« Chaque année, 250 000 jeunes filles et plus de 350 000 garçons passent le cap des 20 ans et ne pourront plus bénéficier de la vaccination HPV », alertent dans une lettre ouverte une cinquantaine d’organisations*. Selon elles, le nombre de non-vaccinés contre les papillomavirus humains parmi les 20-26 ans serait de 4 millions, et chaque année passée représente une perte de chance de se faire vacciner pour des centaines de milliers de jeunes. Parmi eux, les garçons sont particulièrement concernés, ceux-ci n’y ayant accès que depuis 2021. Or selon une étude publiée dans la revue The Lancet en septembre 2023, 35% des hommes entre 25 et 29 ans sont infectés par le virus, soit la tranche d’âge où la prévalence est la plus élevée. Leur vaccination constitue pourtant un enjeu de santé publique : 12 de ces virus présentent un fort potentiel oncogène, et d’autres sont à l’origine de plusieurs infections sexuellement transmissibles.
Une vaccination pour tous jusqu'à 26 ans
Face à ce constat et alors que, parallèlement, le gouvernement français s’est engagé dans une vaste campagne de vaccination pour les collégiens de 5eme depuis la rentrée de septembre 2023, ces 47 organisations réclament l’ouverture de la vaccination HPV pour tous jusqu’à l’âge de 26 ans. « La vaccination de tous les jeunes adultes (femmes et hommes) jusqu’à 26 ans permettrait également d’assurer l’équité des genres et la désexualisation de la vaccination HPV », celle-ci n’étant recommandée à ce jour que pour les hommes de cette tranche d’âge ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. Elle permettrait également « aux jeunes issus de milieux socio-économiques défavorisés de se voir proposer une opportunité d’être vaccinés, cette fois sur la base d’une décision individuelle et non plus sur celle de leurs parents ». Actuellement, seules 25% des jeunes filles vivant en milieux socio-économiques défavorisés seraient vaccinées.
Quant à l’efficacité du vaccin pour cette tranche d’âge, elle a été démontrée, poursuivent-elles, citant une étude réalisée en 2020 en Suède sur des femmes âgées de 20 à 30 ans. Celles-ci présentaient alors « un risque réduit de 62% de développer un cancer du col de l’utérus en comparaison des femmes non vaccinées ». Enfin, « de très nombreux pays proposent une vaccination en population générale jusqu’à 26 ans, parfois associée à la possibilité d’un rattrapage au-delà de cet âge », preuve de l’importance de freiner la circulation du virus, avancent-elles comme dernier argument. La France, elle, s’est fixé comme objectif d’atteindre les 80% de couverture vaccinale d’ici 2030. « Cette vaccination universelle HPV relève d’une nécessité éthique, individuelle et collective », concluent-elles.
*Au nombre de 47, elles comptent notamment l'Académie des sciences infirmières, le Collège infirmier français, la Ligue nationale contre le cancer, le CHU de Nancy, le syndicat Les Biologistes médicaux, le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux, le Syndicat national des professionnels infirmiers,ou encore l'Association de promotion de la profession infirmière.
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