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REFONTE DU METIER INFIRMIER

Psychiatrie : les propositions du CNPI pour la formation des infirmiers

Publié le 04/04/2024

Dans le cadre de la refonte du métier et de la formation initiale, le Conseil national professionnel infirmier (CNPI) publie un avis sur l’enseignement de la santé mentale, de la psychiatrie et les stages professionnalisants s'y rapportant. 

Etudiants en IFSI

Crédit photo : Pixabay

«Le référentiel de formation 2009 exige un minimum d’un stage de 5 semaines dans le domaine de la psychiatrie OU de la santé mentale», souligne le Conseil national professionnel infirmier (CNPI), constitué de sociétés savantes et d'organisations infirmières. «Sous cette dénomination, il existe une grande variété de lieux de stages selon les différents lieux de formation. Ainsi, certains étudiants IDE arrivent à la diplomation sans jamais avoir pu rencontrer des personnes présentant des troubles psychiatriques et accompagnés spécifiquement sur ces troubles. Pourtant, les personnes souffrant de troubles psychiatriques sont suivies à près de 80% en ville ; elles peuvent avoir des comorbidités somatiques ; Chaque professionnel de santé est susceptible de prendre en soins ce type de population. En l’état, les étudiants IDE doivent se former aux techniques de soins utilisées dans les prises en charge spécifiques de psychiatrie».

Le CNPI a dans ce contexte rendu un avis : 

Penser de manière dissociée la santé mentale et la psychiatrie

«Il convient de penser de manière dissociée la santé mentale et la psychiatrie dans la formation initiale infirmière. L’amalgame voire la confusion actuelle entre ces deux domaines peut conduire à ce que l’un des deux soit davantage enseigné au détriment de l’autre», note-t-il.

Propositions pour l’enseignement de la santé mentale

  • Enseignement devant faire l’objet d’une approche transversale, au cours de l’ensemble de la formation (dissociée de la psychiatrie), à côté d’autres concepts fondamentaux comme la santé, les réactions humaines d’adaptation, la douleur ou l’autonomie.
  •   Santé mentale abordée comme un élément incontournable dans toute démarche de soin et en tout lieu de soin.
  •   Santé mentale approfondie notamment dans des UE telles que la psychologie, les soins relationnels (avec des scénarii de simulation ad hoc), le service sanitaire (UE de santé publique), ainsi que dans toute UE relevant des sciences médicales, puisque toute affection de santé suppose une adaptation de la personne, entraînant une réaction au niveau de la santé mentale.
  •   Santé mentale en tant qu’objectif d’acquisition réflexive dans chaque stage : besoins de la personne soignée, stratégies d’adaptation observées, émotions présentes, capacités à faire face ; en regard, typologies d’interventions (notamment différents types d’entretiens dont relation d’aide,…), pour tout public auprès duquel l’ESI aurait alors à mener un travail spécifique relatif à la santé mentale, notamment dans une visée éducative et préventive.
  • Cette approche pourra également avoir pour avantage d’améliorer la prise en charge de la santé mentale en soins primaires, dans tous les lieux de pratiques afin d’orienter les personnes qui le nécessitent vers les soins spécialisés.

«L’engagement de la formation dans cette dimension pourra également permettre aux ESI d’être plus attentifs à leur propre santé mentale dans un contexte de professionnalisation», note encore le CNPI. 

Propositions pour l’enseignement de la Psychiatrie et les modalités de stages professionnalisants

L’articulation et le contenu des enseignements dédiés à la Psychiatrie pourraient :

  •  être enseignés au cours des trois années de formation (contrairement à la formation actuelle où elle est enseignée en S2 et S5),
  •   être davantage abordés en lien avec les soins infirmiers spécifiques, en complément des pathologies, de la pharmacologie et de l’organisation des offres de soins spécifiques.

Le stage en psychiatrie :

  • permet la découverte d’un domaine méconnu, objet de préjugés potentiellement défavorables.
  • agit à la fois comme un outil de découverte et de déstigmatisation.

Pour que le stage soit professionnalisant dans le domaine de la psychiatrie : 

  • L’ESI doit rencontrer des personnes soignées qui ont un trouble psychique et qui bénéficient de soins psychiatriques adaptés à leurs besoins. Pour cela, ce stage est à réaliser auprès d’une équipe pluridisciplinaire mobilisant les ressources théoriques, les thérapeutiques médicamenteuses et les thérapeutiques non médicamenteuses (diverses psychothérapies et approches psychocorporelles, relation d’aide thérapeutique, …) relevant du soin en psychiatrie telles que recommandées par les données probantes.
  • Les savoirs en psychiatrie doivent faire l’objet d’une approche spécifique. En complément des apports centrés sur les pathologies et la pharmacologie, les approches thérapeutiques autres que médicamenteuses ainsi que les interventions des professionnels de terrain expérimentés en exercice psychiatrique sont à développer dans la formation initiale.
  • Les dimensions des soins infirmiers en psychiatrie et les interventions infirmières issues notamment des compétences du rôle propre doivent être identifiées et enseignées afin de promouvoir l’autonomie des futurs professionnels. Les compétences « cœur de métier » en psychiatrie doivent pouvoir être transmises et modélisées lors des stages en psychiatrie, en lien avec leur niveau de complexité.
  • Les stages de psychiatrie doivent permettre l’acquisition de connaissances, des bases du soin relationnel et de la relation d’aide dispensées auprès de personnes présentant des troubles psychiatriques, ainsi que la compréhension des différentes thérapeutiques (médicamenteuses, non médicamenteuses).
  • L’ESI doit pouvoir rencontrer des situations de soins nécessitant une réflexion éthique et de mise en perspectives des droits des personnes soignées auxquelles les professionnels de psychiatrie sont particulièrement confrontés afin de pouvoir les appréhender et y participer (consentement au soin, libre arbitre, …).

Les stages de psychiatrie doivent avoir lieu dans les établissements publics ayant des secteurs de psychiatrie ainsi que les établissements privés spécialisés dans les soins psychiatriques, précise le CNPI, citant notamment, les unités d’hospitalisation complète en psychiatrie, les unités d’hospitalisation à temps partiel (HDJ), les unités de soins en ambulatoire CMP, CATTP, ou encore les équipe de psychiatrie de liaison, équipes mobiles de crise, de réhabilitation psychosociale. 

  • Par ailleurs, les infirmiers débutants, à défaut d’une année de spécialisation, doivent impérativement bénéficier de manière systématique, lors de leur prise de fonction en psychiatrie, d’une consolidation de ces savoirs fondamentaux et d’un accompagnement clinique dans la mise en œuvre opérationnelle de ces derniers, gages de professionnalisation, d’attractivité et de fidélisation. Cet accompagnement peut s’opérationnaliser notamment en appui avec l’organisation du compagnonnage infirmier et du renforcement en formation ciblée.
  • Comme en tout lieu de stage, la fonction tutorale revêt une importance particulière dans ce cadre. C’est une activité infirmière en soi. Les tuteurs doivent être des professionnels expérimentés dans la discipline dans laquelle ils exercent et spécifiquement formés à cette fonction pédagogique. Au niveau institutionnel, cette fonction doit faire l’objet d’une valorisation et d’un temps dédié. 
  • Le renforcement de la collaboration entre les formateurs et les tuteurs est un élément favorable à la cohérence des parcours de professionnalisation des ESI.

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La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com