Si le ton des communiqués est différent, le Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI) et la Fédération Hospitalière de France (FHF) se rejoignent sur un point : la pénibilité doit impérativement être prise en compte dans le projet de réforme des retraites présenté par le gouvernement.
Le SNPI, très remonté, invite «tous les infirmières et infirmiers salariés de tous les secteurs (public, privé lucratif, privé non lucratif, santé au travail, santé scolaire) à faire grève et à manifester le jeudi 19 janvier», afin de s’opposer à une réforme des retraites qu'il estime «abjecte» et qu'il refuse catégoriquement. «Nous avons cotisé toute notre vie pour nous assurer une retraite digne. C’est notre argent, nos cotisations sociales. Le gouvernement veut piquer dans notre caisse de retraite pour d’autres fins que la protection sociale. Ne nous laissons pas faire» s'insurge Thierry Amouroux, porte-parole du SNPI CFE-CGC.
«Le projet d’Emmanuel Macron est de repousser l’âge de la retraite à 64 ans, et de dégrader la situation y compris pour les métiers pénibles et les carrières longues. C’est totalement irresponsable, alors qu’il y a déjà 60 000 postes infirmiers vacants dans les établissements de santé, et que 10% des soignants sont en maladie, épuisement, dépression, burnout», affirme-t-il encore, réclamant «une reconnaissance de la pénibilité de la profession, dans le public comme dans le privé».
La FHF attend un nouveau cycle de négociation
Du côté de la FHF, le ton est plus mesuré mais les objectifs sont les mêmes. La réforme doit être «améliorée» a estimé pudiquement Arnaud Robinet, son président, notamment par la prise en compte de la pénibilité. La FHF dit «comprendre les inquiétudes des agents hospitaliers», en particulier les 250 000 aides-soignantes, infirmières et sages-femmes «qui relèvent de la catégorie active*» et devront travailler jusqu'à 59 ans contre 57 actuellement. «La réforme doit préciser un certain nombre de choses», dont «la place de la catégorie active», mais aussi «ajouter des critères de pénibilité», a-t-il poursuivi, souhaitant «qu'un nouveau cycle de négociation s'organise dès ce début d'année».
Des points de vigilance
Arnaud Robinet promet d'être «très attentif aux modalités précises» des mesures annoncées en matière de cumul emploi-retraite (tout retraité de l'Assurance retraite du régime général de la Sécurité sociale peut reprendre ou poursuivre une activité professionnelle et cumuler, sous certaines conditions, sa pension de retraite de base avec les revenus de cette activité) et de retraite progressive (un dispositif qui permet, au-delà de 60 ans, de réduire son activité professionnelle et de toucher une partie de sa retraite), ainsi qu'à «la répartition» du fonds de prévention de l'usure professionnelle destiné aux hôpitaux et maisons de retraite publics. Le président de la FHF souhaite utiliser cette manne de 100 millions d'euros par an pour favoriser «la formation professionnelle et l'évolution des carrières», afin de «renforcer l'attractivité» du secteur, qui souffre d'un absentéisme et de difficultés de recrutement croissantes, en raison de conditions de travail dégradées.
A deux jours d'une première grève contre la réforme des retraites, «on ne mesure pas le degré de mobilisation dans les établissements de santé», mais «nous redoutons tous ce mouvement social», a déclaré Arnaud Robinet lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis).
*Un emploi public de catégorie active est un emploi qui présente un risque particulier ou des fatigues exceptionnelles. Les emplois sont classés en catégorie active par décret ou arrêté ministériel.
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