«Nous devrons créer 6 postes infirmiers de façon à assurer une activité 24h sur 24 et une prise en charge, ainsi que 6 aide-soignants qui sont amenés à travailler sur des fonctions de prise en charge de proximité des patients mais aussi de lien avec les familles», a déclaré au cours d'une conférence de presse David Larivière, le directeur général par intérim du CHR. «Cela correspond à la demande qui a été formulée par l'équipe, nous y avons répondu favorablement», a-t-il ajouté. «Nous avons également envisagé des solutions en interne pour mieux organiser les locaux et donc étendre les surfaces de prise en charge des patients». Ces mesures adviennent en réponse à une situation de crise alors que 55 infirmiers et aide-soignants sur 59 (soit 93% de ces professionnels) des urgences de Thionville ont été placés en arrêt maladie à partir du 30 décembre, parfois sur décision des médecins des urgences eux-mêmes. Le CHR est également en attente d'un nouveau directeur général, qui sera nommé «d'ici la fin du mois de janvier», pour une prise de fonction «au plus tard fin mars», a fait savoir la directrice de l'ARS Grand Est, Virginie Cayré.
Réactions en demi-teinte
«De nombreuses propositions ont été faites, elles sont porteuses d’espoir, mais on ne fait pas une révolution en 24 heures, la situation est assez semblable dans d’autres établissements français», a réagi Philippe Alarcon, chef du service des urgences de Thionville, présent lors de la conférence de presse. «Ces mesures sont tout à fait insuffisantes», a réagi Patricia Schneider, déléguée Sud-Santé. «Les 6 aide-soignants ne feront pas que des tâches aux urgences mais également dans d'autres services, et les 6 postes d'infirmiers ne sont pas pérennes mais provisoires. Le directeur a lui-même reconnu en réunion qu'il n'avait pas de mesure de long-terme à proposer».
Les assistants du Samu appellent eux-aussi à l'aide
«Il y a urgence à sauver les premiers soignants du système de santé» : alors que les appels au 15 ont explosé sous l'effet des épidémies hivernales, les assistants de régulation médicale (ARM) des Samu réclament des renforts et une revalorisation de leur métier. La profession est «au bord de l'implosion», écrit dans un communiqué l'Association française des assistants de régulation médicale (Afarm), l'une des deux organisations du secteur. Premiers interlocuteurs des patients lors des appels aux centres 15, les ARM sont environ 2 500 sur le territoire français, selon l'Afarm, qui en réclame «800 supplémentaires pour travailler dans des conditions plus humaines».
Les capacités de formation ont été accrues, et devraient atteindre environ 750 places fin 2023, contre 400 aujourd'hui. Mais ces cursus, qui durent dix mois, sont loin de faire le plein. Les organisations du secteur mettent en cause les conditions de travail et le niveau de rémunération, qui débute à environ 1 400 euros. Pour renforcer l'attractivité du métier, elles réclament que les ARM soient versés dans la «filière soignante» - et non administrative - de la fonction publique hospitalière, mais aussi en «catégorie active» afin de bénéficier d'un départ anticipé à la retraite.
«Rendez-vous de toute urgence»
En outre, les représentants des assistants de régulation médicale exigent une meilleure reconnaissance des «nouveaux postes de coordinateur et superviseur», afin de «donner des perspectives d'avenir» aux ARM les plus expérimentés. «Sans statut, sans campagne de communication digne de ce nom, on n'arrivera pas à recruter», estime Yann Rouet, coprésident de l'Afarm, qui décrit des professionnels «épuisés, qui quittent le navire parfois en burn-out». L'association demande «un rendez-vous de toute urgence» au ministre de la Santé, François Braun, médecin urgentiste il y a encore quelques mois. «Le métier est à bout de souffle et lance un dernier cri d'alerte. Si celui-ci reste sans écoute une fois de plus, il sera le dernier avant un mouvement national des ARM sans précédent», prévient l'organisation.
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