Les professionnels de santé sont-ils exposés à un risque accru de développer un cancer ? Quelles sont leurs pratiques de dépistage ? Le projet de recherche Capessa — pour pratiques de dépistage, incidence et mortalité par cancer chez les personnels du secteur de la santé — entend justement répondre à ces questions. Lancé fin 2023*, inédit en France, il «s'appuie sur les données qui viennent du recensement et celles du système national des données de santé».
Meilleur pronostic
L'hypothèse avancée par l'équipe de recherche : que ces acteurs dépistent mieux leurs cancers et ont un meilleur pronostic, ce qui entraînerait une incidence augmentée de certains cancers et une mortalité inférieure en raison d'un dépistage et d'un traitement précoce, souligne Barbara Charbotel, professeure des universités-praticien hospitalier de médecine et santé au travail au CHU de Lyon (Rhône) et coordinatrice du projet. «Nous avons aussi formulé l'hypothèse que certains cancers seraient en excès dans ces professions, peut-être à cause des expositions professionnelles comme les radiations ionisantes pour tout ce qui est radiologie interventionnelle.» À ces risques s'ajoutent aussi l'exposition au formol mais surtout le travail de nuit, classé comme cancérogène probable dès 2007 par le Centre international de recherche sur le cancer, avec toutefois un niveau de preuve limité.
L'étude a d'ores et déjà permis d'identifier un excès de risque de certains cancers chez les professionnels du secteur de la santé : le cancer du sein chez la femme et de la prostate chez l'homme. Ces résultats sont en train d'être affinés.
Prise en compte des multiples facteurs de risque
L'exploitation des données prendra en compte la profession exercée, le sous-secteur d'activité au sein de la santé (incluant le médico-social) et les expositions à des cancérogènes professionnels ou extraprofessionnels. Les facteurs de risque généraux — consommation d'alcool et de tabac, activité physique — seront également évalués en utilisant des données sur la prévalence de la consommation ou des pratiques d'activité. L'équipe s'appuie pour cela sur des sources de données existantes, comme le baromètre santé de Santé publique France et l'observatoire Évolution et relations en santé au travail. "Globalement, il y a moins de consommation de tabac dans le secteur de la santé qu'ailleurs, sauf en Ehpad par exemple" et cela varie aussi en fonction des professions, décrit Barbara Charbotel.
*dans le cadre d'un appel à manifestation d'intérêt (AMI) de la fondation Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) et la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques. Le projet Capessa est porté par la plateforme de recherche de l'Institut de cancérologie des Hospices civils de Lyon, l'Unité mixte de recherche épidémiologique et de surveillance transport travail environnement Univ-Lyon et le Centre régional de pathologies professionnelles et environnementales lyonnais.
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