La situation dans les hôpitaux d'Ile-de-France, confrontés à ce pic de pathologies hivernales, n'a cependant "rien de comparable" avec la crise liée à la canicule du mois d'août, a déclaré samedi à Reuters une porte-parole de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
"C'est sans comparaison. Il n'y a rien de gravissime. Il y a beaucoup de gens qui se présentent aux urgences mais la situation était la même l'an dernier en cette période", a-t-elle dit.
"La situation est tendue mais rien ne justifie pour l'instant le 'plan blanc' dans les hôpitaux de l'AP-HP", a-t-elle ajouté. L'AP-HP regroupe 39 hôpitaux ou groupes hospitaliers, dont 35 en région parisienne.
De son côté, le directeur général de la Santé, William Dab, a souligné samedi soir que la "vigilance" était de mise face à l'afflux des malades. "Nous ne sommes pas en terrain inconnu", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse, faisant allusion au fait que les pathologies hivernales rencontrées ne sont pas "silencieuses" comme l'étaient les pathologies liées à la canicule.
"La situation est tendue mais les équipes hospitalières font face", a-t-il ajouté, en présence d'Edouard Couty, Directeur de l'hospitalisation et de l'organisation des soins et de Gilles Brücker, directeur de l'Institut national de veille sanitaire.
Après une visite à l'hôpital pédiatrique Robert-Debré à Paris, Le ministre de la Santé, Jean-François Mattei, avait invité vendredi les directeurs d'hôpitaux franciliens à activer le "plan blanc" si nécessaire pour faire face à un afflux de patients dans les urgences pédiatriques.
Les préfets de deux départements, le Val-de-Marne et les Hauts-de-Seine, ont autorisé la mise en oeuvre de ce dispositif. Tous les hôpitaux de la région parisienne n'appartiennent pas en effet au groupe de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris et peuvent être confrontés à des situations différentes.
Les pathologies traitées actuellement sont majoritairement des bronchiolites, des gastro-entérites et des syndromes grippaux affectant des enfants de moins de huit ans.
Le "plan blanc" vise à faire face aux épidémies, catastrophes, attentats ou accidents nucléaires en mobilisant des moyens d'assistance supplémentaires (lits, transports, personnels). Il avait été déclenché le 13 août dernier en Ile-de-France pour faire aux conséquences sanitaires de la canicule, qui a provoqué 4.867 décès du 1er au 20 août en région parisienne.
A 17h00, samedi, le temps d'attente dans les neuf hôpitaux publics de la région parisienne disposant d'urgences pédiatriques variait entre 45 minutes et 8 heures. Les neuf hôpitaux concernés sont: Antoine Béclère, Ambroise Paré, Trousseau, Saint-Vincent-de-Paul, Necker, Robert Debré, Kremlin-Bicêtre, Jean Verdier et Louis Mourier. L'attente était samedi soir de 8 heures à Robert Debré et de cinq heures à Jean Verdier. Dans les autres hôpitaux, les délais étaient compris entre 45 mn et deux heures.
"PROBLÈME DE SOCIÉTÉ"
"Il y a beaucoup de parents qui viennent aux urgences parce qu'il y a un déficit en termes de prévention sur les pathologies hivernales et qu'il y a une déficience des généralistes", a estimé la porte-parole de l'AP-HP.
La Coordination nationale des médecins généralistes a fait savoir samedi qu'elle se mettait à la disposition des malades atteints de grippe, bronchiolite ou gastro-entérite via le numéro d'urgence du "15" dans les Hauts-de-Seine. Une mesure qui ne satisfait pas l'AP-HP. "Les médecins généralistes devraient s'organiser, mettre en place des gardes, qui sont obligatoires", déclare-t-on.
"On est face à un véritable problème de société. C'est facile d'aller aux urgences, car cela ne coûte rien. Il y a des familles qui ne peuvent pas payer la visite à domicile d'un pédiatre de garde", souligne-t-on.
Le ministre de la Santé a d'ailleurs conseillé aux parents d'enfants malades de consulter d'abord leur médecin de famille. Beaucoup d'enfants souffrent en effet de rhino-pharyngite et non d'une bronchiolite qui se manifeste par une respiration et une toux qui sifflent.
L'AP-HP, qui a mis en place vendredi une "cellule de veille", "comme l'an dernier à la même période", n'était pas en mesure de prévoir samedi soir l'évolution de la situation.
"On fait des bilans bi-quotidiens, c'est très fluctuant. Il n'y avait personne ce matin à Robert Debré, ce soir, on a huit heures d'attente", précisait-on. "On ne peut pas se prononcer sur les jours à venir. Si les cas augmentent, on peut très bien passer à un dispositif de cellule de crise, voire de 'plan blanc'", a-t-on indiqué.
Si la situation est donc "maîtrisée" pour l'heure, cette nouvelle alerte démontre à nouveau "l'état de crise" des hôpitaux publics, selon Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers (Amuhf). "Le fait que maintenant, pratiquement tous les trois mois, et selon les épidémies et les afflux aux urgences, on soit obligé de déclencher les plans d'alerte pour avoir les moyens de travailler, ça doit interpeller l'ensemble du pays", a-t-il dit sur RTL.
"Il ne s'est rien passé depuis la canicule. Les moyens annoncés n'arrivent pas. Toutes les restrictions qu'on a connues au cours des vingt dernières années, on est en train de les payer", a-t-il estimé. Des médecins urgentistes ont encore fait état, samedi, dans la presse, de difficultés pour trouver des lits d'hospitalisation.
Le conseil d'administration de l'AP-HP a validé vendredi le plan d'économies proposé en septembre par Jean-François Mattei. Il prévoit 240 millions d'euros d'économies sur quatre ans en échange d'une "amélioration" de 230 millions d'euros de la base budgétaire de l'AP-HP sur la même période./sl/yg
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Bronchiolite et grippe : situation tendue dans les urgences pédiatriques en Ile-de-France
Publié le 01/12/2003
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Source : infirmiers.com
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