"Plaie de pression", l'escarre est consécutive à une hypoxie tissulaire. Son apparition brutale et souvent grave, conjuguée à une évolution rapide, nécessite de la prévenir et de la dépister d'autant qu'elle est source de souffrances pour le malade, culpabilisante pour les équipes soignantes et représente un coût important pour la collectivité
1. La détection de tout érythème, signe d'une escarre en formation, se révèle en effet un enjeu crucial qui concerne les soignants mais aussi les patients et leur entourage.
Se former autrement
De fait, pour acquérir les bonnes pratiques professionnelles dans le domaine de la prévention et du dépistage de l'escarre, avec notamment une vigilance accrue sur certaines localisations (sacrum, talons, ischions, trocanter, occiput en pédiatrie), et éduquer les patients et leur entourage, encore faut-il au préalable se former. Si on peut le faire de façon ludique, alors… C'est tout l'objet du serious game "Sauve ma peau 2.0" porté par l'agence régionale de santé (ARS) IDF en lien avec l’équipe plaies et cicatrisation du groupe hospitalier (GH) Sud Île-de-France (77) et désormais disponible en libre accès sur Internet et smartphone (iOS et Android). Un jeu retenu à la suite d'un appel à projets de l'ARS francilienne2, à la suite de la campagne "Sauve ma peau, maîtriser le risque escarre", pour soutenir des initiatives de formations attractives et innovantes menées par des établissements de santé dans le champ du dépistage et de la prévention des escarres.
L'objectif de ce support ludique vise ainsi à faciliter la formation des participants, en fonction de leur disponibilité et de leur niveau de connaissances, grâce à des simulations courtes. En pratique, la génération aléatoire de patients permet aux joueurs de rencontrer une multitude de cas différents afin de tester leurs connaissances sur la lutte contre les escarres. Dans ce "point and click" en milieu hospitalier, les joueurs apprennent à limiter les risques d’escarres à travers deux modes de jeu :
- l'un avancé pour les professionnels de santé, dont les médecins, infirmiers et aides-soignants, à travers des cas cliniques adaptables aux profils des professionnels de santé et au parcours de soins du patient. Le jeu forme à la fois au dépistage du risque pour une prévention graduée ainsi qu'à la détection d’escarre pour un traitement précoce. À noter, un développement particulier est notamment consacré aux plaies du pied des patients diabétiques ;
- l'autre, simplifié, pour sensibiliser le patient et son entourage avec des défis à relever dans un temps imparti ainsi qu'une foire aux questions.
Enquête de prévalence du risque d’escarres
Signalons par ailleurs le déroulement prochain (30 nov./5 déc. 2020) de la 3e enquête de prévalence du risque d’escarres et des escarres3 laquelle devrait mobiliser près de 160 établissements de santé, structures médico-sociales et Ssiad de la région Ile-de-France. Coordonnée par la Structure d'appui régionale à la qualité des soins et à la sécurité des patients en Ile-de-France (Staraqs), cette 3e enquête évaluera à la fois les pratiques de dépistage pour tous les patients, celles de prévention chez les patients à risque ainsi que les pratiques de traçabilité de description des escarres chez les patients porteurs d'escarres. Elle permettra une comparaison des résultats avec les deux enquêtes précédemment réalisées4. Pour rappel, celle de fin 2017 avait mis en évidence que 34 % des patients enquêtés étaient à risque d'escarre et 8 % avaient au moins une escarre, 50 % ayant été acquises au sein de la structure.
Une prévalence moyenne de l'escarre somme toute comparable à l'échelon national puisqu'en France, celle-ci s'élève à 8,6 % chez les patients hospitalisés (et à plus de 10 % en long séjour)5. Quant à son incidence, elle est de l'ordre de 4,3 %. Si tous les patients sont concernés à des degrés variables par le risque d'escarre, certains le sont toutefois davantage. C'est le cas notamment de ceux souffrant de troubles de la sensibilité (hémiplégiques, blessés médullaires, patients souffrant de troubles de la conscience, de démence, certains diabétiques de longue date), de troubles de la mobilité ou de troubles conjugués. Des problèmes cardiaques, une dénutrition, des dispositifs médicaux mal installés, une baisse des défenses immunitaires, l'avancée en âge (l'âge moyen des porteurs d'escarres est de 74 ans), ainsi qu'une corticothérapie au long cours sont encore d'autres causes/facteurs déclenchants d'escarre5.
- Staraqs
- Deux projets ont également été retenus, à savoir le "Le E-learning accessible à tous "Prévention et dépistage des escarres", porté par l’hôpital Marie Lannelongue (92) et le kit de formation pour formateurs "Préserve ma peau", porté par la clinique Conti (L'Isle-Adam, 95).
- La participation à cette enquête est toujours possible ; adressez votre demande à contact@staraqs.com
- Les deux premières enquêtes ont été réalisées en juin 2015 et décembre 2017.
- Source : Escarres.fr
Valérie Hedef
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