« La pandémie de Covid-19 de mars 2020 est associée à une augmentation significative de l’incidence du scorbut […] et de sévère malnutrition » chez les enfants en France, conclut une étude menée par les équipes du service de pédiatrie générale et du centre de référence des rhumatismes inflammatoires et maladies auto-immunes systémiques de l’enfant (RAISE) de l’hôpital Robert-Debré (AP-HP), de l’Inserm, de l’université Paris Cité et du département de pédiatrie de l’hôpital Cayenne en Guyane, et publiée dans le Lancet Regional Health Europe.
Une résurgence due aux difficultés socio-économiques croissantes
L’étude s’appuie sur le suivi de 888 enfants atteints de scorbut sévère et hospitalisés entre 2015 et 2023, pour un âge moyen de 11 ans. Elle se divise en deux périodes : celle pré-pandémique (2015-2020) et post-pandémie (2020-2023). L’augmentation des hospitalisations est estimée à 34,5 % après le début de la pandémie de COVID-19, quand la hausse des cas de malnutrition sévère est estimée à 20,3%, particulièrement chez les 11-17 ans. Ces augmentations sont corrélées à une dégradation de l’état nutritionnel des enfants. « Les défis socio-économiques posés par la pandémie ont augmenté les prix de la nourriture, limitant l’accès à une alimentation fraîche et variée, et entrainant potentiellement une hausse des taux de scorbut et de malnutrition », s’inquiètent ainsi les auteurs de l’étude. L’inflation des prix de la nourriture atteignait ainsi 15% en janvier 2023 en France. Les effets de la crise de Covid-19, couplés aux conflits géopolitiques actuels, à commencer par la guerre en Ukraine, ont eu pour impact d’exacerber les difficultés socio-économiques des foyers les plus vulnérables.
L’identification des profils présentant des risques spécifiques au sein de la population pédiatrique est cruciale
Les professionnels de santé appelés à être vigilants
Maladie causée par une importante carence en vitamine C et qui avait pratiquement disparu à la fin du XXè siècle dans les pays à haut revenu, le scorbut peut être responsable, entre autres, de douleurs osseuses intenses, d’une faiblesse musculaire invalidante, d’hémorragies, et d’une altération de l’état général. « Dans ce contexte, l’identification des profils présentant des risques spécifiques au sein de la population pédiatrique est cruciale au développement d’interventions plus ciblées et plus efficaces », juge l’étude. Ses auteurs insistent également sur la nécessité pour les professionnels de santé à être particulièrement vigilants face à l’émergence de ces déficiences alimentaires.
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