Quelle est réellement la valeur d'une seule journée dans l'année pour honorer la profession infirmière ? Quel est son poids pour aider à la reconnaissance d'une profession en attente de valorisation mais surtout en souffrance de ne pas l'être comme elle le voudrait ? Que changeront ces messages de soutien qui vont fleurir, ici et là, rappelant combien la profession infirmière occupe une place importante dans les systèmes de santé et combien elle doit faire preuve de leadership afin que sa voix et la qualité de son Art, l'Art infirmier, se fassent entendre, bruyamment de par le monde ? En ce 12 mai 2020, en pleine lutte contre le Covid-19, cette Journée internationale des infirmier(e)s doit trouver un écho retentissant avec un message universel : infirmières et infirmiers méritent plus que jamais reconnaissance, respect et protection.
Le 12 mai 1820, date emblématique, celle de la naissance d'une Anglaise, Florence Nigthingale,
devenue infirmière mais surtout pionnière en son temps des soins infirmiers modernes, remarquée notamment pendant la guerre de Crimée (1853/1856) où elle a joué un rôle déterminant dans la lutte contre les maladies infectieuses. N'écrivait-elle pas ceci : L’observation nous indique comment est le patient ; la réflexion ce qu’il faut faire ; la formation comment il faut le faire. La formation et l’expérience sont, bien entendu, nécessaires pour nous enseigner aussi comment observer, ce qu’il faut observer, comment penser et ce qu’il faut penser
. L'essentiel est dit pour exprimer l'essence même d'une profession et pour en expliciter ce qui en constitue son Art. Aujourd'hui, nous pourrions aller plus loin et poursuivre : "comment penser et ce qu’il faut penser... pour mettre en oeuvre des projets de recherche
qui enrichiront la pratique des soins infirmiers".
Alors oui, ce n'est pas du hasard si cette date du 12 mai, instaurée en 1965 par le Conseil international des infirmières (CII)1, honore, une fois l'an, la profession infirmière. Une journée pour exister, se faire entendre, montrer toute l'amplitude de ses compétences et ce, dans tant de champs d'exercice. Oui mais... car il reste alors 364 jours pour continuer à exister, notamment aux yeux des Pouvoirs publics, des tutelles, des décideurs, des technocrates de la santé et de tous ceux qui, trop souvent encore, décident, sans tenir compte des propositions venues du terrain par la voix de celles et ceux qui sont au plus près des patients et des usagers de la santé, 24h/24h.
L'artiste Banksy a souhaité remercier les soignants britanniques. "Merci pour tout ce que vous faites. J'espère que cela illuminera un peu l'endroit, même si c'est en noir et blanc". L'hôpital de Southampton abrite désormais une œuvre qui sera vendue aux enchères au profit du système de santé britannique.
Après la crise, qui saura se souvenir du rôle joué par les infirmier(e)s au quotidien ?
Que dire en ce 12 mai 2020, où, engagée, "au front", au coeur de la lutte contre le Covid-19, la profession infirmière a été plus que jamais remarquée par la qualité de ses compétences mais aussi par sa pugnacité, son courage, sa solidarité, voire sa résilience, déployés au fil des jours depuis maintenant plus de deux mois ? Que tout simplement elle a été "remarquable". Fin mars, nous nous interrogions sur "ce qui fait la valeur d'un soignant ?" Nous affirmions alors "que la valeur d'un soignant est inestimable et que chacun d'entre nous devrait s'en souvenir, à jamais". Nous soulignions également "qu'à l’heure des comptes et du bilan, il faudrait nécessairement une réponse forte de l’État pour que l’attractivité des métiers de la santé, leur reconnaissance, et notamment financière, soit à la hauteur de l’engagement et du sacrifice que les soignants auront montré tout au long de cette crise sanitaire, de cette « guerre », qu'ils auront mené avec un sens du devoir exemplaire". Notre conclusion perdure en ce 12 mai 2020 : de cette réponse forte de l'Etat, "nul ne peut dire à l'heure d'aujourd'hui ce qu'il va en advenir".
Patrick Chamboredon, Président de l'Ordre national des Infirmiers, le souligne à son tour : après la crise, qui saura se souvenir du rôle joué par les infirmier(e)s au quotidien ? Qui saura véritablement prêter attention à notre volonté commune et partagée de reconnaissance de nos compétences, de nos connaissances, de nos savoir-faire, de la singularité de notre approche "humaine", au plus près des besoins des patients ?
Les enjeux mais surtout les bénéfices sont pourtant évidents : vieillissement de la population, prise en charge des maladies chroniques, prévention, vaccination… Rappelons que l'année 2020 a été proclamée par l'Organisation mondiale de la santé "Année mondiale des sages-femmes et des infirmiers", des professions en effet indispensables à la soutenabilité des systèmes de santé
.
Céline Laville, présidente de la Coordination nationale infirmière, ne dit pas autre chose dans le communiqué dedié à cette journée : Cette année, face à une pandémie cruelle et meurtrière, il semblerait que l’on voit apparaitre un début de prise de conscience de l’importance de ces professionnels qui, chaque jour, se donnent corps et âmes pour soigner, accompagner et sauver des patients terrifiés face à une maladie encore inconnue il y a quelques mois. Il aura fallu cette crise pour que soient reconnues les compétences et la valeur de ceux qui, depuis des années, appelaient à l’aide et alertaient sur les manque de matériels, de lits et de personnels pour prendre en charge de manière efficiente, les usagers d’un système de santé devenu centré sur l’économie. (...) En cette Journée Internationale de l’Infirmière, gageons que les professionnels de santé trouveront, à l’avenir, la place qui leur revient dans le système de santé en contribuant de manière active à le faire évoluer
.
L'actualité du moment nous rappelle cependant au principe de réalité. La loi sur l’état d’urgence sanitaire a été adoptée ce week-end par l'Assemblée Nationale et le Sénat sans qu’y soit mentionné une seule fois le mot "infirmier" et ce d’autant que des parlementaires ont proposé des amendements pour une meilleure reconnaissance de la profession : prescription des tests de dépistage covid, prescription des vaccinations obligatoires, habilitation provisoire à établir des certificats de décès. La déception est au rendez vous car rien n'a été retenu pour elle. Question douloureuse : arrivera-t-on un jour à reconnaître la juste place des infirmier(e)s, indispensables car au cœur du système de santé et au plus près de ses usagers ?
Nous devons nous appuyer sur les enseignements de cette crise pour faire de 2020 l’année d’une meilleure reconnaissance de la véritable contribution des infirmiers. Au bénéfice d’un système de santé plus efficient, plus soutenable, mais aussi plus humain. Patrick Chamboredon
Ecouter le message de notre "Ambassadrice 2020" pour cette Journée Internationale des Infirmier(e)s, Caroline Estremo, infirmière toulousaine et... humoriste !
En 2020, soyez-en fière et fier : "on vous a remarqué parce que vous êtes vraiment remarquable".
Infirmiers.com et ses partenaires remercient les infirmières et les infirmiers
Vega, logiciel de gestion et de télétransmission pour les infirmiers libéraux, La Complémentaire Retraite des Hospitaliers du C.G.O.S, le 1er complément de retraite de la Fonction publique hospitalière, Emploi Soignant, l'expert en recrutement du secteur soignant, IDE Collection, la Boutique des soignants, Medi Formation, formations Santé en E-learning, se joignent à Infirmiers.com et à sa campagne de communication du 12 mai 2020 pour remercier toutes celles et ceux "qui font battre le coeur de notre système de santé", plus que jamais en cette période de crise sanitaire aussi inédite que dramatique.
Note
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Ce mardi 12 mai, le Conseil International des Infirmières et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge célèbrent conjointement la Journée internationale des infirmières sur le thème "Infirmier(e)s : une voix pour diriger. Une voix faite pour diriger vers un monde en bonne santé". En pleine pandémie mondiale au coronavirus l'accent est mis sur la nécessité pour les infirmiers de devenir plus actifs et plus éloquents dans l'élaboration et la mise en œuvre des politiques de santé mais aussi de leur rendre hommage, en particulier ceux qui font face à une augmentation inédite de leur volume de travail due à la prise en charge des malades du Covid-19, tout en assurant le fonctionnement d’autres services de santé essentiels.
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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