Depuis quelques mois, une expérience d'initiative fédérale est en cours dans certaines régions (Luxembourg, Hainaut,...) afin de réaliser des prises en charge urgentes des patients d'un niveau intermédiaire entre le 100 (ambulanciers secouristes) et le SMUR (infirmier spécialisé et médecin) : le Paramedic Intervention Team ou PIT (ambulancier + infirmier spécialisé). Un appel récent a également été lancé pour tenter cette expérience en zone urbaine.
Sans trop insister sur le mauvais choix de ce nom américain peu conforme à la législation belge (les infirmiers belges ne sont pas des paramédicaux au sens légal du terme mais bien les praticiens d'une profession particulière, ni médicale, ni paramédicale), suite au rapport produit par l'AFIU (association francophone des infirmiers d'urgence) que nous soutenons, nous aimerions rappeler quelques conditions incontournables pour la réussite d'un tel projet…
1. Pour que les infirmiers participants à cette expérience puissent travailler comme le projet le prévoit, la législation sur l'exercice de l'art infirmier vient d'être modifiée. Il est indispensable de prévoir des moyens et une période de formation et de familiarisation des praticiens en regard de cette modification. Nous rappelons que le système des prescriptions orales peut être utilisé, mais nous recommandons un matériel plus adéquat de type "communications mains libres", ainsi que l'enregistrement des conversations. Les centres d'appel 100 devraient probablement également être modernisés.
2. Les protocoles médicaux utilisés actuellement dans cette phase expérimentale ne sont pas encore tous enseignés dans le cadre de la spécialisation SIAMU et leur application nécessite une grande expérience de pratique clinique en soins urgents, grande expérience qui n'est actuellement ni définie ni exigée pour partir en PIT - ceci pourrait entraîner des dangers pour les patients et mettre l'infirmier en difficulté. Les textes devraient imposer un nombre minimum d'années d'expérience en soins urgents pour pouvoir participer à ce système. Certains protocoles utilisés actuellement dans les centres expérimentaux présupposent que l'infirmier pose un diagnostic avant de suivre le protocole. Ce n'est et ne doit pas être le cas. Un infirmier ne devrait suivre que des protocoles basés sur des signes cliniques.
3. Etant donné qu'il s'agit d'une phase expérimentale, des assurances complémentaires en responsabilité civile professionnelle devraient être prises par les centres expérimentaux en vérifiant la parfaite couverture des éventuels écueils de ces expériences pilotes. La moindre faiblesse dans ces expériences pourrait être exploitée par un patient mécontent, et la responsabilité de l'infirmier pourrait vite être exposée.
4. Il est primordial que le premier maillon de cette chaîne d'appel des secours soit optimal (en compétences et en technologies) afin de pouvoir assurer une bonne efficience du PIT. Il ne faudrait pas qu'il soit maladroitement envoyé sur des situations médicales nécessitant un SMUR...
Il est également important de ne pas implémenter de PIT dans l'objectif de supprimer des SMUR dans certaines régions, auquel cas l'infirmier et le patient pourrait être mis en difficultés en devant attendre trop longtemps l'arrivée du médecin urgentiste en cas de nécessité. Le PIT est prévu pour certains types d'urgences, le SMUR pour d'autres, ces deux fonctions sont donc complémentaires.
5. Nous profitons du lancement de ces expériences pour rappeler que les infirmiers porteurs du titre SISU ne perçoivent pas tous une prime spécifique pour cette fonction particulière. Le projet PIT ajoute encore une spécificité au métier d'infirmier aux urgences. Il est grand temps de prévoir des conditions financières reconnaissant l'effort de spécialisation et d'adaptation des infirmiers dans certains secteurs – les urgences en sont un exemple.
6. Ces remarques sont formulées ici et sous cette forme car il n'y a pas d'autre lieu officiel où le faire actuellement pour les infirmières vis-à-vis de ce projet. En effet, il existe un comité fédéral d'accompagnement du projet PIT où siègent 2 représentants du ministre, 2 représentants de l'administration et 2 experts médicaux... Il nous semble qu'il serait judicieux d'y adjoindre au moins des représentants de la profession infirmière (dont certains experts en la matière). Des représentants des infirmiers doivent aussi officiellement accompagner ce projet.
Notre volonté est donc d'aider les autorités à rendre ce projet plus réaliste, d'aider les autorités à en faire un succès, et de tenir informée la profession afin de prévenir toute dérive dangereuse.
Association belge des praticiens de l'Art Infirmier
Av Hippocrate, 91
1200 Bruxelles
Tél. 02/762.56.18
Fax. 02/772.52.19
acn@infirmieres.be
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Améliorer le transport sanitaire urgent grâce aux infirmiers. Oui, mais…
Publié le 16/06/2007
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Source : infirmiers.com
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