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ADMISSION EN IFSI

Les IFSI face aux dysfonctionnements sur Parcoursup

Publié le 14/01/2020

Le rapport annuel du Comité Ethique et Scientifique de la plateforme Parcoursup (CESP) vient de paraître. Celui-ci évoque notamment les dysfonctionnements au niveau des inscriptions en IFSI l'an dernier. Si ces problèmes ont apparemment été résolus, cela montre que le dispositif reste optimisable.

Le Comité Ethique et Scientifique de Parcoursup (CESP) a rendu public son rapport sur la plateforme.

Le ministère de la Recherche, de l'Enseignement supérieur et de l'Innovation a rendu public le 9 janvier le deuxième rapport du Comité Ethique et Scientifique de la plateforme Parcoursup  (CESP). Le but est d'évaluer le dispositif de manière indépendante autant au niveau de l'algorithme national qu'au niveau des procédures mises en œuvre par les établissements sur le plan local. C'est pourquoi le CESP a examiné entre autre l'efficacité de la plateforme dans l'intégration des nouvelles formations en 2019 dont celle en soins infirmiers.

En effet, on a pu constater l'an dernier une hausse du nombre de formations offertes via Parcoursup ainsi que du nombre de candidats ayant confirmé leurs voeux. Cet accroissement provient à la fois de nouveaux types de formation offerts et de nouveaux profils de candidats. Parcoursup a donc dû s’adapter, dès sa deuxième année, à une évolution significative de l’offre et de la demande, souligne le CESP.

Plus précisément, le nombre de formations proposées est passé de 13 208 à 14 742, ce qui représente pas moins de 50 000 places supplémentaires. Un boom en partie dû à l'apprentissage mais aussi aux nouvelles formations accessibles par la plateforme notamment en IFSI et EFTS. Des filières qui recrutaient, auparavant, via leurs procédures propres, ont attiré visiblement beaucoup de candidats . Le rapport spécifie qu'un accompagnement dédié des établissements a été mis en oeuvre durant toute l'année, et ce, jusqu'à l'assistance dans la gestion des listes.

En outre, le CESP évoque le fait que les années préparatoires pour entrer en IFSI n'auraient pas été prises en compte lors du choix des élus. Un bruit a couru, mais en réalité des critères d’examen des dossiers ont été spécifiquement conçus pour valoriser les compétences déjà acquises pour ces filières, explique le rapport. D'ailleurs, toujours selon le Comité, les candidats qui avaient suivi ces formations préparatoires ont été « admis » environ deux fois plus souvent que ceux qui ne les avaient pas suivies .

Plus globalement, sur les 103 000 candidats tout public, 33 000 se sont vu proposer une place en IFSI, soit 32%. Ce chiffre aurait atteint 61%, pour les classes préparatoires suivies dans les lycées et 56% pour les préparations hors lycées, qu'elles soient intégrées aux IFSI ou au sein d'autres organismes de formation.

Sur les 103 000 candidats tout public, 33 000 se sont vu proposer une place en IFSI, soit 32%

Des fragilités de fonctionnement admises

Le rapport pointe néanmoins certains dysfonctionnements qui ont eu lieu lors de l'admission des candidats. En effet, pour rappel, le 16 mai 2019, plus de 50 000 propositions ont été envoyées aux candidats sans assurance de pouvoir les accueillir. Certains ont ainsi reçu en premier lieu des messages affirmant qu'ils étaient acceptés puis des démentis. Cet incident, largement relayé par les médias , auraient, finalement, aux yeux du CESP, été sans conséquences car, au 30 mai, toutes les personnes concernées avaient reçu une proposition satisfaisant leurs vœux.

Quoi qu'il en soit, il est primordial de connaître les raisons de ce couac afin d'éviter que ce genre de situation, source de grand stress pour les étudiants, ne se reproduise. Apparemment, l'erreur en question portait sur une mauvaise maîtrise des notions d’« appel sur capacité d’accueil », et d’« appel sur rang limite » par les gestionnaires de formation. En effet, dans le but d’accélérer les propositions faites aux candidats, Parcoursup a recours à deux outils statistiques qui doivent être paramétrés : le surbooking proprement dit, qui conditionne les deux notions en question. Par exemple, si, d’expérience, une formation disposant de 50 places voit 4 candidats sur 5 refuser la proposition qu’elle lui fait, et 10 candidats l’accepter et se désister par la suite, elle pourra fixer son rang limite d’appel à 300 et assurer un surbooking de 20 %, anticipant que 1 personne sur 5 accepte, soit 60 candidats, et que par la suite 10 se désistent parmi les 60. Comme ce sont des estimations basés sur des observations antérieures, pour limiter les risques statistiques, des taux plus prudents sont pris et ajustés par la suite. Bien évidemment, le maniement de ces paramètres est délicat. Les gestionnaires des formations sont donc formés et informés par la mission Parcoursup, et des contrôles sont réalisés par la plateforme afin de détecter les erreurs de saisie ou les paramétrages aberrants. Cependant une méthodologie reste à établir garantissant que ces contrôles soient systématiques et basés sur des données fiables, admet le CESP.

Ainsi, le problème provenait de 400 formations dont les gestionnaires n'avaient parfois pas assisté aux enseignements qui leur étaient dédiés et avaient remonté très tardivement les informations sur la plateforme, rendant ainsi impossible certains contrôles, notamment en ce qui concerne les fameuses notions d’« appel sur capacité d’accueil », et d’« appel sur rang limite» nous éclaire le texte. Or, si la documentation de Parcoursup à l’attention des gestionnaires s'avérait complète sur ce point, elle ne remplace nullement l'enseignement et l’entraînement des personnels impliqués, d’autant que certaines formations étaient débordées par le nombre de candidats, notamment celle en soins infirmiers.  Ainsi les IFSI, aux habitudes disparates, étaient, à juste titre, regroupées en pools géographiques, et le groupement d'Aix-Marseille s'est retrouvé avec 14 000 candidats , illustre le rapport.

Cet incident révèle à la fois des défaillances humaines, et des défaillances dans le processus de vérification des paramètres, imputables à des retards de saisie et à la faiblesse des moyens humains centraux de contrôle, conclut le CESP. Le Comité rejoint donc l'avis de l'Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche (IGAENR) qui avait d'ores et déjà mené une étude sur le sujet en affirmant que l'automatisation de la détermination des paramètres de volumétrie d'appel éviterait de tels incidents.

In fine, le Comité salue néanmoins la mobilisation de tous les acteurs afin de remédier à ces dysfonctionnements. Pour éviter de nouveaux problèmes en 2020, celui-ci préconise entre autre de fixer progressivement un standard national. Alors que de nouvelles filières vont rejoindre Parcoursup cette année, il s'avère nécessaire de simplifier au mieux la démarche.

Cet incident révèle à la fois des défaillances humaines, et des défaillances dans le processus de vérification des paramètres, imputables à des retards de saisie et à la faiblesse des moyens humains centraux de contrôle

Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com