Pour son premier déplacement, Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, a choisi l’hôpital. Et plus précisément au siège du Samu, situé au sein de l’hôpital Necker, où il a notamment participé à une table ronde avec le personnel. S’il précisera les grandes orientations en matière de santé lors de son discours de politique générale devant l’Assemblée, début octobre, il a déclaré vouloir en faire une « des priorités » de son gouvernement. Il faut que « des progrès rapides soient visibles dans les campagnes dans l’offre de soins », a-t-il souhaité, « en même temps qu’on continuera à s’occuper de mieux faire fonctionner l’hôpital avec les personnels. » Se disant « à l’écoute des soignants », il a assuré qu’il était possible de faire des « progrès » en santé. Mais pour autant « sans faire de miracle », a-t-il nuancé, soulignant que « la France est aussi en état d’urgence ».
Avec la dissolution de l’Assemblée puis sa recomposition, c’est tout le secteur qui a pris du retard : définition du budget de la Sécurité sociale, dont le déficit se creuse, suspension des travaux sur plusieurs textes très attendus, dont ceux sur la réforme infirmière, publications de décrets, à commencer par ceux autorisant l’accès direct aux infirmiers en pratique avancée. Le directeur du Samu, Frédéric Adnet, a vu dans cette visite « un symbole fort » et un « message rassurant », dans un contexte où l’hôpital public est asphyxié par le manque de personnel.
Chez les infirmiers, des attentes et de la colère
Un avis que ne partage pas le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), qui alertait durant l’été sur les situations que vivent les soignants au quotidien. Il dénonce d’ores et déjà une politique d’économie sur le dos du secteur qui ne pourra qu’aggraver la crise qu’il traverse déjà. « Les soignants appellent à l’aide. Au lieu de les écouter, le nouveau Premier Ministre parle de réorganiser et d’économiser », réagit-il ainsi dans un communiqué. 60 000 postes d’infirmiers demeurent vacants à l’hôpital public, avec de graves conséquences pour les patients qui sont pris en charge dans des conditions dégradées. Pour ces professionnels, « la solution est simple, voire évidente : améliorer les conditions de travail et revaloriser les salaires pour redonner du sens et recruter », fait-il valoir, insistant sur la nécessité de réduire la surcharge de travail en instaurant des ratios soignants/patients, d’augmenter les salaires, de recruter en masse en adaptant les formations ou en redonnant du sens à la profession. « Le plan d’urgence réclamé par les infirmiers est un « plan Marshall » pour l’hôpital. Mais à l’heure où le gouvernement parle d’économies, la question reste entière : comment accepter que dans la sixième puissance mondiale, des citoyens voient leurs vies raccourcies ou compromises par un système qui peine à leur offrir les soins les plus basiques ? », s’indigne-t-il.
Le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (SNIIL) se veut, lui, plus mesuré. Il appelle surtout à reprendre les travaux parlementaires autour du métier. L’aboutissement de la refonte de la profession avait été promise par Frédéric Valletoux, alors ministre de la Santé, pour la fin de l’été, rappelle-t-il. Or il y a urgence, car ce n’est qu’à la conclusion de ces travaux que pourront s’ouvrir les négociations conventionnelles tant réclamées par les infirmiers libéraux. « Il est impératif pour la profession » que celles-ci puissent se tenir avant la fin de l’année, prévient-il. « Elles devraient enfin permettre une valorisation des actes infirmiers ainsi qu’une reconnaissance des nouvelles compétences. »
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