Tripoli, la double vie de Rami est à l’image du quotidien des quartiers voisins Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen: banalement meurtrier. Reportage.
Planté à l’entrée d’un centre médical du quartier tripolitain d’Abou Samra, où 90% des patients sont Syriens, Rami porte une veste blanche et s’occupe de leur accueil. Ce jeune trentenaire aux joues de marmotte mal rasées, père de quatre enfants, y est infirmier trois jours par semaine. Perché en haut d’une colline de la ville du nord du Liban, le centre de soins se tient à l’écart des quartiers Bab el Tebbaneh et Jabal Mohsen, où se trouver au mauvais endroit au mauvais moment peut coûter la vie. L’énumération meurtrière des médias libanais ces dernier jours le rappelle : au moins seize personnes y ont été tuées et plus de quatre-vingts blessées depuis le lundi 21 octobre. Pendant dix jours, une énième série d’affrontements s’est déclenchée entre les habitants de Bab el-Tebbaneh, quartier sunnite pro-opposition syrienne, et ceux de la colline de Jabal Mohsen perchée au-dessus, où la minorité alaouite proche du gouvernement syrien se sent prise au piège, dans une ville sunnite à plus de 80%.
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