"Avez-vous des astuces pratiques pour "enlever" rapidement une érection aussi bien gênante pour le patient que pour nous lors d'une toilette intime ?" Le problème peut paraitre trivial, mais apparemment il est assez fréquent. Preuve en est, les soignants ont été nombreux à réagir sur le forum suite à cette simple question postée par une étudiante en soins infirmiers. Certains en ont ri, beaucoup en ont plaisanté, d’autres ont essayé de se mettre à la place du patient et au final il en est ressorti quelques conseils à appliquer… ou pas.
Faire des soins, des pansements, des toilettes, le travail infirmier n’est pas toujours évident. Les soignants sont confrontés à la tristesse, à la maladie, à la mort. Mais il y a des difficultés à surmonter auxquelles on ne s’attend pas forcément lorsqu’on entre en IFSI. Une jeune étudiante en soins infirmiers s’est retrouvée ou craint de se retrouver dans une situation embarrassante. Elle demande donc conseils à ses pairs : Avez-vous des astuces pratiques pour enlever rapidement une érection aussi bien gênante pour le patient que pour nous lors d'une toilette intime ?
Le moins que l’on puisse dire c’est que les réactions ont fusé, chacun ayant sa propre manière de gérer… ou pas ce moment embarrassant.
J'espère que cela ne m’arrivera pas car j'aurai vraiment l'air bête et le patient aussi
, réagit Jubo. En première année, ce n’est pas facile, tu es toute rouge et après, en fin de formation, cela devient quelque chose de banal et tu n'y fais plus attention...
, estime Kesyalol. Pour Typh-, il n’existe pas de solution miracle mais elle donne néanmoins quelques pistes : diversion, lui parler de tout et de rien, éclater de rire, faire tomber ses illusions sur le fantasme de l’infirmière, le laisser tranquille…
La soignante se demande quand même si les infirmiers sont confrontés, eux aussi, à ce genre de problème et comment gèrent-ils cela ?
Enfin, vu que je suis un mec, je ne ferais peut-être pas cet effet...
Un problème qui ne concerne que les infirmières ?
Cela ne m'est encore jamais arrivé ! Peut-être parce que je suis un homme
, ont souligné certains internautes. Mais les soignants aussi peuvent se retrouver face à ce genre de situation comme le rappelle Nurse35 : je précise que je suis un homme et cela m'est arrivé en psychiatrie. J'ai laissé le patient tranquille et je suis revenu 20min plus tard
.
Pour d’autres, étrangement, ce type de problématique est plus simple à gérer lorsque l’on est une femme. Pour vous, les filles, il est plus facile de faire face à ce genre de situation qu'un homme (du moins, cela se débat, je sais !)
. En effet, et les réactions de la gent féminine ne sont font pas attendre ! Ce n’est pas plus facile pour une nana !!!! Une femme comprend moins ce type de réactions car elle ne les vit pas ! Mais bon, c’est tout simplement gênant car on ne sait pas comment le patient se situe par rapport à cette situation, s'il est gêné, ou bien s'il s'en moque ! Or, c'est pourtant de cela dont peut dépendre le soin ! D'où la gêne de ne pas savoir quoi faire ni dire
, s’agace flow2.
Pour Touti, il est vrai que la première fois on voit le problème de manière différente selon si on est un homme ou une femme, mais avec l’expérience plus rien n’étonne. La première fois peut surprendre et c'est normal de se poser des questions. Mais, après 25 ans, on relativise et on a plus d'expérience de la vie. On replace les choses dans leur contexte. Il n'y a pas vraiment de trucs pour éviter l'érection, c'est quelque chose qui ne se commande pas. Je dirais simplement que : pour les hommes, réfléchissez à ce que vous ressentiriez et comment vous aimeriez que la toilette se finisse si vous étiez patient. Pour les femmes, ne vous focalisez pas sur cette érection, ne rougissez pas, ne tremblez pas. Continuez en bavardant de tout et de rien, ça se passe très bien (par expérience).
Revenir plus tard ou poursuivre le soin, là est la question ?
Poursuivre le soin coûte que coûte ? C’est un point de vue partagé par plusieurs forumeurs. Vous faites ce que vous avez à faire (c'est-à-dire sa toilette, je précise...) et tout ira bien.
L'érection est normale chez l'homme, donc pourquoi être gêné par quelque chose de normal ? Dans un cas comme celui-ci, je pense qu’il faut continuer la toilette, sauf si le patient demande quelques minutes de répit
.
D’autres, au contraire, sont plutôt d’avis de passer à autre chose et de revenir plus tard comme Tito : tu le laisses tranquille une petite demi-heure, et tu reviens le voir après... Une toilette, ce n'est pas à la seconde
. Une opinion en partie partagée par Jo-bis. Personnellement, j'applique l'attitude suivante : premièrement, en laisser faire un maximum par le patient. Cela arrive le plus souvent à ceux en pleine "force de l'âge", donc à moins qu'ils soient dans le coma (dans ce cas pas de problème) ou amputés des deux bras (cela peut arriver...), je leur laisse faire leur toilette intime (ou rasage) seuls. Deuxièmement, si, à tout hasard, il faut faire le soin et que cela survient : je sors en leur disant que je reviens plus tard, et je vais m'occuper du patient suivant. En principe, à mon retour, tout va bien
.
Une technique qui n’est pas du goût de tout le monde Faut-il tout stopper pour cinq minutes ? Cela peut être une solution, et on peut le proposer au patient. De là à le laisser en plan pendant une demi-heure...
s’interroge Leopold Anasthase.
Il est vrai qu’entre ceux qui pensent qu’il est préférable de finir son travail
et ceux qui supposent qu’il est judicieux de laisser de l’intimité au patient
et par la même occasion de se protéger un peu soi-même par pudeur (cela me choque
, ont déclaré certains), il est difficile de savoir quoi faire… Le mieux serait-il de procéder au cas par cas ? Certains préfèrent que le soignant continue, d'autres préfèrent qu'il s'arrête. Le mieux est peut-être de demander à la personne ?
questionne Leopold Anasthase. L’opinion la plus importante ne serait-elle pas celle du patient ?
On risque de marquer, voire de traumatiser. On reste de marbre, on ne rigole pas
"Si on se mettait tout simplement à la place du patient ?"
Le patient est peut-être celui qui vit le plus difficilement la situation, or ce genre de cas arrive apparemment assez souvent. Les toilettes ayant lieu généralement le matin, il n'est pas étonnant de voir des pénis en érection. De plus, il y a lieu d'insister particulièrement sur les zones pouvant générer de sérieuses infections (gland, nombril, anus...) et cela peut induire une réaction. Le patient ne peut rien cacher et on doit tout voir, tout aseptiser. Après tu peux mettre une feuille de sopalin si tu sens que le patient n'est pas à l'aise. Ce qu'il peut y avoir de gênant ce sont les commentaires...
Pour Kenny, en effet, il faut faire attention au ressenti du patient : pour une personne paraplégique par exemple, c'est purement mécanique et non contrôlé. Souvent d'ailleurs les gens sont hyper mal à l'aise donc en plus si une phrase ou un réaction malheureuse vient en rajouter bonjour le psychologique...
Certains forumeurs sont même aller jusqu’à raconter leur expérience de l’autre côté du miroir
. Au moment où c’est soi-même qui se trouve au fond d’un lit d’hôpital ou en train de subir un examen, on perçoit les choses différemment. Je trouve certains messages un peu durs envers nous les hommes... Personnellement, ça m'est déjà arrivé d'avoir, en tant que patient, une échographie de "l'endroit" il y a quelques années. J'avais l'air con quand c'est arrivé...j'étais plus gêné que la docteure. Elle l'a vu et m'a dit : je vois que je n'ai plus besoin de la tenir !!! en souriant... Cette remarque m'a fait rire et c'est passé au bout de deux minutes... Croyez-moi que je n'avais pourtant pas du tout des choses frivoles en tête car l'examen était loin d'être anodin
, se remémore Angelo50.
De son côté, Christèle se rappelle également son expérience difficile en tant que patiente et le sentiment de honte qu’elle a ressenti car elle ne pouvait plus se laver seule. Ok je suis une femme, on ne réagit pas par une érection, mais je peux au moins certifier que de se voir faire la toilette intime parce qu'on n’en est pas capable est terriblement humiliant (surtout quand on a 20 ans). Maintenant, si en plus l'AS ou l'IDE se casse pendant 15 min en me laissant en plan, ça ne va pas arranger mes angoisses ! Je parle en connaissance de cause. Parfois le fait d'être passé de l'autre côté de la barrière (bien que je ne le souhaite pas) aide à comprendre certaines choses...
Une de mes collègues de promotion à qui c'était arrivé en a rigolé avec le patient et c’était nickel
Les armes du dialogue et de l’humour
Une étudiante en 3ème année a justement choisi l'attitude infirmière à adopter face à une pulsion d'un patient lors d'un soin comme la toilette ou le rasage pré-op
comme sujet de TFE. Elle fait partager aux forumeurs ses conclusions. Cela dépend de plusieurs facteurs : si le comportement du patient frise la perversion, on peut tout à fait le remettre en place et demander à un / une collègue de prendre le relais. J’avais le cas d'une patiente qui demandait à ce que les hommes lui fassent sa toilette, et insultait à l'inverse les soignantes les traitant de perverses : cas compliqué. En revanche, si le patient est gêné il faut en effet lui poser la question pour savoir s’il souhaite que l’on poursuive le soin. Cependant, revenir 15 minutes plus tard n'aura pas réellement changé grand-chose. Il faut adapter son comportement à la personne en face de soi, lui parler d'autre chose ou au contraire lui en parler pour le rassurer.
Le dialogue, éviter d’être dans le jugement, est une attitude que semble adopter beaucoup de soignants. Le plus important pour Leopold Anasthase est avant tout de se positionner en tant que professionnel du soin. Faut-il en parler ? Probablement. Expliquer que ça arrive à des gens bien, que vous n'avez pas cherché à le provoquer. Stoppez net les allusions lubriques : vous le soignez, vous lui faites sa toilette, pas plus. En plaisanter, souvent, ça facilite les choses. Bref, c'est comme vous le sentez.
Plaisanter avec le patient face à une situation qui le met mal à l’aise ? Ne pourrait-il pas le prendre mal ? Cela m'est arrivé lorsque je faisais une toilette à un homme paralysé. J'ai pris le parti d'en plaisanter et ça s'est très bien passé.... On a évoqué ses frustrations (au sens large), c'était intéressant, je pense qu'il avait besoin de parler à quelqu'un. Ce sont des choses naturelles et incontrôlées, à mon avis il ne faut pas en faire toute une histoire et ça se passe très bien. Toutefois, je ne suis encore jamais tombée sur un vrai pervers, si cela doit arriver je ne sais pas comment je réagirais...
, explique Scooly doll. Elle est très vite appuyée par un autre internaute, cela me parait être la meilleure des réactions : ouvrir la situation et finalement faire un entretien sur la sexualité et la frustration. On a tous une relation à la sexualité elle doit être difficile à gérer selon les handicaps. Le pire de tout serait de laisser apparaître du dégoût ou de la condescendance
.
Au final, face à ce genre de situation il y a plusieurs options possibles comme le résume Asten : s'il le peut, demander au patient de se laver lui même le sexe. Cela me parait être la première des choses à faire. S’il n'en est pas capable, tu peux soit recouvrir le bas avec une serviette et passer à autre chose avant d'y revenir, soit tout simplement attendre un peu et parler de choses et d'autres. Tu peux également le rassurer en disant que tout ceci est une chose naturelle... Ne pas en faire un tabou, ça ne fera qu'empirer les choses
.
En tout cas, le sujet a suscité de nombreuses réactions et face à ces nombreux conseils, vous savez à présent tout, tout, tout sur… comment gérer une érection ! Et si vous en avez d’autres conseils à promulguer n’hésitez pas à réagir sur les forums et sur les réseaux.
Rédaction infirmiers.com
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