Si elle est essentiellement bégnine, l’infection à virus respiratoire syncytial (VRS) touche l’ensemble de la population, et tous les enfants de 0 à 2 ans y sont exposés. Et chaque hiver, elle représente la première cause d’hospitalisation et de passage aux urgences en pédiatrie, rappellent six sociétés savantes en néonatologie et en pédiatrie* dans un communiqué commun. Elles y délivrent leurs recommandations de prévention pour l’hiver 2024-2025, qui reposent sur l’usage du Beyfortus, le vaccin mis au point par Sanofi à destination des nourrissons, mis sur le marché en août 2023.
En 2022, l’épidémie de bronchiolite, couplée à celles de Covid-19 et de grippe, avait épuisé les professionnels de santé ; en 2023, les passages aux urgences avaient été moins fréquents et avaient débouché sur moins d’hospitalisations, mais la situation était tout de même demeurée tendue. L’enjeu était alors de déterminer l’efficacité de l’anticorps monoclonal (le nirsevimab) de Sanogi. Celui-ci « a connu un fort taux d’adhésion de la part des familles et de nombreuses études cliniques ont confirmé sa sécurité et son efficacité dans la prévention de bronchiolites à VRS du nouveau-né et du nourrisson », avancent les sociétés savantes. La vaccination a pu être réalisée auprès de 250 000 enfants, majoritairement des jeunes nourrissons de moins de 3 mois, les plus à risque de présenter une forme grave. Côté efficacité, l’institut Pasteur, notamment, a estimé que 5 800 hospitalisations avaient pu être évitées grâce au vaccin, qui réduirait selon les retours des établissements de « 70 à 80% le risque de bronchiolite à VRS tant pour les formes ambulatoires que pour les formes sévères hospitalisées », poursuivent-elles. Pour l’hiver 2024-2025, 600 000 doses de Beyfortus devraient être disponibles.
Une stratégie à deux vaccins
Elles préconisent ainsi de construite la stratégie de lutte contre la bronchiolite autour du vaccin de Sanofi mais aussi de celui de Pfizer, l’Abrysvo, à destination des femmes enceintes. En mars dernier, la Haute autorité de santé (HAS) approuvait leur usage, au choix, dans ses recommandations. Les sociétés savantes rappellent que la vaccination par l’Abrysvo doit s’effectuer chez les femmes enceintes au 3eme trimestre de la grossesse, celle par le Beyfortus chez tous les nourrissons de moins d’un an. Elles recommandent par ailleurs que celle-ci s’effectue « dès la maternité pour les enfants naissant en période épidémique et en facilitant le circuit de prescription, d’administration et de prise en charge financière pour le rattrapage en ville de ceux nés après la fin de l’épidémie 2023-2024 (dès début janvier 2024) ». Elles préconisent également de l’étendre aux enfants de 1 à 2 ans présentant des risques de forme grave de bronchiolite (maladies pulmonaires chroniques, hypertension artérielle pulmonaire, insuffisance cardiaque, trisomie 21…) et entrant dans leur deuxième saison d’exposition aux infections à VRS. Enfin, l’administration du vaccin peut passer par deux circuits de distribution : en pharmacie d’officine, sur prescription, et en établissement de santé ( maternité, hospitalisation de néonatologie et de pédiatrie) « sans facturation aux familles ».
Lire le communiqué communs des sociétés savantes
* Société française de pédiatrie, Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique, Groupe francophone de réanimation et d'urgences pédiatriques, Société pédiatrique de pneumologie et d'allergologie, Société française de néonatologie, Association française de pédiatrie ambulatoire
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