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AU COEUR DU METIER

Chlorure de potassium par voie intraveineuse : rappels des règles de bon usage

Publié le 04/02/2020
tableau KCL

tableau KCL

tableau ampoules KCL

tableau ampoules KCL

L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) rappelle ses recommandations en matière de règles de bon usage du chlorure de potassium ; des éléments indispensables à remettre en mémoire concernant la prescription, la dilution et l'injection lente mais également le stockage. Une affichette est mise à disposition des établissements de santé pour affichage dans les salles de soins.

Le chlorure de potassium est une solution hypertonique qu'il faut impérativement diluer.

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a reçu des signalements d’erreurs médicamenteuses liées notamment à l’administration par voie intraveineuse directe, sans dilution, des ampoules concentrées de chlorure de potassium (KCl). Ces erreurs ont pu avoir des conséquences graves, voire fatales, pour les patients.

Rappelons qu'en 2014, à l'Institut Bergonié de Bordeaux, le décès d'un patient était intervenu très rapidement suite à une grave erreur d'administration médicamenteuse. En effet, une injection de chlorure de potassium non dilué avait été réalisée par une étudiante en soins infirmiers de 3e année en lieu et place de l'injection de corticoïdes prescrite . L’ANSM rappellait donc, une fois encore, dans ce point d'information du 30 mai 2017 que le KCl en solution hypertonique doit être administré par perfusion intraveineuse (IV) lente, uniquement après dilution.

Plus récemment, une information nous révelait qu'une infirmière libérale traitant une patiente atteinte de cancer lui aurait injecté "par erreur" du chlorure de potassium en intraveineuse directe. Une fois l’injection réalisée, la patiente a été prise de vomissements et a fait un arrêt cardio-respiratoire. Les secours et les sapeurs-pompiers, alertés ainsi que le SAMU n'ont rien pu faire pour la ranimer. 

KCL : ce qu'il faut impérativement savoir

Pour mémoire, le chlorure de potassium (KCl) est indiqué dans le traitement des hypokaliémies (diminution du taux de potassium dans le sang), la correction des troubles hydro-électrolytiques et l’apport de potassium dans le cadre d’une nutrition parentérale. L'ANSM rappelle que malgré la mise en œuvre de mesures correctives (modification de l’étiquetage, des informations présentes dans le résumé des caractéristiques des produits et la notice, diffusion d’affiche…), elle a encore connaissance de cas d’erreurs médicamenteuses, notamment en lien avec la technique de préparation et avec l’administration (injection par voie IV directe, défaut de dilution ou de débit d’administration). Aussi, l’Agence met à disposition des établissements de santé une affichette dans laquelle elle rappelle les recommandations d'usage.

Pour les médecins : des règles de prescription à respecter

  • Privilégier la voie orale en cas d’hypokaliémie légère à modérée.
  • Prescrire de préférence les poches pré-diluées.
  • Toujours indiquer sur la prescription  :
    • la posologie en quantité : en g de KCl à perfuser pour les adultes et en mmol par kg et par jour pour les enfants : 1 g de KCl = 13,4 mmol de potassium (K+) ;
    • le volume total de diluant  (NaCl 0,9% ou glucose 5%) ;
    • perfusion IV et le débit de perfusion : la vitesse de perfusion (IV lente) ne doit pas dépasser 1g/heure de Kcl.
  • Etre particulièrement attentifs aux patients en restriction hydrique, à la population pédiatrique et aux patients en réanimation, pour lesquels ces recommandations doivent être adaptées.
  • Vérifier l’apport total en KCl et les interactions avec les médicaments hyperkaliémiants.

Le chlorure de potassium en solution hypertonique, doit être administré par perfusion intraveineuse lente, uniquement après dilution.

Pour les personnels soignants : solutions à diluer, en perfusion lente

  • Lire toutes les mentions de l’étiquetage.
  • Préparer sans interruption de tâche et si possible avoir un double contrôle de la préparation.
  • Toujours diluer les solutions hypertoniques (concentration maximale de 4g/L de KCl soit 53,6 mmol/L de potassium  chez l’adulte) ou utiliser une poche pré-diluée.
  • Etiqueter la préparation avec la mention de la dose et du volume total.
  • Perfuser lentement en IV en contrôlant la vitesse (ne jamais dépasser 1g/heure de KCl soit 13,4 mmol/heure de potassium chez l’adulte).
  • Surveiller les paramètres cliniques et biologiques lors de la perfusion.
  • Ne pas administrer en IV directe et ne jamais administrer par voies sous cutanée ou intramusculaire.

Pour les pharmaciens : stockage dédié

  • Privilégier la mise à disposition de solutions pré-diluées.
  • Restreindre autant que possible le stockage des solutions concentrées de KCl dans les services de soins et prévoir l’organisation et la procédure pour la réponse aux besoins en cas d’urgence.
  • Identifier le lieu de rangement par un étiquetage d’alerte et ranger à distance des autres électrolytes.

Etiquetage particulier des ampoules de Kcl : les mentions des étiquetages des spécialités à base de chlorure de potassium et d’adrénaline, sont de couleur rouge , pour limiter notamment les confusions entre : le chlorure de sodium et le chlorure de potassium et entre l’atropine et l’adrénaline.

Des événements « qui ne devraient jamais arriver »

L’ANSM rappelle que les erreurs lors de l’administration du chlorure de potassium injectable font partie de la liste des 12 évènements qui ne devraient jamais arriver / Never Events1 et doivent s’inscrire dans les priorités de prévention des établissements de santé.

Autre recommandation soulignée par l'ANSM, la déclaration des événénements indésirables. Les professionnels de santé doivent déclarer immédiatement tout effet indésirable  suspecté d’être dû à un médicament dont ils ont connaissance au centre régional de pharmacovigilance dont ils dépendent géographiquement. Les patients et les associations agréées de patients peuvent également signaler tout effet indésirable à leur centre régional de pharmacovigilance. Par ailleurs, tout signalement de risque d’erreur médicamenteuse, d’erreur potentielle ou d’erreur avérée sans effet indésirable, inhérent aux médicaments peut être transmis directement au Guichet "Erreurs Médicamenteuses".

Outils et ressources de référence

Note

  1. Circulaire N° DGOS/PF2/2012/72 du 14 février 2012 relative au management de la qualité de la prise en charge médicamenteuse dans les établissements de santé

Rédaction infirmiers.com avec Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé


Source : infirmiers.com