L’enquête a déployé une centaine de questions entre 5 avril et 16 juin 2023, et plus de 500 actifs aidants, anciens aidants, managers et collègues d’aidants y ont répondu. Parmi les chiffres notables, on apprend que :
- Un tiers des salariés aidants a été contraint de démissionner pour prendre soin d'un proche
- 66% des salariés aidants constatent que leur situation a un impact négatif sur leur travail. Plus surprenant, les aidants rapportent également un effet négatif sur la vie professionnelle de leur conjoint pour plus de 4 d’entre eux sur 10 (41%).
- Néanmoins, ils sont près de 7 travailleurs aidants sur 10 (69%) à avoir acquis de nouvelles compétences grâce à leur rôle, que ce soit la gestion des priorités (91%), l’organisation du temps (86%) ou l’efficacité (80%). Un chiffre corroboré par leurs collègues et managers (65%).
Précarisation
-
Pour pouvoir répondre pleinement aux besoins du proche aidé, les salariés concernés ont besoin de temps, d’autant plus qu’ils sont aujourd’hui 25% à s’occuper d’au moins deux personnes dépendantes.
- Ils sont ainsi plus d’un quart (26%) à travailler à temps partiel, un chiffre en baisse de 14 points par rapport à 2020 (40%), probablement du fait de la mise en place renforcée du télétravail. Un choix du temps partiel subi par 69% des interrogés qui vient accentuer leur précarisation. C’est un véritable enjeu sachant que la plupart des aidants contribuent financièrement à la prise en charge de leur proche fragilisé : plus d’un tiers des salariés aidants (35%) consacrent entre 500€ et 1000€ à la personne aidée.
- Une précarisation appuyée encore davantage par le niveau de rémunération des aidants. La part des actifs aidants touchant une rémunération brute mensuelle de moins de 2000€ est de 11 points supérieure à celle des actifs non aidants. De même, la part des actifs aidants dont le salaire brut mensuel s’élève à plus de 3000€ est inférieure de 17 points par rapport à celle des actifs non aidants.
- Une précarisation qui se manifeste également par un retour à l’emploi difficile. En effet, alors que 86% des aidants qui sont aujourd’hui sans emploi n’ont pas eu d’autre choix que d’assumer cette situation, plus d’un tiers d’entre eux (34%) affirment qu’elle a contribué à leur perte d’emploi. Par ailleurs, elle constitue un frein pour retrouver un emploi pour près de la moitié (48%). Une précarisation discriminante, puisque les aidants actifs sans emploi sont aujourd’hui en grande majorité des femmes (64% contre 36% d’hommes) et des seniors : 62% ont plus de 50 ans contre 38% qui ont moins de 49 ans.
Les aidants, pas forcément des séniors
- Aujourd’hui, plus de la moitié des salariés aidants (52%) sont des femmes, contre 48% qui sont des hommes. Et contrairement aux idées reçues, ils ne sont pas forcément des séniors car ils sont près de la moitié à avoir moins de 50 ans (48%).
- Les salariés aidants sont présents dans tout type d’organisation quelle que soit sa taille de manière parfaitement équivalente, à savoir : un tiers dans des entreprises de 249 salariés ou moins (37%), un tiers dans des entreprises de 250 à 4999 salariés (31%), et un tiers dans les entreprises de plus de 5000 salariés (32%).
- Trois quarts des travailleurs (75%) concernés par la problématique de l’aidance évoquent leur situation sur leur lieu de travail. 62% le font auprès de leurs collègues, 52% avec leur manager, tandis que 31% s’adressent directement à leur DRH, notamment dans le but d’aménager leur temps de travail — une solution mise en place par 46% des personnes interrogées.
Méconnaissance
- A l’avenir, les salariés aidants seront amenés à être plus nombreux. Plus de 7 actifs non-aidants sur 10 (72%) considèrent qu’ils seront probablement ou certainement aidants dans les 5 ans à venir. Face à cette perspective, plus de 6 responsables des ressources humaines sur 10 (64%) indiquent avoir mis en place des actions pour adresser la problématique de l’aidance.
- Pourtant, l’aidance reste encore trop peu, mal, ou trop difficilement prise en compte par les employeurs. Preuve en est : 40% des responsables RH rencontrent des difficultés à s’en saisir, le sujet ne fait d’ailleurs même pas partie du dialogue social au sein de leur organisation selon près de 6 d’entre eux sur 10 (59%). Cela s’explique en partie par une méconnaissance avérée du phénomène : un tiers des responsables RH (33%) ne savent pas que 20% des salariés en France sont des aidants, et deux tiers (63%) n’ont pas conscience que l’aidance impacte 30% de l’ensemble d’un effectif. Ils sont pourtant près de la moitié (47%) à être interpellés sur le sujet, dont un tiers (34%) par des sollicitations qui proviennent des managers.
Interfacia, spécialiste du management de l’aidance en entreprise a réalisé cette enquête en partenariat avec Tilia, start-up développée au sein de BNP Paribas Personal Finance, le Groupe mutualiste VYV, l’Association des Pôles Territoriaux et des Pays et le Lab RH.
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