Plus de 500 infirmiers de sapeurs-pompiers (ISP) se sont retrouvés en congrès à Lyon pour parler de leur exercice particulier, de leurs préoccupations et de leurs perspectives d'avenir... Une belle édition 2011 !
Lors du congrès annuel de l'ANISP (association nationale des infirmiers de sapeurs-pompiers), les 18 et 19 novembre derniers, à Lyon, les infirmiers de sapeurs-pompiers (ISP) ont pu assister à une vingtaine de communications en lien avec la thématique choisie pour cette édition 2011 « Soutien sanitaire opérationnel ». Une façon "concrète" de découvrir les projets, les expériences et les dispositifs en place sur le territoire.
Tout aussi important, et largement développé à cette occasion, le risque et les conduites à tenir par les services de santé et de secours médical lors des incidents NRBC ( nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques ) ou la question du secours héliporté. Entre exposés, visites des stands partenaires et moments plus conviviaux, les congressistes ont pu parfaire leurs connaissances - ou les aiguiser - grâce à des ateliers pratiques aux thèmes variés : arrêt cardiaque, incidents NRBC, accouchement inopiné, interventions à fort retentissement psychologique, conduite à tenir face aux nouveaux animaux de compagnie...
Cette année encore, l'ANISP a tenu son pari d'un rendez-vous de qualité sur les spécificités du corps des sapeurs-pompiers. Soulignons-le, cette manifestation permet de rassembler - chose encore trop rare - des infirmiers de toutes la France (saluons les ISP de la Réunion qui ont fait le voyage) et de tous bords sous une même tenue : hospitaliers, libéraux, militaires, santé au travail, pénitentiaire, scolaires... Sans oublier nos voisins européens et notamment des infirmiers « urgentistes » Belges et Suisses. Preuve de cet engouement pour les travaux réalisés, l'augmentation du nombre de participants, d'adhérents et la présence de plus en plus nombreuse des partenaires des infirmiers : médecins, psychologues, pharmaciens et vétérinaires. Ce rendez-vous pourrait bien devenir dans les années à venir celui de la Médecine Sapeurs-Pompiers (Urgence, Prévention, Santé et Sécurité au travail, Formation) comme le partenariat entrepris depuis deux ans avec la Société Européenne de Médecine Sapeurs Pompiers.
Des thématiques pointues
Chaque thème abordé présentait trois angles de vue : état des lieux, retour d'expérience, formation.
- Sur la question du Soutien Sanitaire Opérationnel (SSO), plusieurs interventions ont été présentées allant du retour d'expérience aux projets en cours ou autres propositions en terme d'organisation de soutien des pompiers en opérations et des risques qu'ils encourent. Ils sont en effet conduits à intervenir avec des équipements lourds pendant de nombreuses heures pour protéger les personnes et les biens et combattre les sinistres. Climat, poids des équipements, dureté des tâches, fatigue, besoin de boire ou de se restaurer mettent à rude condition le personnel qui nécessite ainsi une surveillance accrue réalisée par les infirmiers et médecins sapeurs-pompiers. Un sujet qui concerne de nombreux domaines : recueil de données, véhicules et équipements, critères de déclenchement, formation des personnels, missions de l'officier de Santé, protocoles et procédures...
- Toujours d'actualité en raison de la menace présente, le thème du risque Nucléaire, Radiologique, Biologique ou Chimique (NRBC) reste important. Les exercices se multiplient pour préparer les secours à faire face. Les infirmiers, comme leurs collègues médicaux ou pompiers, doivent en permanence s'informer des risques et moyens de les contrôler. Là encore, les sujets de réflexion sont nombreux : risque chimique et biologique, suivi des personnels pompiers spécialisés, contraintes psychologique, formation des personnels SSSM (Service de Santé et de Secours Médical).
- Le Service Médical Héliporté (SMH) a également été abordé, ou comment apporter une aide médicale urgente à une victime, où qu'elle se trouve, grâce à des équipes de secours pluridisciplinaires alliant infirmiers, médecins, secouristes montagne ou mer et hélicoptère (n'oubliant pas là le pilote et mécanicien treuilliste). Plusieurs expériences sont aujourd'hui en cours avec, pour perspective, une formalisation de cette pratique à tout le territoire. La base hélicoptère de la Sécurité Civile de Lyon a ainsi pu présenté son matériel et ses modalités d'intervention.
Crédit photos Déborah Fradin (ANISP)
La question des protocoles infirmiers en soins d'urgence...
A l'occasion de ces journées nationales, la Société européenne de Médecine des Sapeurs-Pompiers (SEMSP) a fait part de son inquiétude sur le fort risque d'échec des travaux sur les recommandations en matière de protocoles infirmiers en soins d'urgence (PISU), débutés en mars 2010 par les partenaires de l'urgence, menés par la Société Française de Médecine d'Urgence (SFMU) et à destination de tous les domaines d'activités des infirmiers sapeurs-pompiers. Ainsi un infirmier à l'hôpital ou en clinique, dans une entreprise, en milieu scolaire ou carcéral, bien évidemment pompier et où qu'il soit (dès lors de son appartenance à un service médical) pourrait, devant une situation d'urgence et hors présence de médecin, mettre en place des techniques et thérapeutiques préalablement écrites et signées par son médecin chef et qui lui permettraient d'intervenir sans délais. Rappelons qu'en l'absence de ces protocoles, il faut attendre l'intervention du médecin (avec quel délai ?) et l'établissement d'une prescription en bonne et due forme. A toute fins utiles, nulle prescription n'est obligatoire pour la mise en Position Latérale de Sécurité (PLS) de la personne inconsciente, la réanimation cardio-pulmonaire ou la défibrillation précoce sur l'arrêt cardiaque. De la même façon, la prescription téléphonée n'est pas validée par l'HAS dans les conditions de l'urgence.
Cette inquiétude résulte de l'absence d'accord entre les parties prenantes dont le point de rupture avec la SFMU a principalement porté sur le souhait d'obliger les infirmiers, devant une situation d'urgence, à contacter le centre 15 avant et pour accord de l'application du protocole adéquat (délais contradictoire avec l'urgence et risque de problème de personne au détriment du patient). Espérons qu'un accord puisse être trouvé...
Enfin, lors de l'assemblée générale de l'ANISP, Stéphane Roch (cf. portrait dans bandeau image), actuel président, a annoncé son prochain départ. Cédric Havard, vice-président, est pressenti à sa succession début 2012. Stéphane, fondateur de l'ANISP et président depuis les débuts a largement œuvré avec son équipe à l'émancipation de l'infirmier de sapeur-pompier dans son environnement et à sa reconnaissance par ses partenaires. Il a toujours su rester solide, digne, professionnel face à certaines attaques et tentatives de déstabilisation, adoptant une ligne de conduite claire dans la droite ligne de ceux qui ont fait les ISP d'aujourd'hui (Agnès, Jean Pierre, Vincent, Nicolas, Philippe, Denis... et bien d'autres). Il restera membre de droit de l'ANISP. Les prochaines journées de l'association se dérouleront au Grand Palais de Lille, les 9 et 10 novembre 2012.
Un compte rendu plus précis sera bientôt disponible sur le site de l'ANISP avec la mise à disposition de l'intégralité des présentations.
Crédit photos Déborah Fradin (ANISP)
James IACINO
Rédacteur Infirmiers.com
james.iacino@izeos.com
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