%) ont été considérées comme des "presque-accidents", c'est-à-dire qu'une correction a permis de les éviter mais qu'une erreur comparable arrivant à terme pourrait avoir de graves conséquences sur l'état de santé du patient.
Plus du tiers des erreurs (379 erreurs, soit 38%) n'ont pas atteint le patient, près de la moitié (511) n'ont pas été corrigées à temps mais n'ont nécessité ni renforcement de la surveillance du patient ni traitement supplémentaire. Concernant les erreurs ayant affecté l'état de santé des patients, 103 (10%) ont nécessité la mise en place d'un suivi renforcé, 17 (2%) ont entraîné l'instauration d'un traitement supplémentaire ou un prolongement de la durée d'hospitalisation. Aucune d'entre elles n'a eu de conséquence grave et aucun décès en lien avec une erreur médicamenteuse n'a été recensé.
"En dépit d'imperfections flagrantes dans les déclarations enregistrées, un système de déclaration des erreurs médicamenteuses s'avère efficace pour collecter des informations fiables sur ce sujet de façon en temps réel", concluent les auteurs.
Cependant, précise le Dr Marlene Miller dans le communiqué, ce recueil de données sur les erreurs médicamenteuses ne se montre utile que s'il fait l'objet d'un suivi régulier et d'une exploitation pour permettre de développer des procédures de sécurité destinées à prévenir la répétition des erreurs les plus fréquentes.
Ainsi, au John Hopkins Children's Center, l'utilisation de ce système a contribué à la mise en place de différents programmes de prévention des erreurs médicamenteuses, témoigne dans ce même communiqué le Dr Christoph Lehmann, co-auteur de cette étude. Cet établissement pédiatrique s'est notamment doté d'un outil de prescription électronique pour les chimiothérapies, couplé à un système permettant de calculer les doses nécessaires pour les traitements administrés par voie intraveineuse, ainsi que d'un autre outil de calcul pour la nutrition parentérale totale, notamment utilisé pour les prématurés dans les services de soins intensifs./mr/ajr
(Quality and Safety in Health Care, juin 2006, vol. 15, n° 6, p. 208-213)
INFOS ET ACTUALITES
Erreur médicamenteuse : les systèmes de déclaration semblent utiles et efficaces
Publié le 10/07/2006
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Source : infirmiers.com
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