Les affections longue durée (ALD) représentent « les deux tiers des remboursements par l’Assurance maladie. Il n’est donc pas illégitime, illogique […] d’interroger la pertinence de ces dispositifs. » Ces propos tenus par Frédéric Valletoux, le ministre délégué chargé de la Santé, à l’Assemblée nationale suscitent de fortes inquiétudes chez les patients atteints de maladies chroniques. Dans un contexte où il cherche à limiter les dépenses de santé, l’exécutif étudie notamment la piste d’un changement de l’actuel dispositif de prise en charge des ALD. Une éventualité qui ne passe pas auprès des associations représentantes.
Dans une lettre ouverte publiée lundi 4 mars, 25 d’entre elles* s’inquiètent de la menace d'un « démantèlement » du dispositif, et ce d’autant plus que la mesure du doublement des franchises votée dans la loi de financement de la Sécurité sociale 2024 constitue un précédent alarmant. « L’ALD est l’un des mécanismes-clés de notre système de santé solidaire, qui permet à toutes les personnes nécessitant un traitement prolongé et particulièrement coûteux d’accéder aux soins dont ils ou elles ont besoin, quelles que soient leurs capacités financières », rappellent-elles. Et de fait, l’ALD permet aux patients atteints de pathologies chroniques (Alzheimer, cancers, maladies rénales…) de bénéficier d’une prise en charge de leur traitement par l’Assurance maladie à hauteur de 100%. Les 25 associations signataires dénoncent « un discours ambiant » qui laisserait penser que des patients abusent de ce système. Or, martèlent-elles, « le reste à charge moyen supporté par les patients en ALD est pratiquement deux fois plus élevé que celui du reste de la population », selon les chiffres de l’Assurance maladie (repris par la DREES). C’est même souvent la double peine pour ces patients, qui sont souvent contraints de suspendre leur activité professionnelle, quand ils ne doivent pas tout simplement y renoncer.
D'autres pistes d'économie existent, plaident les associations
« Nous refusons d’être désignés à la vindicte populaire comme responsables des déficits du système de santé, de nous excuser d’être de plus en plus nombreux, d’être de plus en plus malades. Ce n’est pas dans les poches des patients, le maillon le plus fragile de la chaîne, qu’il faut chercher cet argent », protestent-elles ainsi. Pour limiter les dépenses, elles appellent bien plutôt à lutter contre la hausse des médicaments, à renforcer la pertinence des soins ou encore à investir dans la prévention pour freiner le développement des pathologies chroniques. Selon les chiffres avancés par Frédéric Valletoux, 20% de la population, soit 13 millions de Français seraient concernés par l’ALD.
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