Avant que notre hôpital public ne soit qu’un amer souvenir du mot “service”, ayons le souci de l’accompagner et de porter, tous ensemble, celles et ceux qui font vivre ses valeurs : les soignants. Sinon, un jour, peut-être, l’on se dira j’ai connu un “hôpital public”.
Un jour, peut-être, l’on se dira j’ai connu un “hôpital public”. Un lieu austère, planté dans la ville, autour duquel gravitent, dans un curieux ballet mécanique ininterrompu, des gyrophares bleus et rouges, des sirènes à deux ou trois tons et des ambulances plus sérigraphiées les unes que les autres. Un endroit, quoi qu’on en dise, un peu vieillot, qui pue l’antiseptique et les repas réchauffés. Des fragrances hospitalières se mêlant aux parfums capiteux des personnes âgées du service de gériatrie, qui débarquent par dizaines les veilles de longs weekends et de jours fériés, ou du sans domicile fixe endormi, peinard, sur une chaise écaillée de la salle d’attente des urgences.
Un bâtiment, que dis-je, des bâtiments complexes, sortes de labyrinthes remplis de corridors grisâtres, formant des circonvolutions compliquées où le tout venant croise ce que le corps humain peut produire, de meilleur comme de pire, à peine dissimulé derrière des panneaux de services aux appellations compliquées. Un emplacement où, à tous les étages, l’on peut apercevoir un rayonnage de blouses multicolores un peu élimées. Stéthoscopes, pinces, montres, chariot de ménage et ciseaux à bouts ronds, mélangés dans une marmite bouillonnante afin de proposer une seule et même recette accessible à tous : le soin.
Un espace qui résonne de cris, de pleurs, de rires, de peurs... Une musique ayant pour titre “la relation soignant/soignée” qui résonne de façon semblable quelque soit l’endroit car, ici, une noire vaut une blanche ! Au détour d’un couloir, l’on peut croiser des soignants. Au détour d’un couloir, l’on peut croiser des patients.
Seulement, l’on a oublié de regarder sa façade craquelée au centre de laquelle brille trois vieux néons en forme de “H”. Une sixième lettre de l’alphabet qui lui sied parfaitement de nos jours car c’est celle que l’on aspire, celle que l’on tait.
Certains, ont bien compris cela et se préparent patiemment au grand soir. Celui où la valeur individuelle aura pris le pas sur le bien commun. Celui où il y aura les uns, puis les autres. Celui où la santé s’évaluera en un prix.
Un jour, peut-être, cela existera.
Au détour d’un couloir clinquant, l’on pourra croiser des techniciens du soin. Au détour d’un couloir rutilant, l’on pourra croiser des clients.
L’hôpital public ne sera certainement jamais riche d’argent mais l’on y trouve la plus grande des richesses : l’humanité. Une authenticité soignante ô combien précieuse mais aussi fragile. Un temps de soin qui ne peut être monétisé. Un temps de soin qui ne peut être codifié. Un temps de soin qui n’a aucun intérêt financier. Pourtant, que l’on soit riche ou pauvre, c’est d’abord, et surtout, de cela que l’on a besoin lorsque l’on se fait soigner...
Avant que notre hôpital public ne soit qu’un amer souvenir du mot “service”, ayons le souci de l’accompagner et de porter, tous ensemble, celles et ceux qui font vivre ses valeurs : les soignants. Sinon, un jour, peut-être, l’on se dira j’ai connu un “hôpital public”.
Cet article a été publié le 15 novembre 2019 sur la page facebook Dans le couloir - Pensées d'un étudiant en soins infirmiers. Merci de ce partage.
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