C’est lors de son Conseil national, qui s’est tenu le jeudi 16 mai, que le SNPI a décidé de soutenir par « une contribution écrite » le contentieux soumis au Conseil d’État par l’association UFC-Que choisir en novembre 2023. « Nous appelons l’État à assumer ses responsabilités et à mettre en œuvre des politiques publiques à la hauteur des défis posés par cette crise sanitaire », déclare le syndicat dans un communiqué, soulignant que la problématique des déserts médicaux constitue un véritable enjeu de santé publique. Dans certains territoires sous-dotés, ce sont ainsi des milliers de personnes qui se retrouvent sans couverture médicale adéquate.
Une désertification aux lourdes conséquences sur la population
Les causes sont connues, rappelle-t-il : « inégalités de répartition géographique des professionnels de santé, manque d'incitations pour les jeunes médecins à s'installer dans les zones rurales et périurbaines, et insuffisance de politiques publiques efficaces pour remédier à ce problème ». Le récent rapport de la Cour des comptes sur l’organisation des soins de premiers recours pointe, quant à lui, un manque de coordination entre les acteurs locaux et nationaux, un mille-feuilles d’aides et d’incitations financières mal ciblées et/ou insuffisantes, et des inégalités territoriales qui ne cessent de se creuser. « La cour est aussi très claire sur l’importance de la régulation, même partielle, que l’État aurait dû engager depuis longtemps », souligne le SNPI, qui dénonce par ailleurs « le corporatisme médical » qui tendrait à freiner les évolutions nécessaires au système de santé.
Or ces inégalités d’accès aux soins ont d’importantes conséquences : réduction de l’espérance de vie en bonne santé dans certains territoires ruraux et périurbains, et augmentation des maladies chroniques au sein des populations déjà défavorisées. « Les personnes appartenant aux 10 % les plus pauvres ont une incidence plus élevée de diabète, de maladies psychiatriques et de maladies cardiovasculaires, comparativement aux 10 % les plus riches », déplore le syndicat, citant les résultats d’une enquête de l’INSEE publiée en novembre 2023 sur l’état de santé des Français*. Les infirmiers, parce qu’ils assurent un suivi régulier des patients, représentent alors « la dernière ligne de défense contre la désertification médicale ». Mais la profession est soumise à une tension croissante face à l’augmentation des besoins. « La pénurie de médecins conduit à une surcharge de travail pour les professionnels paramédicaux, compromettant la qualité des soins prodigués et augmentant le risque de burn-out parmi les soignants », s’alarme ainsi le syndicat.
5 demandes pour freiner cette désertification
Face à cette situation jugée « critique », le SNPI formule 5 demandes pour soutenir l’action d’UFC-Que choisir :
- Condamner l’État pour faute par son inaction à mettre en pratique les solutions permettant de résoudre le problème des déserts médicaux
- Sommer l’État de mettre un système de régulation de l’installation médicale, une proposition soumise par la Cour des comptes
- Augmenter drastiquement le nombre de place pour former des médecins et sortir du numerus apertus qui est un numerus clausus déguisé, en ajoutant la possibilité pour les étudiants qui auraient échoué aux épreuves de médecines entre 2020 et 2023 de les retenter en candidats libres
- Mettre en place des systèmes de coordination plus efficaces entre les différents niveaux de gouvernance (local, régional, national) pour maximiser l'impact des initiatives locales et éviter les redondances et les inefficacités
- Permettre réellement aux autres professions de santé d’évoluer sans texte tronqué comme ce fut le cas pour la loi Rist, qui ouvre notamment l’accès direct aux infirmiers en pratique avancée en structures d’exercice coordonné, dont sont toutefois exclues les CPTS.
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