La 18e édition de la Journée du Sommeil, ce 16 mars 2018, est dédiée au sommeil des jeunes. En effet, selon l'enquête INSV/MGEN*, 88% des jeunes de 15-24 ans estiment manquer de sommeil et s'en plaignent : fatigue, manque d’attention, irritabilité et nervosité, somnolence… et parfois échecs scolaires ou professionnels... Ils en sont pourtant les premiers responsables et parmi les raisons mises en évidence, une "cyberconnexion" le soir dans leur lit... Quelques rappels en la matière leur seront bien utiles pour préserver la qualité de leur sommeil.
Qu’il s’agisse d’ordinateurs, de tablettes, de liseuses ou de smartphones… 99% des jeunes utilisent régulièrement les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) pour leurs besoins personnels et cela n'est pas sans impact sur la qualité de leur sommeil car lâcher leur portable ou autres tablettes, même dans leur lit, représente parfois un effort surhumain !
Pour le Docteur Joëlle Adrien, Présidente de l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance, - INVS à l'initiative de cette journée nationale - dans cette tranche d’âge, lycéens, étudiants, apprentis, en emploi ou en recherche d'emploi, les jeunes s'endorment naturellement tard et ont, pour la plupart, l’obligation de se lever relativement tôt le matin durant la semaine. À ce retard de phase viennent s’ajouter, le soir, des activités sur écrans et surtout en connexion avec tout l'univers de la "toile": réseaux sociaux, jeux vidéos ou sur internet, communications avec les amis…
L’impact des NTIC sur le sommeil dépend de l’heure à laquelle on s’y consacre. Or, les jeunes ne se couchent pas pour dormir mais pour aller sur leurs écrans
explique le Pr d’Ortho. L’impact des ordinateurs, smartphones ou tablettes utilisés le soir juste avant de dormir, repose sur un double mécanisme qui combine à la fois une stimulation psychique, par leur propriété de media social, et une stimulation physique par l’exposition à la lumière des écrans. Autant de raisons, on le sait, qui s'accumulent et mettent à mal leur sommeil. Les jeunes en ont conscience, en souffrent et s’en plaignent. Cependant, ils n’adoptent pas toujours des solutions adaptées et sont souvent dans l’ignorance des règles à respecter pour avoir un bon sommeil. Un conseil d'importance : respecter un couvre-feu digital, 1h avant d’aller au lit ! Pour le Dr Adrien, ce constat est préoccupant lorsqu’on connait l'importance du sommeil pour la santé physique et mentale, en particulier chez les jeunes
. Le sommeil assure en effet des fonctions majeures sur le plan physiologique, émotionnel et cognitif. Le sommeil est un enjeu majeur car il joue un rôle clé dans l'équilibre physique et psychique. Les jeunes sont tout à la fois plus vulnérables et plus exposés, du fait de leur retard de phase naturel, de leur maturation cérébrale et de leurs habitudes de vie.
Comment utiliser les NTIC, totalement familières, pour qu'elles restent un réel levier de développement et de progrès sans devenir un danger pour la santé des jeunes ?
Une dette de sommeil qu'il faut compenser...
Selon les résultats de l'enquête INSV/MGEN, seuls 1/3 des jeunes, qui dorment 8h et plus en semaine, ne sont pas en dette de sommeil. Une fois couchés, les jeunes mettent 68 minutes avant de cesser toute activité et d'éteindre la lumière lorsqu’ils travaillent le lendemain. Ainsi, ils s'endorment en moyenne à 23h20 en semaine et à 0h49 le week-end. Les jeunes se réveillent en moyenne 2h40 plus tard les jours de repos qu'en semaine et, par ailleurs, nombre de jeunes se réveillent la nuit avec des difficultés pour se rendormir. Ces difficultés concernent 42% d'entre eux, et leurs réveils nocturnes se prolongent en moyenne pendant environ une heure. Un jeune sur 5 déclare aussi que le manque de sommeil le rend triste.
Pour lutter contre ces troubles qui impactent assez largement leur qualité de vie diurne, les jeunes qui se sentent en manque de sommeil ont surtout recours à des excitants : caféine, nicotine, substances diverses. Certes la caféine a une action “éveillante” et peut ainsi apparaître comme une bonne idée pour améliorer sa vigilance
reconnaît le Dr Adrien. Mais cela peut être une mauvaise solution si on abuse des petits cafés et si on les consomme trop tard dans la journé
e met-elle en garde. L’effet de la caféine est en effet tout à la fois durable et cumulatif. En dehors de la caféine, ou en même temps, 11% des jeunes luttent contre le manque de sommeil en se tournant vers le tabac, les substances illicites ou les médicaments.
Autre action de récupération, parmi tous les jeunes, 29% déclarent faire au moins une sieste dans la semaine (2 en moyenne) et ils sont plus nombreux encore (32%) s'ils se sentent en dette de sommeil Pour la plupart, le type de sieste
est compensatoire
, avec plus de 1h à 2h de sommeil pour 63% d'entre eux (soit près de 2 jeunes sur 10 dans la population). Ce constat confirme, une fois encore, combien nombre de jeunes manquent gravement de sommeil. Le sport et l’activité physique sont également cités par 20% des jeunes qui estiment être en manque de sommeil. Avec raison souligne le Dr Adrien car l’exercice dépense de l'énergie physique, et même les expose à la lumière lorsqu’il est pratiqué en plein air. Autant d’éléments bons pour le sommeil
. Mieux vaut, cependant, ne pas pratiquer trop tard le soir. Au-delà d’une certaine heure, 20 h à peu près, le sport retarde l’endormissement car il entraîne un réchauffement de la température corporelle et une excitation émotionnelle ou physique qui s'opposent à la relaxation nécessaire au sommeil.
Les jeunes misent très souvent sur la grasse matinée pour récupérer un peu et retrouver la forme. Malheureusement, ce sommeil du matin n’est pas de bonne qualité et ne permet pas véritablement de se rattraper
"Ouvre l’oeil sur ton sommeil !"
Ce slogan choisi cette année par l'INSV est explicite et doit inciter les jeunes à préserver leur sommeil et sa qualité car, entre 15-24 ans, les besoins sont spécifiques. Pour l'INSV, ne pas les respecter les expose à des risques pour leur santé et pour leur développement personnel ou professionnel. L'environnement les y incite de multiples façons, en particulier à travers leur habitude d'aller au lit, le soir, pour passer beaucoup de temps en activités diverses, notamment digitales. Par ailleurs, leur pratique d'une activité physique quotidienne, surtout en plein air à la lumière naturelle, est insuffisante : c'est un facteur essentiel d'amélioration du sommeil. Que les jeunes prennent conscience de l’importance de préserver leur sommeil et, surtout, connaissent les pratiques à mettre en place au quotidien pour y parvenir sont des enjeux majeurs. C'est de leur qualité de vie et de leur santé qu'il s'agit !
Tu es fatigué(e) ? #MTonSommeil
Prendre soin de son sommeil de 15 à 24 ans : les 5 conseils des spécialistes
- Le soir, couvre-feu digital, 1h au moins avant de se coucher et pendant toute la nuit !
- Horaires de couchers et levers réguliers
- Le week-end, maintenir la même heure du coucher et ne pas trop décaler celle du lever
- Eviter les excitants : caféine, nicotine, substances diverses
- Activité physique tous les jours 30 minutes et davantage les jours de repos
*Enquête OpinionWay menée auprès de 1014 personnes âgées de 15 à 24 ans, du 13 au 28 décembre 2017. Au sein de cet échantillon national représentatif de la population française, 30% des jeunes avaient 15-17 ans, 31% avaient 18-20 ans et 39% avaient 21-24 ans. Parmi eux, on trouve 48% de lycéens et étudiants, 9% en apprentissage, 28% ayant un emploi, 9% en recherche d'emploi et 6% dans une autre situation.
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
REFONTE DE LA FORMATION
L'idée d'un tronc commun en master hérisse les infirmiers spécialisés
ÉTUDES
D’infirmier à médecin : pourquoi et comment ils ont franchi le pas
VIE ÉTUDIANTE
FNESI'GAME : l'appli qui aide les étudiants infirmiers à réviser
PRÉVENTION
Des ateliers pour préserver la santé des étudiants en santé