Les cancers constitueront-ils la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19 ? Cette dernière a en effet freiné la réalisation de nombreux tests de dépistage, d’examens de diagnostic ou de surveillance, perturbant ainsi le bon déroulement des traitements et le suivi des patients. Les spécialistes craignent une forte recrudescence de nouveaux cas dans les mois à venir. Dans ce contexte de prise en charge tardive, les résultats d’une étude portant sur le niveau d’information des Français à l’égard de cette maladie nous livrent des éléments d’importance.
Le sentiment exprimé par les sondés à l’égard de l’absence de messages de prévention et de sensibilisation sur le cancer depuis l’apparition de la Covid-19 est très préoccupant, d’autant plus que le niveau d’information des Français sur le cancer était déjà bien perfectible avant la crise sanitaire, notamment auprès des plus jeunes
, précise Marie Grillet, Responsable Communication Santé & Social chez Enderby, cabinet de conseil en stratégies de marque et influence à l'initiative de cette étude1. En effet, 42 % des sondés de moins de 50 ans s’estimaient "mal informés" sur le cancer et près de 9 % "très mal informés" (un chiffre qui monte à 11 % pour la tranche d’âge 18-24 ans). Une large majorité de Français partage ainsi unanimement le cri d’alarme des spécialistes et 70 % d’entre eux estiment que les messages de prévention n’ont toujours pas retrouvé leur visibilité depuis le déconfinement.
Les Français interrogés soulignent un bon niveau d’information sur le dépistage (61 %) et sur les facteurs aggravant le risque de cancer (59 %), mais se disent "moins informés" sur les traitements (50 %)
Pour Enderby, ces résultats interrogent puisque, en parallèle, les modes d’information évoluent vers des supports de moins en moins traditionnels. Si les professionnels de santé restent les premières sources d’information sur le cancer (pour 62 % des sondés), les recherches sur Internet constituent la seconde source d’information (pour 55 % des répondants). Les réseaux sociaux ne sont utilisés que par 20 % des personnes interrogées mais 41 % des 18-24 ans déclarent y avoir recours pour s’informer
. Question confiance, si les Français ont unanimement confiance dans les informations transmises par les professionnels de santé (89 %) et les associations de patients (87 %), ils sont beaucoup plus réservés à l’égard du Gouvernement (54 %) et des laboratoires pharmaceutiques (seuls 47 % leur font confiance).
61 % des Français sont bien informés sur le dépistage mais la moitié des sondés s’estime mal informée sur les traitements
Les Français s’estiment "bien informés" sur le cancer, mais ils ne sont que 11 % à s’estimer "très bien informés". Ils soulignent un bon niveau d’information sur le dépistage (61 %) et sur les facteurs aggravant le risque de cancer (59 %), mais se disent "moins informés" sur les traitements (50 %), le vécu d’un patient atteint de cancer (47 %), la recherche (46 %) et le rôle des aidants (45 %). Des résultats qui illustrent sans doute le fait que l’épidémie de Covid19 a rendu peu audible les campagnes habituelles de sensibilisation alors que 90% des sondés disent y porter "un regard positif" et 34% "y participent activement".
S’agissant des facteurs de risque, le tabagisme, les pesticides, l’alcool, la pollution et l’exposition au soleil sont connus des Français. En revanche, les risques liés à une alimentation déséquilibrée et à une absence d’activité physique sont sous-estimés. Rappelons qu’en France, le nombre de nouveaux cas de cancer qui pourraient être prévenus par une alimentation en lien avec les recommandations sanitaires du Ministère des Solidarités et de la Santé s’élèverait à 19 000 pour une année. Autre conséquence de la crise sanitaire et du confinement, l’inactivité physique imposée aux Français deux mois durant… alors que l’activité physique est recommandée pour les malades ou anciens malades du cancer, traitement efficace contre la fatigue et le risque de récidive.
Plus les Français sont jeunes, plus ils sous-estiment les facteurs de risque dans leur ensemble
Les maladies chroniques n’ont pas disparu avec l’épidémie de la Covid-19 et il devient urgent de remettre en lumière ces messages de santé publique pour inciter les Français à réaliser leurs tests de dépistage, d’examens de diagnostic ou de surveillance
, conclut Delphine Jouenne, associée cofondatrice d’Enderby.
Enquête à l’initiative du cabinet de conseil en stratégies de marque et influence Enderby, réalisée par Odoxa sur Internet les 25 et 26 février 2020 auprès d’un échantillon de 1004 Français représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Question spécifique sur les effets de la crise sanitaire sur l’information sur le cancer réalisée les 10 et 11 juin 2020. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, niveau de diplôme et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération.
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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