Charline, Hanan et Yassine, trois anciens étudiants de l'institut de formation en soins infirmiers (IFSI) de Remiremont, ont effectué leur stage pré-professionnel dans le cadre d'une mission humanitaire au Cambodge. Diplômés depuis juillet 2015, ils livrent le récit de ce voyage et encouragent les étudiants en soins infirmiers à partir à l'étranger afin de vivre, comme eux, une expérience humaine et inédite. Témoignage.
C’est dans le cadre de nos études à l’institut de formation en soins infirmiers (IFSI) de Remiremont que nous avons choisi tous les trois de partir en mission humanitaire pour notre dernier stage. Pendant plus d’un an, nous avons construit notre projet, récolté des fonds et organisé notre séjour, avec l’aide de nos formatrices. Cette initiative personnelle a pris forme grâce à l’Association Mission Stage (AMS) et a commencé à se concrétiser avec la création de notre propre association « Chyr Cambodge » (Charline, Hanan et Yassine de Remiremont). Ce stage pré-professionnel s’est donc déroulé du 4 mai au 16 juin 2015 au Khmer Soviet Friendship Hospital de Phnom-Penh.
Financer le voyage et séjour : un objectif atteint grâce au soutien de beaucoup
La collecte de fonds nous a demandé un travail important. Nous avions estimé nos besoins à 8 000 euros. Sans cette somme, il n’y avait pas de départ possible. Par des actions diverses et en démarchant politiques et associations, nous avons réussi à constituer notre budget. Trois principales sources financières nous ont permis d'atteindre notre objectif :
- des fonds publics provenant de subventions municipales, sur proposition de Hervé Feron et Michel Demange respectivement maires de Tomblaine (54) et St Etienne-les-Remiremont (88), mais également de la réserve parlementaire de M. Feron, député de Meurthe-et-Moselle ;
- des fonds associatifs issus du Rotary Club de Remiremont, des Lions Club de Remiremont et d'Oxygène Médical, une association vosgienne à but humanitaire ;
- et des actions individuelles : vente de stylos dans un centre commercial et organisation de cours de Zumba à Tomblaine avec le professeur Maeva Gonzalez, vente de pâtisseries « maison » à l’IFSI, soirées punch organisées dans deux bars de Nancy, « La Locomotive » à Remiremont et « Les Artistes ».
Grâce à ces soutiens et à nos efforts, nous avons pu partir et vivre une expérience très formatrice.
En plus du climat qui favorise le développement des bactéries, les conditions d’hygiène rudimentaires et le manque de moyens matériels sont les principaux responsables de la situation sanitaire au Cambodge.
Un climat propice aux infections
Nous avons été attachés au service de chirurgie abdominale et thoracique de l’hôpital. Encadrés par le personnel soignant, nous communiquions en anglais la plupart du temps, mais aussi en français. Même si son usage a tendance à se perdre, certains dossiers sont encore rédigés en français.
Du fait du climat, les conditions de travail étaient difficiles et dures. La température se situait entre 35 et 40°C, voire plus. De surcroît, cette période marquait le début de la mousson. L’humidité accentuait la sensation de chaleur étouffante. Chaque geste était fatiguant et nous transpirions en permanence. Des actes nous ont été confiés :
- la préparation des compresses (pliage, découpage, stérilisation) ;
- la réfection quotidienne des pansements des patients ;
- l’administration d’antibiotiques et antalgiques par injection (IM ou IV) ;
Nous avons remarqué très rapidement que les infections étaient nombreuses. En plus du climat, qui favorise le développement des bactéries, les conditions d’hygiène rudimentaires et le manque de moyens matériels (pas d’usage unique, tout est réutilisé) sont les principaux responsables de la situation sanitaire au Cambodge.
Assez rapidement, nous avons aussi eu la chance de pouvoir assister à des opérations chirurgicales. Les chirurgiens parlaient souvent français et nous expliquaient leurs interventions.
Nous avons également dispensé des cours de français aux soignants, environ deux fois par semaine.
Comme les activités à l’hôpital ne suffisaient pas toujours (nous ne travaillions que le matin), nous avons complété notre emploi du temps au Cambodian Health Committee (CHC). Le CHC s’occupe des populations les plus défavorisées qui ne peuvent pas se déplacer ou qui n’ont pas les moyens d’être soignées. Nous avons accompagné un infirmier cambodgien qui visite et suit des patients atteints de la tuberculose. Du fait, notamment, du fort risque d’infection, ces malades ne sont pas hospitalisés mais tenus en isolement à domicile.
Toujours en dehors des activités à l’hôpital, nous avons pris des initiatives individuelles. Nous avons assisté un médecin de l’ONG « Pour un sourire d’enfant », en administrant des thérapeutiques aux familles pauvres et en distribuant du lait en poudre avec une nourrice. Nous avons fait don de fournitures scolaires de première nécessité (stylos, crayons, cahiers,…), fournies par l’école primaire Saint Dominique de Nancy, aux enfants handicapés moteurs et psychiques suivis par l’ONG.
A Battambang, importante ville de province située à 300 km au nord-ouest de Phnom-Penh, nous avons travaillé sur les mêmes champs, mais avec l’association Koma Regree. En plus des dons de fournitures scolaires de première nécessité faits aux enfants suivis par l’association, nous avons formés ces derniers, âgés de 5 à 15 ans, au lavage des dents. Cette formation, réalisée dans une salle de cours à l'aide d'un dentier, fut théorique et démonstrative.
Nous conseillons aux étudiants infirmiers de réaliser comme nous un stage à l'étranger afin de découvrir d’autres cultures et systèmes de soins.
Réaliser un stage infirmier dans l'humanitaire : une opportunité à ne pas rater
Aujourd’hui diplômés depuis le 22 juillet 2015, nous espérons mettre à profit notre expérience dans notre quotidien infirmier. Ce stage nous a donné une plus grande ouverture d’esprit. Notre regard sur la prise en charge de la douleur et l’utilisation du matériel a évolué. En partant au Cambodge, nous nous sommes rendu compte que les soins en France étaient de très bonne qualité. Cependant, dans un contexte économique difficile, nous veillerons à la bonne utilisation du matériel. En effet, les cambodgiens réalisent leurs soins avec peu de moyens et nous pensons qu’il est possible de réduire notre consommation tout en assurant une hygiène conforme.
Nous conseillons aux étudiants infirmiers de réaliser un stage à l'étranger afin de découvrir d’autres cultures et systèmes de soins. Ils en reviendront avec une expérience unique, de nombreux bons souvenirs et une toute autre vision de la pratique du soin.
Grâce aux différents soutiens et à nos efforts, nous avons pu partir et vivre une expérience très formatrice.
Charline, Hanan et Yassine Infirmiers diplômés d’État de Remiremont Facebook de l'association Chyr Cambodge
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