Après Londres et d'autres capitales, les autorités françaises ont simulé pour la première fois une attaque terroriste au gaz sarin -semblable à celle qui a eu lieu à Tokyo en 1995- dans la station "Invalides" du RER parisien. De minuit à 5h00 du matin, plus de 500 pompiers, médecins, secouristes et policiers récemment équipés de combinaison "NRBC" avec masque (protection du risque nucléaire, radiologique, biologique et chimique) ont ainsi pu tester l'efficacité du plan "Piratox" et de la coordination des différents intervenants.
Le scénario était connu. Deux individus suspects sont repérés par des agents de la SNCF dans la gare des Invalides. La brigade anti-criminalité tente de les appréhender. Un récipient éclate sur le quai du RER C au moment de l'interpellation. Plusieurs dizaines de personnes sont présentes sur le quai. Un train entre en gare. Le conducteur du train ainsi que les policiers informent leur permanence respective qui alertent la brigade des sapeurs-pompiers.
Le préfet de police est aussitôt avisé. Immédiatement, des engins de premiers secours et des sapeurs-pompiers équipés de tenue de protection -contrairement à ce qui s'est passé à Tokyo- sont envoyés sur les lieux de même que le dispositif policier de protection. Dix minutes plus tard, Jean-Paul Proust, préfet de police, déclenche le "Plan rouge" et le "Plan Piratox" et en prend le commandement.
Une armada de moyens déployés par les sapeurs pompiers de Paris et de quatre départements d'Ile-de-France ainsi que de la police arrivent sur place. Une zone d'exclusion de 500 mètres est délimitée. Mais, en sous-sol, on s'interroge encore sur l'origine du produit répandu sur le quai même si les premiers symptômes simulés par la cinquantaine de figurants (convulsions, irritations oculaires) laissent prévoir qu'il s'agit d'un gaz neurotoxique.
Les personnes encore valides sur le quai ou dans la rame du RER sont évacuées à l'air libre. Les personnes non valides sont ensuite brancardées. Mais il faudra plus d'une heure, après expertise des hommes du laboratoire central de la préfecture de police pour déterminer qu'il s'agit d'un gaz de type sarin. Il y a déjà deux décès dont un policier et un des suspects.
DES CHAINES DE DÉCONTAMINATION
Les hommes du Samu de Paris arrivent ainsi que la Protection civile et la Croix Rouge. Bien à l'abri, sous une tente, 200 journalistes français et étrangers conviés à suivre l'exercice suivent les opérations retransmises de bout en bout sur divers écrans. Dehors la pluie tombe drue sur les secouristes qui apportent les premiers gestes médicaux aux victimes évacuées (aide à la respiration avec des masques cagoules alimentées en air, administration d'antidotes) cependant que les sapeurs pompiers déployent les quatre chaînes de décontamination. L'opération semble longue. "Trop longue" dira aux journalistes le Préfet de police qui déplore une demi-heure de retard par rapport aux prévisions. La première douche ne sera donnée que deux heures après le déclenchement de l'opération.
Pourtant, les chaînes de décontamination sont la clef de voûte du système et consacrent la conception très française d'une "médicalisation" des secours "à l'avant", c'est-à-dire sur les lieux mêmes de la catastrophe. "Il s'agit d'éviter toute propagation de la contamination à l'hôpital", explique les porte-parole du Préfet de police. Chaque victime sera déshabillée selon des règles précises, douchée, rhabillée avec des combinaisons de secours puis "stabilisée" dans un poste médical avancé avant tout transport dans un établissement sanitaire.
De même, toutes les personnes présentes sur les lieux de l'attentat même valides devront subir le même traitement de la douche, sans quoi elles risquent de contaminer leur entourage de retour à leur domicile. La simulation avançant que 10 personnes ont quitté les lieux sans avoir été décontaminées, un appel est aussitôt lancé via les médias pour inviter ces personnes à "s'autodécontaminer" avant de rejoindre un hôpital.
Un des premiers gestes médicaux est l'administration de Valium (anticonvulsif) et d'atropine (pour diminuer les secrétions). "Le délai d'injection doit être le plus court possible", souligne le Pr Pierre Carli, responsable du Samu de Paris, qui surveille la mise en place du poste médical avancé intervenant en bout de chaîne de décontamination. "C'est dans cette zone que le SAMU prépare les patients pour le transport vers les hôpitaux", est-il précisé par l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris qui peut mobiliser tous ses établissements avec son "Plan Blanc".
Le contexte de la simulation semblait optimal pour un déploiement des services de secours. L'exercice a été organisé de nuit pour "ne pas trop gêner les Parisiens". Le bouclage du quartier des Invalides a été limité à un strict périmètre et le métro et les transports n'ont été interrompus que sur quelques stations.
Prié de dire si ce contexte n'était pas irréaliste, le préfet de police Jean-Paul Proust a déclaré que l'exercice ne visait pas dans l'immédiat à tester les capacités de rapidité des secouristes en situation réelle, mais plutôt à valider les nouveaux équipements et à vérifier que les différents services pouvaient communiquer et travailler ensemble. "C'est plutôt un exercice de formation professionnelle", a-t-il dit.
"Aujourd'hui, nous n'avons pas connaissance d'une menace particulière, mais nous souhaitons que l'ensemble de nos dispositifs soient régulièrement testés. Ce qui est frappant, c'est la capacité d'intégration des différents services dans une organisation commune", a dit le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui s'est adressé sur place à la presse.
De son côté, Nicolas Sarkozy, également sur les lieux, a annoncé que 50 exercices de ce type se tiendraient l'année prochaine dans tout le pays, avec l'objectif d'un test pour toutes les grandes villes. La France a "pris du retard" par rapport à d'autres pays, a reconnu le ministre de l'Intérieur./yg
INFOS ET ACTUALITES
Attaque terroriste simulée à Paris : la chaîne des secours à rude épreuve
Publié le 25/10/2003
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Source : infirmiers.com
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